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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du samedi 6 juin 2015

 

 

TURQUIE - Elections législatives demain. Un scrutin sous haute tension. La Turquie vote demain pou élire un nouveau Parlement. Violences parfois mortelles, invectives entre chefs de partis, la campagne a été très tendue. Le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan compte sur une large victoire de son parti, au pouvoir depuis 12 ans.

 

 

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"Qu'est-ce que vous prenez en photo ?" Dans cette ruelle en pente d'Ankara, le petit bureau du HDP est bien gardé. Deux voitures de police sont stationnées de part et d'autre. Les agents descendent pour questionner quiconque s'attarde sous les fanions multicolores que le parti pro-kurde a déployés.

 

 

Le précaution est de mise : le HDP a été la cible d'attaques violentes ces dernières semaines. "On constate un grand nombre d'attaques contre des locaux de partis et des agressions physiques sur des candidats", notait hier un membre de la délégation conjointe du Conseil de l'Europe et de l'OSCE, dont quelque 130 membres sont réunis à Ankara depuis hier.

 

 

"Mon parti a été pris pour cible 112 fois, 60 fois il y a eu des explosions, il y a eu des morts, des blessés", disait hier aux observateurs SIRRI Sürreya Onder, membre éminent du HDP et candidat à Ankara.

 

 

 

Le parti d'Erdogan forcé à travailler en coalition ?

 

C'est peu de le dire, l'ambiance en Turquie est électrique. Et la tension n'a eu de cesse de monter ces derniers jours. Recep Tayyip Erdogan, Premier ministre pendant 11 ans et président du pays (titre uniquement honorifique) depuis l'été dernier a placé un enjeu important dans la balance électorale. Il tient à ce que son parti, l'AKP, obtienne une majorité des deux tiers à la Grande Assemblée nationale, dont les 550 sièges sont renouvelables demain.

 

 

Avec cette forte représentation, l'AKP pourra modifier la Constitution, sans avoir à passer par un référendum. Ainsi le parti islamo-conservateur pourrait faire de la Turquie un régime présidentiel et non plus parlementaire. Crédité d'environ 40 % dans les derniers sondage, l'AKP devrait en fait être forcé à travailler en coalition, scénario qu'il n'a pas connu depuis son arrivée au pouvoir en 2002. C'est là que le HDP gêne : s'il passe la barre des 10 % des voix, il entrera à la Grande assemblée, prenant des sièges au parti d'Erdogan.

 

 

 

"Polarisation"

 

"Les violences sont dues au fait que le président de la République cible personnellement les partis politiques dans ses discours. C'est très grave qu'il nous désigne comme cibles, ça alimente une polarisation de plus en plus problématique", expliquait hier un responsable du CHP (sociaux-démocrates, prêts à monter une coalition avec le HDP).

 

 

"Polarisation", le mot ici est partout. La vie politique turque, extrêmement idéologique, s'enflamme rapidement, quel que soit le bord politique.

 

 

Les partis d'opposition déclarent craindre des irrégularités dans le scrutin de demain, craintes que les observateurs internationaux, soumis à un devoir de réserve préélectoral, refusent de commenter.

 

 

Un précédent scrutin avait été perturbé par... une panne géante d'électricité comme la Turquie en a le secret (la dernière du genre date d'il y a deux mois). Et certains candidats avouent craindre un scénario similaire demain. La haute tension, parfois ça fait tout sauter.

 

 

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L'Europe, si loin si proche

 

Le désamour semble être consommé : le projet d'adhésion à l'Union européenne dans la campagne turque, on n'en entend pas parler. Officiellement lancées en 2005, les négociations d'adhésion à l'Union s'inscrivent dans un processus qui remonte aux années soixante. Depuis l'ouverture officielle, la question de l'adhésion turque a été instrumentalisée au sein des Etats membres de l'UE, certains leaders politiques utilisant la question pour montrer leur opposition à l'islam. Si la Turquie semble ne plus compter sur l'UE, sa relation avec le Conseil de l'Europe, en revanche, reste étroite. Membre de l'institution paneuropéenne (47 Etats membres) depuis ses débuts en 1949, elle s'y sent à sa place. Et Ankara demande même à devenir "grand contributeur" au budget du Conseil pour le prochain exercice.

 



07/06/2015
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