www.l-air-du-temps-de-chantal.com

L'AIR DU TEMPS

Conflit Amérique/Iran (2019)


Franceinfo - le lundi 13 janvier 2020

 

 

Conflit entre l'Iran et les Etats-Unis : le roi de Jordanie s'inquiète d'une "résurgence" du groupe Etat islamique en Syrie et en Irak

 

avatar
franceinfo avec AFPFrance Télévisions

 

 

Abdallah II a répondu aux questions de France 24 avant sa visite à Paris et à Bruxelles

 

 

20758311

 

Le roi de Jordanie Abdallah II, le 3 octobre 2019, à Sotchi (Russie).  (SERGEY GUNEEV / AFP)

 

 

 

Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) pourrait profiter du conflit entre l'Iran et les Etats-Unis pour reconquérir des territoires. C'est ce que craint le roi de Jordanie Abdallah II. "Ce qui m'inquiète le plus, c'est la résurgence et la montée en puissance de l'EI au cours de l'année, pas seulement dans le sud-est syrien mais aussi dans l'ouest de l'Irak", a-t-il affirmé, lundi 13 janvier, lors d'un entretien à France 24

 

 

Cela va devenir un problème pour Bagdad, et nous devons être là pour aider les Irakiens à gérer cette menace pour nous tous, pas seulement pour la région mais aussi pour l'Europe et le monde entier.Abdallah IIà France 24

 

 

Le roi de Jordanie est attendu ces prochains jours à Bruxelles, Strasbourg et Paris. Pendant cette visite, le souverain jordanien compte aborder avec ses partenaires européens la meilleure façon de calmer le jeu dans la région, en proie à des tensions entre Téhéran et Washington.

 

 

"Ce qui se passera à Téhéran aura des conséquences pour Bagdad, Amman, Beyrouth, et pour le processus de paix israélo-palestinien", fait-il valoir, en espérant que "dans les prochains mois, nous pourrons trouver le ton juste pour la région, afin de faire baisser la température".

 


13/01/2020
0 Poster un commentaire

Franceinfo - le samedi 11 janvier 2020

 

 

L'Iran admet avoir abattu par "erreur" le Boeing 737 d'Ukraine Airlines, le Canada demande une "enquête approfondie"

 

avatar

Benoît JourdainFrance Télévisions
 

 

 

Téhéran avait jusqu'à présent nié que l'avion de ligne ukrainien avait été frappé par l'un de ses missiles, comme l'affirmaient le Canada et les Etats-Unis

 

 

20750197

 

Les débris de l'avion de ligne ukrainien qui s'est écrasé avec 176 personne à bord, le 8 janvier 2020 près de Téhéran (Iran). (AFP)

 

 

 

CE QU'IL FAUT SAVOIR

 

 

Un aveu lourd de conséquences. Le régime iranien a admis samedi 11 janvier avoir abattu accidentellement le Boeing 737 d'Ukraine Airlines qui s'est écrasé mercredi peu après son décollage de Téhéran avec 176 personnes à son bord (des Irano-Canadiens, mais aussi des Afghans, des Britanniques, des Suédois et des Ukrainiens). Un drame survenu dans un climat de tensions provoqué par l'assassinat du général iranien Qassem Soleimani par un drone américain à Bagdad et exacerbé par les frappes iraniennes sur des bases américaines en Irak en représailles. 

 

 

 

Les militaires iraniens dessinent un scénario. L'état-major des forces armées iraniennes ont expliqué que l'appareil avait été pris pour un "avion hostile" et qu'il avait semblé se rapprocher "d'un centre militaire sensible" des Gardiens de la Révolution. Le Boeing a alors été "touché" à la suite d'une "erreur humaine" et "de manière non intentionnelle""Le responsable" va être traduit "immédiatement" en justice.

 



Le président iranien confirme les faits. Hassan Rohani a confirmé que "l'enquête interne des forces armées [avait] conclu que de manière regrettable des missiles lancés par erreur [avaient] provoqué l'écrasement". Le chef de l'Etat a assuré que son pays regrettait "profondément" cette "erreur impardonnable" à l'origine de cette "grande tragédie".

 



Le chef de la diplomatie iranienne accuse les Etats-Unis. Le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif a certes exprimé "regrets, excuses et condoléances", mais il a surtout souligné que Washington n'était pas étranger à ce drame. Selon lui, il s'agit d'une "erreur humaine en des temps de crise causée par l'aventurisme américain a mené au déastre". 

 

 

 

Un revirement spectaculaire.  Téhéran avait jusqu'alors catégoriquement nié la thèse, privilégiée par plusieurs pays, notamment le Canada, selon laquelle l'avion ukrainien aurait été touché par un missile.

 



Le Canada demande une enquête approfondie. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a réclamé de la "transparence" afin qu'une "enquête complète et approfondie" soit menée et établisse les responsabilités.

 



L'Ukraine exige une punition et des compensations. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exigé la punition des coupables et le versement de compensations de la part de l'Iran.

 


11/01/2020
0 Poster un commentaire

Franceinfo - le vendredi 10 janvier 2020

 

 

Pourquoi le conflit entre l'Iran et les Etats-Unis risque de favoriser la résurgence du groupe Etat islamique

 

 

avatar
Kocila MakdecheFrance Télévisions

 

 

 

Certains observateurs craignent que les jihadistes de l'EI, contraints à la clandestinité depuis mars 2019, ne profitent de la situation tendue au Moyen-Orient pour regagner en influence

 

 

20733767

 

Un soldat irakien devant un drapeau du groupe Etat islamique, le 21 janvier 2017, au nord de Mossoul (Irak).  (KHALID AL MOUSILY / REUTERS)

 

 

 

Le groupe terroriste Etat islamique peut-il tirer profit du conflit entre deux de ses principaux ennemis, les Etats-Unis et l'Iran ? Après l'assassinat du général Qassem Soleimani et la riposte de Téhéran contre des positions militaires américaines en Irak, le monde entier retient son souffle. Paris et Londres, tous deux alliés des Etats-Unis au sein de la coalition internationale antijihadiste, multiplient les appels à la "désescalade". 

 

 

"Le cycle de violences doit s'interrompre", a sommé Jean-Yves Le Drian, mercredi 8 janvier. Le ministre de la Défense est aligné sur la position de son homologue britannique, Dominic Raab, pour qui "une guerre au Moyen-Orient ne profiterait qu'à Daech et à d'autres groupes terroristes". Risque de désengagement international, accroissement des tensions entre communautés… Franceinfo vous explique pourquoi l'Etat islamique pourrait sortir grandi de ce conflit entre l'Iran et les Etats-Unis.

 

 

 

Parce que le conflit suspend les opérations de la coalition internationale

Depuis 2014, des milliers de soldats étrangers sont déployés dans des bases irakiennes au titre de la lutte contre le groupe Etat islamique qui, à l'époque, venait de prendre le contrôle d'un tiers de l'Irak. Cette coalition a deux missions principales : former les soldats irakiens qui se battent sur le terrain contre les jihadistes et leur fournir un appui aérien. Au total, 76 Etats y participent. Dans les faits, elle est largement menée par les Etats-Unis avec 5 200 soldats. C'est bien plus que les contingents italien (600 soldats), canadien (500 soldats), britannique (400) et français (200), auxquels s'ajoutent des milliers de sous-traitants civils.

 

 

Cette coalition, qui a infligé des défaites successives aux jihadistes jusqu'à la dissolution du califat en mars 2019, a annoncé le gel de ses opérations le 5 janvier. "Cette décision va offrir de l'oxygène aux jihadistes, prévient Wassim Nasr, journaliste à France 24 et auteur de Etat islamique, le fait accompli (Plon, 2016). L'Etat islamique est toujours présent dans de nombreuses zones rurales en Syrie et en Irak où il mène des attaques quotidiennement, même si celles-ci ne sont pas de grande ampleur, car les drones américains perturbent énormément ses actions."

 

 

Avec le gel des opérations, les jihadistes vont pouvoir s'organiser et mener des attaques plus sophistiquées. Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistesà franceinfo

 

 

Officiellement, la coalition anti-Etat islamique "suspend" seulement ses opérations et est désormais "totalement dédiée à protéger les bases irakiennes" qui accueillent ses troupes. Mais la riposte iranienne, qui a justement visé les deux principales bases militaires occupées par la coalition en Irak, risque de changer la donne. Et laisse planer le spectre d'un désengagement international. Quelques heures avant les frappes, l'Otan avait d'ailleurs annoncé le retrait d'une partie de ses troupes du territoire irakien, tout comme l'Allemagne et le Canada, qui ont transféré leurs soldats vers la Jordanie et le Koweït voisins.

 

 

 

Parce que les Etats-Unis laissent planer le doute sur un désengagement

Depuis l'assassinat de Qassem Soleimani, Téhéran et tous ses alliés paramilitaires dans la région ne cessent de réclamer le départ de l'armée américaine. Le Premier ministre démissionnaire irakien, Adel Abdel Mahdi, récemment chassé du pouvoir par les manifestants qui le considèrent comme inféodé à Téhéran, a même demandé officiellement à l'ambassadeur américain Matthew Tueller de quitter le pays. Une requête rejetée par Donald Trump, mardi 7 janvier : "A un moment donné, nous partirons (…), mais ce moment n'est pas venu", a-t-il affirmé.

 

 

La veille, pourtant, les autorités américaines avaient transmis à leurs homologues irakiens une lettre annonçant des préparatifs en vue du retrait de leurs soldats. Dès la révélation du courrier par la presse, le secrétaire américain à la Défense, Mark Esper, a nié tout projet de désengagement, rapidement suivi par le chef d'état-major, qui a expliqué que le texte était un "projet non signé" transmis par "erreur". "Ce n'est pas une lettre qui est tombée de la photocopieuse", s'est énervé Adel Abdel Mahdi, évoquant, de son côté, une missive "signée" et "très claire".

 

 

"Là encore, les Etats-Unis envoient des signaux complètement contradictoires quant à la lutte contre l'Etat islamique, remarque auprès de franceinfo Thierry Coville, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et spécialiste de l'Iran.

 

 

Ce discours illisible des Américains traduit des faiblesses stratégiques importantes qui pèsent sur toute la coalition.Thierry Coville, chercheur à l'Iris à franceinfo

 

 

Car le maintien de la coalition internationale antijihadistes dépend des troupes américaines en Irak. "Depuis le début de l'offensive, ce sont les Américains qui ont tué tous les chefs de l'Etat islamique – Al-Baghdadi, Al-Adnani… – sans exception, note Wassim Nasr. Aujourd'hui, personne n'a les moyens technologiques et militaires pour prendre le relais."

 

 

Emmanuel Macron, l'un des derniers chefs d'Etat occidentaux à avoir encore des relations politiques avec le président iranien Hassan Rohani, a plaidé auprès de ce dernier pour "la présence sur son sol de la coalition internationale, dont l'unique objectif est la lutte contre Daech". La France n'a "pas l'intention" de retirer ses troupes d'Irak, a affirmé une source gouvernementale à l'AFP, mardi 7 janvier. Mais "si les Américains partent, nos troupes ne pourront pas rester", résume pourtant un diplomate européen sous couvert d'anonymat.

 

 

 

Parce que cela risque d'accroître les tensions entre sunnites et chiites

Depuis la Révolution islamique de 1979, l'Iran exerce une importante influence théologique et politique sur les pays frontaliers en soutenant militairement des organisations paramilitaires : le Hezbollah au Liban, le Jihad islamique palestinien en Cisjordanie et de nombreuses factions en Irak. A travers le Moyen-Orient, l'assassinat du général Soleimani a provoqué l'ire de ces groupes armés, plus que jamais unis derrière Téhéran.

 

 

"Nous allons regrouper les factions de la résistance en une seule entité pour réagir face à Washington. (…) Nous sommes en contact avec le Hezbollah et l'Iran", a affirmé Nasser al-Chemmari, numéro 2 de Noujaba, une composante de la coalition paramilitaire chiite Hachd al-Chaabi, née en réponse à la prise de Mossoul par l'Etat islamique en 2014.

 

 

Dimanche, les députés chiites irakiens ont voté, le poing levé, une résolution réclamant le retrait des troupes américaines. La plupart des élus kurdes et sunnites ont boycotté la séance, note la chaîne qatarienne Al Jazeera (en anglais).

 

 

Beaucoup de sunnites voient dans la présence américaine en Irak une protection face à un pouvoir complètement inféodé à l'Iran. Thierry Coville, chercheur à franceinfo

 

 

Dans ce jeu d'échecs, certains observateurs craignent que les sunnites d'Irak ne soient les grands perdants. Cela pourrait redonner du souffle à la rhétorique du groupe Etat islamique, qui s'est présenté comme le principal défenseur de cette communauté mise au ban du pouvoir depuis la chute de Saddam Hussein et le départ des troupes américaines en 2011. "Il est encore trop tôt pour envisager de tels scénarios, tempère le journaliste Wassim Nasr. En Irak, des centaines de milliers de sunnites vivent déjà dans des conditions désastreuses, sans perspectives économiques. Des familles ayant vécu sous l'Etat islamique sont depuis parquées dans des camps, sans papiers d'identité, sans que les enfants puissent aller à l'école. Ils n'ont pas beaucoup à perdre…"

 

 

Mais la mort du général Soleimani pourrait aussi insuffler une nouvelle dynamique de dialogue entre responsables chiites et sunnites. "En Syrie et en Irak, il a infligé de sévères défaites aux camps sunnites. Beaucoup de responsables sunnites, qui refusaient systématiquement de traiter avec lui, accepteront peut-être de négocier avec son successeur, remarque Wassim Nasr. Ce qui est clair, c'est qu'une page est tournée. Nous verrons si c'est pour le mieux ou pour le pire."

 


10/01/2020
0 Poster un commentaire

Franceinfo - le vendredi 10 janvier 2020

 

 

"On voit bien que ni l'Iran ni les Etats-Unis ne veulent la guerre" : retrouvez les réponses à vos questions du chercheur Thierry Coville

 

 

avatar
franceinfoFrance Télévisions

 

 

 

Franceinfo a reçu Thierry Coville, spécialiste de l'Iran à l'Iris, afin de répondre aux questions des internautes

 

 

20745047

 

Des manifestants se rassemblent devant le Capitole, à Washington (Etats-Unis), le 9 janvier 2020, pour protester contre une guerre avec l'Iran.  (STEFANI REYNOLDS / CONSOLIDATED NEWS PHOTOS / AFP)

 

 

 

Les tensions entre l'Iran et les Etats-Unis restent elevées, une semaine après la mort du puissant général iranien Qassem Soleimani dans une frappe américaine. Mercredi 8 janvier, Téhéran a riposté en frappant deux bases militaires américaines en Irak, sans faire de victimes. Le même jour, un Boeing 737 à destination de Kiev (Ukraine) s'est écrasé peu après son décollage de l'aéroport de Téhéran, tuant 176 personnes, dont de nombreux ressortissants iraniens et canadiens. Mais selon le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, l'appareil a en fait été "abattu" par l'Iran, probablement par erreur. 

 

 

>> Suivez les dernières informations sur le crash d'un Boeing 737 en Iran et les tensions avec les Etats-Unis dans notre direct

 

 

Pour tenter d'y voir plus clair dans ce regain de tensions, franceinfo a organisé un chat avec le chercheur Thierry Coville, spécialiste de l'Iran à l'Iris. Il a répondu à vos questions sur cette crise entre les deux pays. 

 

 

 

@Edouard : Bonjour M. Coville. Comment sont nées les tensions entre les États-Unis et l'Iran ?

 

Thierry Coville : Cela commence en 1953 avec le coup d'Etat de la CIA et l'intelligence service anglais, pour écarter le Premier ministre iranien, Mohamed Mossadegh, qui vient de nationaliser la compagnie pétrolière britannique (actuelle BP). Le ressentiment iranien par rapport à ce coup d'Etat, qui conduit à la mise en place d'une dictature sous l'égide du monarque Mohamed Reza Pahlavi, est une des causes de la Révolution de 1979 et de la prise par l'Iran des otages à l'ambassade américaine.

 

 

 

@Salami28 : Le crash du Boeing est-il un accident de circonstances malheureux ou l'Iran voulait-il délibérément détruire l'appareil ?

 

Il faut rester prudent, mais je pense qu'il est impossible de croire que l'Iran a délibérément abattu cet avion. Il y avait beaucoup de passagers de nationalité iranienne à bord.

 

 

 

@Floorence : Quelles conséquences s'il s'avère que l'avion a bien été abattu par une roquette ? Des représailles ?

 

Dans le cas où c'est une erreur, il faut déjà qu'il y ait une enquête. Les Iraniens ont accepté que des équipes de recherche soient sur place pour vérifier ce qu'il s'est passé. S'il est prouvé que l'Iran a commis une erreur, il faut qu'on ait des explications sur ce qu'il s'est passé, et éventuellement des dédommagements.

 

 

 

@JH : Est-ce que l'affaire du Boeing n'est pas la clé de la sortie de crise ? Si l'Iran a engendré ce dramatique événement, même pas erreur, ne peut-il pas faire que profil bas dans les négociations de paix ?

 

Il faut rester prudent par rapport à ces événements, car on ne sait pas ce qu'il s'est passé pour le moment. Ce qui est important, c'est que l'Iran montre sa volonté de coopérer pour savoir ce qu'il s'est passé. Les tensions demeurent, il est encore trop tôt pour voir en quoi cet événement permettrait de diminuer ces tensions.

 

 

 

@Guy Marble : Pourquoi les autorités iraniennes mentent-elles systématiquement en donnant des bilans de 80 morts après le bombardement des deux bases américaines ? Merci.

 

L'assassinat de Qassem Soleimani a déclenché une immense émotion nationaliste en Iran, qui s'est traduite par ces centaines de milliers d'Iraniens qui ont manifesté lors de son enterrement. Soleimani est un héros national en Iran. Les principaux leaders du régime ont dit qu'il fallait se "venger". Dans ce contexte, on voit aussi que les Iraniens ont opéré une réponse graduée : ils ont attaqué militairement des bases américaines, mais sans, manifestement, vouloir de morts américains. Ce sont surtout les ultras en Iran qui ont annoncé ce chiffre de 80 morts.

 

 

 

@Jonathan : Peut-on avoir un regain de violences (pire que cette semaine) entre les Etats-Unis et l'Iran dans les jours, semaines ou mois à venir ?

 

Tout le monde est soulagé que le pire ait été évité, c'est-à-dire une guerre entre l'Iran et les Etats-Unis. Malheureusement, les conditions qui ont conduit à cette situation demeurent : les Etats-Unis appliquent une politique de "pression maximum" (notamment au travers des sanctions économiques) pour que l'Iran renégocie l'accord sur le nucléaire de 2015, son rôle dans la région et son programme balistique. Or, l'Iran refuse, et veut rester dans le cadre de l'accord de 2015. Les tensions récentes sont dues au fait que l'Iran est de plus en plus rentré dans un rapport de force avec les Etats-Unis, sans vouloir véritablement la guerre.

 

 

 

@Adrien : Quels sont les événements qui ont mené à la mort de Soleimani ? Merci.

 

L'Iran est dans une stratégie où ils essayent de rentrer dans un rapport de force avec les Etats-Unis, pour les forcer à reconsidérer leur politique de "pression maximum". Dans ce contexte, il y a eu une attaque d'une base militaire en Irak par une milice chiite proche de l'Iran et un Américain a été tué. En réponse, les Etats-Unis ont bombardé une base d'une milice chite en Irak et tué 25 combattants.

 

Ensuite, les milices chiites irakiennes ont pénétré dans l'ambassade américaine à Bagdad (le 31 décembre), sans qu'il y ait de victimes. On peut penser que Donald Trump ait considéré dans ce cas qu'il y avait des lignes rouges (dans le cas présent, la mort d'un Américain) à ne pas franchir.

 

 

 

@mimi77 : Pourquoi le président Trump qualifie Qassem Soleimani de terroriste ? Il a pourtant toujours combattu Daech.

 

Du côté iranien, l'émotion suscitée par la mort de Qassem Soleimani est d'abord liée au fait que pour eux, Soleimani est celui qui les a sauvés par rapport à l'Etat islamique en combattant cette entité en Irak et en Syrie. A l'été 2014, l'EI, quand il est rentré en Irak, s'est approché des frontières iraniennes. C'est notamment Soleimani qui a organisé la résistance à l'EI en Irak, alors que les pays occidentaux, à l'époque, n'ont pas bougé. Soleimani est un militaire, on ne peut pas le qualifier de terroriste, même s'il a participé à l'insurrection des milices chiites en Irak après l'invasion américaine en 2003.

 

 

 

@jn02 : Comment se fait-il que les bases américaines aient pu être frappées par des missiles ? Il me semble que les Etats-Unis disposent de systèmes de défense antimissiles performants. N'y aurait-il pas eu un "accord tacite" entre les deux pays pour faire chuter la tension montée très haut ?

 

Je ne suis pas du tout spécialiste des questions militaires, mais d'après ce qu'on sait il y a eu effectivement un avertissement de l'Iran à l'Irak qu'il allait frapper les bases américaines en Irak. A partir de là, on peut penser que l'Irak a pu prévenir les Etats-Unis. On peut parler d'une volonté des deux pays de faire baisser la tension.

 

 

 

@Maxence : Doit-on craindre une 3ème guerre mondiale ?

 

Les tensions sont fortes, pour les raisons qu'on vient d'expliquer. Par contre, on voit bien aussi qu'aucun des deux pays ne veut la guerre.

 

 

Dans ce qu'il vient de se passer, les Iraniens ont attaqué les bases américaines en Irak en prévenant à l'avance les Irakiens, ce qui démontre qu'ils ne voulaient pas de morts américains.Thierry Covilledans le live de franceinfo

 

 

La réponse de Donald Trump, mesurée, montre qu'il a compris que les Iraniens ne voulaient pas la guerre.

 

 

 

@Lili : Pourquoi tout le monde a peur d'une guerre alors que nous savons tous que le rapport de force Etats-Unis / Iran est complètement disproportionné ? (...) Dans le cadre d'une guerre, en deux jours maximum, l'Iran sera défait...

 

On est passé pas loin d'une guerre ces derniers jours. Heureusement que les deux pays ont montré une certaine mesure dans leur réponse.

 

 

 

 

 

 

Ce qui fait peur, c'est que le conflit ne durerait pas deux jours, parce que l'Iran est beaucoup plus grand que l'Irak. Le conflit deviendrait régional. Je pense que ce qui inquiète c'est que tout le Moyen Orient pourrait rentrer dans la guerre et il faudrait gérer les conséquences, comme on l'a vu avec l'Irak, de l'après. Même si on peut penser qu'à la fin les Etats-Unis gagneraient, on pourrait se retrouver avec un Moyen Orient encore plus instable.

 

 

 

@Question : Même si l'Iran est incapable de frapper militairement le territoire américain, est-il possible qu'il organise des attentats ?

 

L'Iran a changé depuis les années 1980, où les Iraniens utilisaient le terrorisme comme arme militaire. Les dirigeants iraniens, par leur attaque contre les bases américaines, ont voulu envoyer comme signal que c'est l'armée iranienne qui attaquait l'armée américaine. Par contre, on ne peut pas écarter la possibilité d'actes terroristes dans le cas d'un conflit total touchant tout le Moyen-Orient.

 

 

 

@Ewenwes : Pourriez-vous m'éclairer sur la suite probable des événements ?

 

Les causes qui ont conduit à ces tensions restent. La seule possibilité que les tensions diminuent véritablement est que les Etats-Unis et l'Iran se parlent directement. Les Iraniens ont dit depuis plusieurs mois qu'ils sont prêts à discuter avec les Américains si les sanctions sont supprimés et qu'ils reviennent dans le cadre de l'accord de 2015. L'assassinat de Soleimani a quand même conduit à une grande colère en Iran, mais il ne faut pas négliger la possibilité d'une discussion.

 

 

 

@Steph85 : Dans le cas où un conflit se déclencherait (je n'ose pas employer le mot guerre) entre l'Iran et les Etats-Unis, quels seraient les alliés de chaque partie ? Merci.

 

Les dirigeants iraniens travaillent depuis des années sur le concept de "guerre asymétrique".

 

Ils savent qu'ils ne font pas le poids sur le plan de l'armée conventionnelle avec les Américains.Thierry Covilledans le live de franceinfo

 

Cela signifie qu'ils ont développé des alliances (Hezbollah au Liban, milices en Irak et en Syrie et Huthis au Yémen) dans la région pour avertir qu'en cas de conflit avec l'Iran, toute la région sera touchée. On peut également penser que la Chine et la Russie soutiennent l'Iran mais ne rentreront pas directement dans un conflit, diplomatiquement.

 

En face, on peut parler d'une alliance Etats-Unis, Israël, Arabie saoudite, Emirats arabes unis. Cependant, ces deux derniers pays ont essayé de rétablir des contacts avec l'Iran ces dernières semaines car ils ont compris qu'ils seraient directement touchés en cas de conflit.

 

 

 

@Laëti : Quelle place occupe la France en tant qu'alliée face aux conflits actuels ? Quels engagements politiques doit-elle ou devra-t-elle défendre ?

 

La France est signataire de l'accord de 2015. Personnellement, je pense que la France et l'Allemagne et le Royaume-Uni auraient du faire plus pour s'opposer aux sanctions américaines qui sont extra-territoriales. Ce sont ces sanctions qui ont conduit aux tensions actuelles. Les Européens devraient plus marquer leurs différences par rapport à la politique iranienne actuelle des Etats-Unis.

 

 

 

@Jérémie : Quel est l'enjeu pour l'Arabie saoudite ?

 

Depuis la chute de Saddam Hussein en 2003, l'Arabie saoudite est rentrée dans un conflit "larvé" contre l'Iran : opposition à l'accord sur le nucléaire de 2015, soutien aux groupes extrémistes sunnites en Syrie. L'Arabie saoudite voit avec une grande inquiétude le développement de l'influence de l'Iran dans toute la région et pense que cette influence doit être stoppée.

 

 

 

@Eric : Quel(s) rôle(s) peut avoir la Russie (et la Chine) dans ce conflit ?

 

Par rapport à l'accord de 2015, la Russie et la Chine vont jouer un rôle clé pour inciter l'Iran à rester dans l'accord. La Chine est le seul pays qui continue d'acheter du pétrole à l'Iran (contrairement aux Européens) et la Russie développe ses échanges économiques et financiers avec l'Iran. Par ailleurs, on sent bien que la Chine et la Russie sont à la fois écoutées en Iran et aux Etats-Unis. Ils pourraient jouer un rôle diplomatique clé dans les prochaines semaines.

 

 

 

@Samy : Pensez-vous que les menaces d'attaque contre Israël faites pas l'Iran sont réalistes ?

 

Depuis la révolution de 1979, la République islamique d'Iran s'est effectivement positionné comme un ennemi d'Israël. Il y a régulièrement des déclarations des ultras en Iran, menaçant de détruire Israël. D'un autre côté, les modérés en Iran ne sont pas sur cette ligne et on voit bien que les dirigeants iraniens savent qu'ils n'ont rien à gagner d'un conflit ouvert avec Israël.

 

 

 

@JBA : Peut-on considérer que l'accord sur le nucléaire iranien est définitivement enterré après les déclarations iraniennes et malgré le fait que plusieurs pays y soient toujours attachés ? 

 

Cet accord existe toujours et, maintenant, seuls les Etats-Unis se sont officiellement écartés. Il est vrai que l'Iran, depuis juin 2019, applique une stratégie nouvelle qu'il qualifie de "less for less", ce qui signifie que, face aux sanctions américaines, il se désengage progressivement de cet accord. Mais ils ont toujours dit que si ces sanctions étaient levées, il reviendrait dans l'accord. Cet accord, c'est le droit international, mais il faut d'abord qu'il soit respecté.

 

 

 

@Acinonyx : Pouvez-vous nous rappeler ce que prévoyait cet accord et pourquoi les Etats-Unis s'en sont écartés ?

 

A travers cet accord, l'Iran donne des garanties que son programme nucléaire ne deviendra pas militaire. L'Agence internationale de l'énergie atomique a été chargée de vérifier que l'Iran tenait ses engagements, ce qu'il faisait. Pourquoi Donald Trump a-t-il décidé de sortir de cet accord, validé par une résolution des Etats-Unis, alors que l'Iran tenait ses engagements ? Plusieurs hypothèses : la volonté de revenir sur l'héritage d'Obama, la volonté d'aller dans le sens du parti républicain américain qui n'a pas oublié l'affaire des otages de 1979 et un lobbying d'Israël, de l'Arabie saoudite qui étaient contre cet accord de 2015.

 

 

 

@youi : Pourquoi tout allait bien entre l'Iran et les USA, lorsque Obama était au pouvoir ? Comment en est-on arrivé à une telle situation ?

 

On ne peut pas dire que tout allait bien, mais Obama et son gouvernement ont fait beaucoup d'efforts pour négocier cet accord sur le nucléaire de 2015. Les tensions actuelles sont malheureusement la suite logique de la décision de Donald Trump de sortir de l'accord en mai 2018, alors que l'Iran respectait cet accord.

 

 

 

@malotru : Concernant l'Iran, dans quelles mesures l'actuelle crise avec les États-Unis renforce la légitimité du pouvoir de la République Islamique quelques années après une importante contestation sociale fortement réprimée ?

 

L'émotion suscitée par l'assassinat de Soleimani a effectivement conduit à un sursaut nationaliste en Iran, qui s'est reflété par ces centaines de milliers de personnes dans les rues, pour l'enterrement du général iranien. Par ailleurs, les différents courants se sont réunifiés derrière la cause nationaliste. Effectivement, on peut penser que le pouvoir iranien est renforcé alors qu'il y avait de fortes contestations à l'intérieur même du pouvoir à la suite des manifestations à la répression qui a conduit à des centaines de morts en novembre 2019.

 

 

 

@Raoul : On parle beaucoup des dirigeants iraniens et américains mais peu du peuple irakien. Je voudrais savoir comment le peuple irakien réagit à ça ?Y -t-il un sentiment d'union nationale ? Ou au contraire ces derniers événements fracturent les Irakiens entre pro-Iran et pro-américains ? 

 

Je suis surtout un spécialiste de l'Iran et pas de l'Irak. Depuis la chute de Saddam Hussein causée par l'invasion américaine en 2003, l'Iran a développé une politique visant à accroître son influence en Irak. Elle bénéficie d'une forte alliance avec les partis politiques chiites (les Chiites représentant la majorité de la population en Irak). L'influence de l'Iran a même été renforcée à travers l'aide qu'elle a apporté pour la lutte contre Daech en Irak.

 

 

Par contre, ces derniers mois, on a vu d'importantes manifestations en Irak, notamment de la part des chiites, pour protester contre l'influence excessive de l'Iran. Or, suite à l'assassinat de Soleimani, les chiites irakiens se sont rassemblés et ces manifestations semblent s'arrêter. Par contre, lors du vote au Parlement irakien concernant le retrait des troupes américaines, les députés sunnites et kurdes n'ont pas participé au vote. Les tensions inter-communautaires semblent s'accroître en Irak.

 

 

 

@Mat : L'Etat islamique va-t-il bénéficier de ce conflit pour reprendre des forces ?

 

On peut d'abord noter que le général Soleimani était un grand artisan de la lutte contre l'EI dans la région. Ensuite, les forces de la coalition chargées de lutter contre l'EI en Irak, ont arrêté leurs opérations suite aux tensions actuelles. Néanmoins, un véritable retour de l'EI impliquerait qu'il y ait une situation de chaos à la suite d'une guerre au Moyen Orient, on en est pas là.

 

 

 

@M : À force d'avoir peur d'une guerre, ne laissons-nous pas un régime dangereux se développer en Iran ?

 

Oui et non. On a en Iran une société civile en pleine modernisation depuis la révolution de 1979. Le taux de fécondité des femmes est passé de 6 à 2 aujourd'hui et les filles représentent la moitié des étudiants dans les universités.

 

Cette société civile veut la démocratie et le changement en allant voter. Tout ce qui ira dans le sens du renforcement de cette société civile peut conduire à une ouverture politique en Iran.Thierry Covilleaux internautes de franceinfo

 

Par contre, on a des groupes "ultras" en Iran, qui ne croient pas à la démocratie. Dans ces groupes ultras, on peut nommer les Pasdarans, un certain nombre de courants politiques qu'on appelle conservateurs extrémistes. Ces groupes contrôlent en Iran les forces de sécurité et la justice. Dans les derniers mois, face aux troubles sociaux qui sont intervenus en Iran, ces groupes privilégient une réponse sécuritaire qui a conduit à la répression sanglante de novembre.

 

 

 

@Thibaud : Quelles seraient les concessions acceptables (ce que les deux parties sont vraiment prêtes à faire, et pas ce que tout le monde espère) pour chaque partie pour une désescalade et revenir au pire sur la situation de l'accord de 2015, au mieux sur une "normalisation" des relations ?

 

Je l'ai déjà dit, les Iraniens ont dit "on est prêt à discuter avec les Etats-Unis si les sanctions sont levées et qu'ils reviennent dans le cadre de l'accord de 2015". Les Iraniens sont aussi prêts à envisager des modifications marginales de cet accord, ce qui permettrait à Donald Trump d'annoncer à ses électeurs qu'il a renégocié cet "accord pourri". Le cadre d'une possible négociation existe, mais dans chaque camp il y a énormément de haine et de méfiance. Il y a également des éléments de politique intérieure qui font que chaque camp veut que cette rencontre puisse être considérée comme une victoire.

 


10/01/2020
0 Poster un commentaire

Franceinfo - le jeudi 9 janvier 2020

 

 

Crash aérien en Iran : le Premier ministre canadien affirme que le Boeing 737 a été abattu par un missile iranien

 

avatar
franceinfo avec AFPFrance Télévisions

 

 

Plus tôt dans la soirée, Donald Trump a exprimé "ses doutes" sur l'origine du crash survenu près de Téhéran mercredi. "J'ai le sentiment que quelque chose de terrible s'est passé", avait-il déclaré, évoquant une possible "erreur"

 

 

20742167

 

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau lors d'une conférence de presse, à Ottawa (Canada), le 8 janvier 2020. (DAVE CHAN / AFP)

 

 

 

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé, jeudi 9 janvier, que plusieurs sources de renseignement, y compris canadiennes, laissent penser que le Boeing 737 qui s'est écrasé mercredi près de Téhéran a été "abattu par un missile iranien sol-air".

 

 

"Nous avons des informations de sources multiples, notamment de nos alliés et de nos propres services" qui "indiquent que l'avion a été abattu par un missile sol-air iranien. Ce n'était peut-être pas intentionnel", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. Comme il l'avait fait la veille, le Premier ministre canadien a estimé que ces derniers développements "renforcent la nécessité d'une enquête approfondie dans cette affaire". "Comme je l'ai dit hier, les Canadiens ont des questions et ils méritent des réponses", a-t-il insisté.

 

 

La catastrophe, qui a entraîné la mort de 176 personnes dont 63 Canadiens, est survenue peu après des tirs de missiles par Téhéran sur des bases utilisées par l'armée américaine en Irak. Ce crash est le plus meurtrier impliquant des Canadiens depuis l'attentat contre un Boeing 747 d'Air India en 1985, dans lequel 268 Canadiens avaient trouvé la mort.

 

 

 

"Cela pourrait avoir été accidentel" 

Sans se montrer aussi explicite, le président américain Donald Trump avait un peu plus tôt exprimé ses "doutes" sur la thèse du problème mécanique. "J'ai le sentiment que quelque chose de terrible s'est passé", avait-il déclaré, évoquant une possible "erreur". Les autorités iraniennes affirment de leur côté que les "rumeurs" selon lesquelles l'avion d'Ukraine Airlines International aurait été abattu par un missile n'ont "aucun sens"

 

 

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a, à son tour, affirmé qu'il existait un "ensemble d'informations" selon lesquelles le Boeing 737 ukrainien a été "abattu par un missile sol-air iranien". "Cela pourrait bien avoir été accidentel", a-t-il déclaré dans un communiqué.

 

 

 

Une cinquantaine d'experts ukrainiens enquêtent à Téhéran

Une cinquantaine d'experts ukrainiens sont arrivés jeudi à Téhéran pour participer à l'enquête et notamment au décryptage des boîtes noires de l'appareil. Une certaine confusion règne sur le sort de ces boites noires, cruciales pour les investigations à venir.

 

 

Kiev examine différentes hypothèses de travail parmi lesquelles un tir de missile antiaérien, l'explosion d'une bombe placée à bord, ou encore une collision avec un drone. Le président Volodymyr Zelensky a décrété jeudi une journée de deuil national, promettant d'établir la vérité sur ce drame. L'Ukraine a par ailleurs demandé un "soutien inconditionnel" de l'ONU à ses experts afin que l'enquête puisse aboutir.

 


10/01/2020
0 Poster un commentaire

Franceinfo - le mercredi 8 janvier 2020

 

 

Donald Trump assure que les missiles iraniens n'ont fait aucune victime américaine, et se félicite que "l'Iran semble reculer"

 

 

avatar
franceinfoFrance Télévisions

 

 

 

L'Iran a assuré que les missiles qui ont frappé deux bases abritant des soldats américains en Irak, dans la nuit de mardi à mercredi, seraient sa seule riposte à la frappe américaine qui a tué le général Qassem Soleimani

 

 

 

Ce qu'il faut savoir

 

 

Téhéran, qui avait promis des représailles après l'assassinat du général Qassem Soleimani, s'est exécuté dans la nuit du mardi 7 au mercredi 8 janvier, en tirant 22 missiles sur deux bases irakiennes abritant des soldats américains. Mais "aucun Américain n'a été blessé" par ces attaques, a assuré Donald Trump mercredi, notant que "l'Iran semble reculer, ce qui est une excellente chose". Il a annoncé de nouvelles sanctions économiques immédiates contre la République islamique, mais a conclu sont intervention sur une note d'apaisement : "Nous voulons la paix".

 

 

L'Iran aussi se félicite. "Il a été clairement prouvé que nous ne battons pas en retraite devant l'Amérique", s'était réjoui le président iranien Hassan Rohani un peu plus tôt. Si l'Amérique "veut commettre un autre crime, elle doit savoir qu'elle recevra une réponse plus ferme" encore, a-t-il poursuivi en conseil des ministres, "mais s'ils sont sages, ils ne feront rien de plus à ce stade".

 

 

L'Irak ne veut pas devenir un "champ de bataille". Le président du pays, Barham Saleh, a "dénoncé" les tirs qui se sont déroulés sur son sol, disant refuser "que l'Irak ne soit transformé en champ de bataille pour des parties en conflit". La mission de l'ONU dans ce pays (l'Unami) est allée dans le même sens, estimant que "l'Irak ne doit pas payer le prix de rivalités extérieures".

 

 

Des raids revendiqués par Téhéran. Mohammad Javad Zarif, chef de la diplomatie iranienne, a affirmé que son pays avait mené et "terminé" dans la nuit des représailles "proportionnées". "Nous ne cherchons pas l'escalade ou la guerre", a-t-il insisté. Ces tirs de missiles font cependant redouter une escalade régionale ou un conflit ouvert, même si les dirigeants américains et iraniens ont rapidement semblé vouloir calmer le jeu.

 

 

L'Iran parle de victimes, des sources diplomatiques américaines démentent. Les tirs menés par l'Iran contre des bases américaines en Irak auraient fait 80 morts, affirme la télévision publique iranienne. Mais selon les informations du correspondant de France Télévisions à Washington, cette annonce a été immédiatement démentie. L'armée irakienne a affirmé qu'aucun soldat irakien n'avait été touché. L'état-major des armées françaises, qui comptent 200 soldats en Irak, aussi assuré à franceinfo qu'"aucun militaire français n'a été touché".

 

 

Une déclaration de Donald Trump attendue. Dans un tweet au ton particulièrement léger, le président américain, Donald Trump, a indiqué qu'il ferait une déclaration mercredi matin et laissé entendre que le bilan n'était pas très lourd. "L'évaluation des dégâts et des victimes est en cours. Jusqu'ici, tout va bien !", a-t-il lancé. La Maison Blanche a confirmé qu'il s'exprimerait à 17h, heure française.

 

 

Air France suspend "tout survol des espaces aériens iranien et irakien". "Par mesure de précaution et dès l'annonce de frappes aériennes en cours, Air France a décidé de suspendre jusqu'à nouvel ordre tout survol des espaces aériens iranien et irakien", a indiqué un porte-parole de la compagnie aérienne, contacté par l'AFP. En Allemagne, Lufthansa a de son côté annoncé avoir annulé son vol quotidien à destination de Téhéran. L'agence fédérale de l'aviation américaine (FAA) a interdit, dès mardi soir, aux avions civils américains le survol de l'Irak, de l'Iran et du Golfe, dans la foulée des attaques.

 


10/01/2020
0 Poster un commentaire

Franceinfo - le mercredi 8 janvier 2020

 

 

Crash d'un Boeing ukrainien en Iran : 82 Iraniens et 63 Canadiens parmi les 176 personnes qui étaient à bord de l'avion

 

avatar
franceinfoFrance Télévisions
 

 

 

Le Boeing 737 de la compagnie Ukraine International Airlines (UIA) s'est écrasé peu après son décollage de Téhéran, avec 176 personnes à son bord. Il n'y a aucun survivant

 

 

20729717

 

Des débris du Boeing 737 de la compagnie Ukraine International Airlines qui s'est écrasé le 8 janvier 2020 peu après le décollage à Téhéran (Iran). (FATEMEH BAHRAMI / ANADOLU AGENCY / AFP)

 

 

 

Ce qu'il faut savoir

 

 

"Tous les passagers et l'équipage" du Boeing 737 de la compagnie Ukraine International Airlines (UIA) qui s'est écrasé, mercredi 8 janvier, peu après son décollage de Téhéran (Iran) "sont morts", a annoncé le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Sur sa page Facebook, il regrette une "terrible nouvelle" et présente ses "sincères condoléances aux proches et familles de tous les passagers et membres d'équipage". Kiev a fait savoir en milieu de matinée que la majorité des passagers à bord étaient non-ukrainiens, puis le chef de la diplomatie ukrainienne, Vadym Prystaïko, a précisé que 82 Iraniens et 63 Canadiens étaient à bord. Onze Ukrainiens (deux passagers et neuf membres de l'équipage), dix Suédois, quatre Afghans, trois Allemands et trois Britanniques s'y trouvaient également, a-t-il indiqué. 

 

 

Zelensky appelle à la prudence. "Je demande vraiment à tout le monde de s'abstenir de toute spéculation et versions non vérifiées sur la catastrophe", a par ailleurs écrit Volodymyr Zelensky. L'ambassade d'Ukraine en Iran a déclaré que "la thèse d'un attentat terroriste est pour le moment exclue", évoquant "une panne d'un moteur de l'appareil due à des raisons techniques". Néanmoins, la compagnie aérienne a fait savoir que l'avion ukrainien avait passé son contrôle technique il y a deux jours.

 

 

Des circonstances du crash qui restent floues. Le crash a vraisemblablement été causé par "des difficultés techniques", a indiqué PressTV, la télévision iranienne en langue anglaise, tôt mercredi matin. "L'avion a pris feu après s'être écrasé", a affirmé cette télévision. La télévision d'Etat iranienne a montré des images du site du crash sur lesquelles on voit des équipes de secouristes du Croissant-Rouge iranien fouiller un terrain vague sur lequel des débris sont éparpillés.

 

 

La chute de l'appareil survient après des tirs de missiles. Dans la nuit de mardi à mercredi, l'Iran a lancé des roquettes sur des bases en Irak utilisées par des militaires américains, pour venger la mort du général iranien Qassem Soleimani. A la suite des tirs de missiles iraniens, l'administration fédérale américaine de l'aviation, la FAA, a annoncé qu'elle suspendait les vols des compagnies enregistrées aux Etats-Unis au-dessus de l'Irak, de l'Iran et du Golfe persique.

 


08/01/2020
0 Poster un commentaire

Franceinfo - le mercredi 8 janvier 2020

 

 

Iran : les tirs de missile sont une "gifle au visage" des Américains, déclare l'ayatollah Khamenei

 

avatar
franceinfoFrance Télévisions

 

 

Les Gardiens de la Révolution disent avoir frappé les bases d'Al-Assad et d'Erbil, dans la nuit de mardi à mercredi, pour venger la mort du général Qassem Soleimani, dont les funérailles avaient eu lieu quelques heures plus tôt

 

 

20730389

 

Le guide suprême de la République islamique d'Iran, Ali Khamenei, le 8 janvier 2020 à Téhéran (Iran). (IRANIAN SUPREME LEADER PRESS OFF / ANADOLU AGENCY / AFP)

 

 

 

Ce qu'il faut savoir

 

 

Téhéran avait promis des représailles après l'assassinat du général Qassem Soleimani, laissant craindre une escalade dans la région et un conflit armé avec les Etats-Unis. C'est chose faite : dans la nuit du mardi 7 au mercredi 8 janvier, l'Iran a mené des frappes contre des bases en Irak abritant des forces américaines. Selon le Pentagone, une douzaine de missiles ont été lancés depuis l'Iran contre les bases d'Al-Assad et d'Erbil. "Aucun militaire français déployé en Irak n'a été touché par les frappes déclenchées cette nuit", précise à franceinfo l'état-major des armées françaises mercredi matin. L'armée française compte 200 soldats sur place.

 

 

Le commandement militaire irakien fait, de son côté, état de vingt-deux de missiles tirés sur son sol, sans faire de "victime parmi les forces irakiennes""Entre 1h45 et 2h15 (23h45 et 0h15 en France), l'Irak a été bombardé par 22 missiles – dix-sept sur la base aérienne d'Aïn al-Assad (...) et cinq sur la ville d'Erbil – qui ont tous touché des installations de la coalition" antijihadistes menée par les Etats-Unis. Aucun soldat irakien n'a été touché, selon l'armée irakienne.

 

 

Une "gifle au visage" des Américains. Le guide suprême de la République islamique d'Iran a affirmé mercredi que les tirs nocturnes de missiles iraniens sur des bases abritant des soldats américains en Irak sont "une gifle au visage" des Etats-Unis. Le N°1 iranien avait appelé à venger la mort du puissant général iranien Qassem Soleimani, assassiné le 3 janvier, avec l'homme de l'Iran à Bagdad et huit autres personnes, par une frappe de drone américain dans la capitale irakienne.

 

 

L'Iran parle de victimes, des sources diplomatiques américaines démentent. Les tirs menés par l'Iran contre des bases américaines en Irak auraient fait 80 morts, affirme la télévision publique iranienne. Mais selon les informations du correspondant de France Télévisions à Washington, cette annonce a été immédiatement démentie. Londres, pour sa part, condamne les attaques sur les bases de la coalition en Irak et évoque des blessés. Berlin aussi a condamné "le plus fermement" les tirs de missiles iraniens.

 

 

Des raids revendiqués par Téhéran. De son côté, Mohammad Javad Zarif, chef de la diplomatie iranienne, a affirmé que son pays avait mené et "terminé" dans la nuit des représailles "proportionnées". "Nous ne cherchons pas l'escalade ou la guerre", a-t-il insisté. Ces tirs de missiles font cependant redouter une escalade régionale ou un conflit ouvert, même si les dirigeants américains et iraniens ont rapidement semblé vouloir calmer le jeu.

 

 

Une déclaration de Donald Trump mercredi matin. Dans un tweet au ton particulièrement léger, le président américain, Donald Trump, a indiqué qu'il ferait une déclaration mercredi matin et laissé entendre que le bilan n'était pas très lourd. "L'évaluation des dégâts et des victimes est en cours. Jusqu'ici, tout va bien !", a-t-il lancé.

 

 

Air France suspend "tout survol des espaces aériens iranien et irakien". "Par mesure de précaution et dès l'annonce de frappes aériennes en cours, Air France a décidé de suspendre jusqu'à nouvel ordre tout survol des espaces aériens iranien et irakien", a indiqué un porte-parole de la compagnie aérienne, contacté par l'AFP. En Allemagne, Lufthansa a de son côté annoncé avoir annulé son vol quotidien à destination de Téhéran. L'agence fédérale de l'aviation américaine (FAA) a interdit dès mardi soir aux avions civils américains le survol de l'Irak, de l'Iran et du Golfe, dans la foulée des attaques.

 


08/01/2020
0 Poster un commentaire

Franceinfo - le mardi 7 janvier 2020

 

 

Iran : "plus de 50 morts" après la bousculade survenue lors des funérailles de Soleimani

 

avatar
franceinfoFrance Télévisions

 

 

Cette déclaration intervient quatre jours après la mort du général Qassem Soleimani dans une frappe américaine. L'accord sur le nucléaire "n'est pas encore mort", assure pour autant un ministre iranien

 

 

20724869

 

La foule compacte à Kerman (Iran), autour du véhicule transportant le cercueil du général Soleimani, le 7 janvier 2020. (ATTA KENARE / AFP)

 

 

 

Ce qu'il faut savoir

 

 

Quatre jours après la mort du général iranien Qassem Soleimani, tué vendredi par une frappe de drone américaine en Irak, l'Iran continue de promettre une riposte contre Washington. Le Conseil suprême de sécurité nationale iranien a débattu de "treize scénarios de vengeance" possibles, a affirmé mardi 7 janvier son secrétaire, Ali Shamkhani, cité par l'agence iranienne Fars. "Même si le consensus se forme autour du scénario le plus faible, sa mise en œuvre pourra être un cauchemar historique pour tous les Américains", a-t-il menacé. Le commandant des Gardiens de la Révolution, Hossein Salami, a lui promis "une revanche intense et décisive".

 

 

Bousculade mortelle aux funérailles du général. Alors qu'une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes était réunie à Kerman, la ville d'origine de Qassem Soleimani, pour ses funérailles, une bousculade a fait au moins 50 morts et 213 blessés, annonce l'agence Fars, citant un responsable des urgences. Selon l'agence officielle iranienne IRNA, les funérailles ont été reportées après cet incident, mais on ignore quand elles auront lieu.

 

 

L'accord sur le nucléaire iranien "n'est pas encore mort", selon Téhéran. C'est le secrétaire d'Etat iranien auprès du ministre des Affaires étrangères, Abbas Araqchi, qui l'a déclaré à l'agence officielle IRNA mardi. Il a expliqué que l'Iran était prêt à respecter les conditions de cet accord en cas "de fin des sanctions" internationales, et si le pays en tire "des bénéfices économiques". Dimanche, l'Iran avait annoncé qu'il cessait de respecter certaines conditions de cet accord, tout en continuant de collaborer avec les inspecteurs des Nations unies.

 

 

Réunion à Bruxelles. Les ministres français, allemand, italien, britannique des Affaires étrangères se réunissent en urgence mardi dans la capitale belge pour évoquer, notamment, les conséquences de l'élimination de Qassem Soleimani. Jeudi, une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU est organisée à New York, mais le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif ne pourra pas s'y rendre : il a indiqué avoir été informé par le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres que les Etats-Unis lui avaient refusé son visa.

 

 

L'Iran classe "terroristes" toutes les forces américaines. Le Parlement iranien a amendé mardi en urgence une loi récente qui déclarait "terroristes" les forces américaines déployées de la Corne de l'Afrique à l'Asie centrale en passant par le Moyen-Orient. Le nouveau texte étend cette dénomination au Pentagone, à l'ensemble des forces américaines, aux responsables de l'assassinat de Soleimani, et à toute personne physique ou morale impliquée dans sa mort.

 

 

Cafouillage américain sur un retrait d'Irak. Les Etats-Unis, dans une lettre transmise "par erreur", ont annoncé lundi préparer leur retrait d'Irak avant de le démentir. Ecrit au nom du général William H. Seely, commandant des forces américaines en Irak, un courrier, dont une copie a été consultée par l'AFP, a annoncé aux responsables militaires irakiens que Washington était en train de "repositionner" ses troupes dans le pays en vue d'un retrait. Il s'agissait en fait d'un "projet (de lettre) non signé", a déclaré le chef d'état-major américain, le général Mark Milley.

 

 

Des Iraniens longuement questionnés à la frontière américaine. Des dizaines de ressortissants iraniens ou possédant la double nationalité iranienne et américaine affirment avoir été stoppés à la frontière des Etats-Unis et longuement questionnés par la police. Le Conseil des relations américano-islamiques (Cair), une ONG de défense des musulmans, dit être venu en aide à plus de 60 voyageurs interpellés ce week-end à la frontière entre le Canada et l'Etat américain de Washington et interrogés des heures durant sur leurs opinions politiques. Beaucoup d'entre eux se seraient vu refuser l'entrée sur le territoire américain, la police des frontières n'étant pas en mesure de les placer en rétention pour les interroger.

 


07/01/2020
0 Poster un commentaire

Franceinfo - le mardi 7 janvier 2020

 

 

"Le peuple va chasser les Américains" : des jeunes miliciens chiite irakiens se disent prêts à venger la mort de Qassem Soleimani

 

avatar
Gilles GallinaroOmar OuahmaneRadio France

 

 

En Irak, la colère n’est pas retombée après la mort du général iranien Qassem Soleimani, et de son lieutenant Abou Mehdi al-Mouhandis, de jeunes miliciens chiites se disent prêts à mourir pour chasser les américains hors du pays

 

 

20723991

 

Durant un cortège funèbre pour le chef paramilitaire irakien Abu Mahdi al-Muhandis et le commandant militaire iranien Qassem Soleimani, à Bagdad le 4 janvier 2020. (SABAH ARAR / AFP)

 

 

 

La mosquée Al-Zuwiya, à l'ouest de Bagdad en Irak, a accueilli une foule immense pour l'hommage au général iranien Qassem Soleimani et son bras droit. Ils ont été tués par l'armée américaine à qui Hassen voue une haine féroce : "Si besoin, je le jure au nom de Dieu, je suis prêt à porter une ceinture d'explosifs et à y aller." Le jeune homme de 24 ans vient du quartier déshérité de Sadr City à Bagdad, qui fournit de très nombreux combattants à la milice chiite Hachd al-Chaabi, bras armé de l'Iran. 

 

 

Ce sont nos martyrs qui nous ont libérés, c'est notre sang versé qui a sauvé l'Irak. Hassen, Irakien à franceinfo

 

 

Ce sang a été versé contre les jihadistes précise Hussein. Cet autre jeune homme a passé la vingtaine et a déjà des années de guerre derrière lui : "J'ai combattu Daesh pendant quatre ans et partout, de Samarra jusqu'à Boukamal en Syrie. Contre les jihadistes, c'était clair, tandis que contre les Américains, nous avons affaire à des hypocrites et à des menteurs."

 

 

 

"Une perte énorme pour le pays"

Hussein est bouleversé comme de très nombreux Irakiens par la mort du général iranien Qassem Soleimani et de son lieutenant en Irak, Abou Mehdi al-Mouhandis.  "Si Dieu le veut, nous nous vengerons, avance-t-il. Nous étions très tristes, c'est une perte énorme pour tout le pays. Ces commandants ont été tués par traîtrise."  

 

 

L'ennemi a changé mais la détermination est la même affirme ces Irakiens. "Le martyre de nos deux leaders est un tournant dans l'histoire de l'Irak, explique Maythem, âgé de 38 ans. Le peuple va chasser les Américains, car on sait désormais qui est l'ennemi et nous allons expulser les occupants comme nous avons chassé Daesh." Les forces américaines sont bunkerisées dans la zone verte de Bagdad et constamment harcelées par les miliciens aux ordres de l'Iran.

 


07/01/2020
0 Poster un commentaire

Franceinfo - le dimanche 5 janvier 2020

 

 

Mort du général Soleimani : comment la relation entre les Etats-Unis et l'Iran s'est dégradée sous Donald Trump

 

avatar

Louis SanFrance Télévisions

 

 

 

L'assassinat par les forces américaines de l'architecte de la stratégie iranienne au Moyen-Orient a provoqué la colère de Téhéran et dégradé les rapports déjà tendus entre l'Iran et les Etats-Unis

 

 

20709687

 

Le président américain Donald Trump (gauche) et son homologue iranien Hassan Rohani. (NICHOLAS KAMM / IRANIAN PRESIDENCY / AFP)

 

 

 

"Un grand saut dans l'inconnu." Les spécialistes contactés par franceinfo sont inquiets, après l'assassinat du général iranien Qassem Soleimani en Irak, vendredi 3 janvier. Cet homme influent, figure de l'aile dure des conservateurs iraniens, a été tué par une frappe aérienne américaine, à Bagdad. Depuis, l'hostilité entre les Etats-Unis et l'Iran s'intensifie. L'ayatollah Ali Khamenei promet qu'"une vengeance implacable attend les criminels". De quoi accentuer encore l'antagonisme entre Washington et Téhéran, dont les relations n'ont fait qu'empirer depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche.

 

 

 

2018 : l'année de la rupture

Les Etats-Unis se retirent de l'accord sur le nucléaire iranien. C'est acté le 8 mai 2018. L'accord de Vienne, signé en 2015 sous Barack Obama, visait à interdire à l'Iran de chercher à obtenir la bombe atomique, en échange de la levée des sanctions économiques internationales et à condition de laisser inspecter ses sites nucléaires. Dès son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump dénonce un accord "pourri" qui, depuis sa signature, n'a "pas apporté la paix" et "ne l'apportera jamais". Aussitôt, le président iranien accuse son homologue de mener "une guerre psychologique".

 

 

Le retrait américain de l'accord provoque un tollé et de nombreuses craintes. Paris fait part de ses "regrets", la Russie se dit "profondément déçue", et Barack Obama condamne "une grave erreur". Ce n'est pas une énorme surprise, mais les observateurs ne pensaient pas Donald Trump capable de franchir le pas, malgré les menaces. "Avant son élection, Donald Trump annonçait vouloir sortir de l'accord de Vienne", rappelle Jean-Baptiste Bégat, historien et spécialiste de l'Iran et du Moyen-Orient. Donald Trump, dès 2016, n'a cessé de dénoncer "le pire accord signé par les Etats-Unis".

 

 

L'un des rares sujets de politique étrangère sur lesquels [Donald Trump] a toujours été stable, c'est le fait que l'Iran est un adversaire des Etats-Unis et qu'il faut combattre l'influence iranienne au Moyen-Orient. Jean-Baptiste Bégat à franceinfo

 

 

"Les relations entre les Etats-Unis et l'Iran n'étaient pas au beau fixe en 2018, mais elles étaient apaisées", commente auprès de franceinfo François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France en Iran de 2001 à 2005. Selon lui, la décision de Donald Trump a été "inspirée par sa haine de Barack Obama" et "la volonté presque enfantine de vouloir détruire l'un des rares succès diplomatiques de son prédécesseur". Un caprice qui a brutalement affecté le lien fragile entre Washington et Téhéran.

 

 

 

2019 : l'année de l'hostilité ouverte

Les Gardiens de la Révolution entrent dans la liste des organisations "terroristes". Cette mesure symbolique est annoncée par l'administration de Donald Trump en avril 2019. Avant cela, jamais les Etats-Unis n'avaient formellement qualifié l'armée d'un autre pays de groupe terroriste.

 

 

Washington supprime les dérogations pour commercer avec l'Iran. Le président Trump s'attaque au porte-monnaie de l'Iran : l'exportation de pétrole. Dans la foulée du retrait de l'accord de Vienne, Donald Trump avait réinstauré des sanctions pour les pays commerçant avec l'Iran, avec des dérogations à certains Etats, jugeant que le marché mondial de pétrole ne pourrait pas supporter la fermeture totale du robinet de pétrole iranien. Ces dérogations sont supprimées au mois de mai, pour "priver le régime de sa principale source de revenus".

 

 

Donald Trump "veut renégocier l'accord [sur le nucléaire], il veut que l'Iran arrête ses activités dans la région et mette un terme au programme balistique iranien, tout ça en mettant une pression maximum sur l'Iran, c'est irréaliste", commente Thierry Coville, chercheur à l'Iris et spécialiste de l'Iran. Pour François Nicoullaud, en levant les dérogations, Donald Trump décide "de passer au braquet supérieur". Les Iraniens, jusqu'alors dans une "attente stratégique", répondent par une "résistance maximale", poursuit le diplomate"Pendant cette période, les radicaux iraniens prennent de l'essor et décident de répondre aux Etats-Unis coup pour coup, même s'ils ne veulent pas la guerre", analyse Thierry Coville.

 

 

La tension monte dans le détroit d'Ormuz. Pendant l'été, les altercations diplomatiques entre les Etats-Unis et l'Iran se multiplient autour de ce passage stratégique du pétrole mondial. Après le déploiement d'un porte-avions américain et d'une force de bombardiers au Moyen-Orient, au prétexte d'une "menace" du régime iranien, Téhéran annonce commencer à enrichir de l'uranium. Les tensions s'accentuent avec une série de sabotages et d'attaques contre des pétroliers dans la région. Washington les impute à Téhéran, qui dément, dénonçant la volonté des Etats-Unis de "provoquer un choc" sur le marché pétrolier.

 

 

Des bases pétrolières saoudiennes sont attaquées. En septembre, la production de pétrole saoudienne est réduite de moitié après des attaques de drones revendiquées par les Houthis yéménites. Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo accuse Téhéran, sans expliquer comment l'Iran serait impliqué concrètement. Des accusations "insensées", pour Téhéran.

 

 

Donald Trump se sépare d'un conseiller farouchement anti-iranien. Le départ de John Bolton, conseiller à la sécurité nationale et poids lourd de l'entourage de Donald Trump, survient par surprise au début du mois de septembre. Il est connu pour ses positions très dures à l'égard de l'Iran, de la Russie ou encore de la Corée du Nord. Une bonne nouvelle pour Téhéran ? Pas forcément. "Avant lui, les personnes les plus responsables et mesurées de l'administration – "les adultes", comme elles étaient appelées – ont progressivement été effacées", tempère François Nicoullaud.

 

 

La médiation d'Emmanuel Macron échoue. En marge de l'Assemblée générale de l'ONU, en septembre, à New York, le président français tente de réunir autour d'une même table les présidents américain et iranien. En vain.

 

 

 

 

 

 

"C'était un moment d'espoir assez fort", estime François Nicoullaud. Thierry Coville juge que cet échec est imputable à l'intransigeance de Donald Trump. "Les Iraniens ont quand même laissé une porte ouverte en disant 'vous arrêtez les sanctions, vous rentrez dans l'accord, on est prêt à renégocier à un nouvel accord'", résume-t-il. En novembre, le guide suprême iranien critique violemment Emmanuel Macron.

 

 

Le président français, qui prétend qu'une rencontre pourra résoudre tous les problèmes entre Téhéran et l'Amérique, est soit naïf, soit complice des Etats-Unis.Ali Khamenei

 

 

Un ressortissant américain meurt en Irak. Tout s'accélère à la fin de 2019. Le 27 décembre, un sous-traitant américain est tué et plusieurs militaires américains et irakiens sont blessés, lors de l'attaque d'une base militaire irakienne. Le tir de roquette n'est pas revendiqué, mais Washington l'attribue à une milice chiite pro-iranienne, le Hezbollah irakien.

 

 

Les Etats-Unis bombardent des bases du Hezbollah. Quarante-huit heures plus tard, Washington réplique. Des avions de l'armée américaine bombardent cinq bases du Hezbollah irakien, dans l'ouest du pays. Au moins 25 personnes sont tuées. "Pour le gouvernement américain, une ligne rouge a été franchie", avec la mort de ce ressortissant, selon Jean-Baptiste Bégat. "La réponse des Etats-Unis a été très virulente."

 

 

L'ambassade américaine à Bagdad est attaquée. Le 31 décembre, la mission diplomatique est assaillie par des milliers de manifestants. Les contestataires protestent contre les bombardements américains. Donald Trump pointe aussitôt du doigt Téhéran. "L'Iran a tué un sous-traitant américain et en a blessé plusieurs. Nous avons répondu avec force, comme nous le ferons toujours. L'Iran orchestre désormais une attaque de l'ambassade américaine en Irak. Ils en seront tenus pleinement responsables", écrit-il sur Twitter.

 

 

 

 

2020 : l'année de l'embrasement ?

Le général Qassem Soleimani est assassiné. Ce puissant militaire iranien, émissaire de la République islamique en Irak, est tué dans une attaque américaine à Bagdad, vendredi 3 janvier. Le Pentagone affirme que Donald Trump a lui-même donné l'ordre de le "tuer". Mike Pompeo affirme que Qassem Soleimani comptait mener une "action d'envergure" menaçant des "centaines de vies américaines". De son côté, l'Iran promet de venger la mort de son général, "au bon moment et au bon endroit", tout en dénonçant le "terrorisme d'Etat de l'Amérique".

 

 

Autour du monde, la décision de Donald Trump est critiquée : Paris souhaite éviter "une nouvelle escalade dangereuse", Moscou juge que Washington a franchi "un palier hasardeux", Pékin appelle au "calme et à la retenue". Selon François Nicoullaud, remarque que les circonstances de la mort de Qassem Soleimani constituent "une humiliation cinglante pour les Iraniens" : "C'est un militaire de haut rang qui est tué par un tir de drone comme s'il s'agissait d'un terroriste."

 

 

L'emballement va-t-il se terminer en embrasement de la région, voire en guerre ouverte ? Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo assure vouloir la "désescalade". Jean-Baptiste Bégat estime que "l'escalade dans les relations entre les Etats-Unis et l'Iran a été l'initiative de Washington". Thierry Coville pointe aussi la responsabilité du président américain. "Tout remonte à la sortie de l'accord [de Vienne] sans avoir réfléchi aux conséquences, croyant qu'il allait pouvoir en redessiner un nouveau", tâcle-t-il.

 

 

Dans l'histoire, quand on ne respecte pas le droit international et que l'on fait cavalier seul, on prend d'énormes risques, comme celui d'envenimer la situation. Il n'y a plus de règles si ce n'est celle du plus fort.Thierry Coville, spécialiste de l'Iran à franceinfo

 

 

Tenter de prédire la suite des événements est un exercice auquel les spécialistes ne veulent pas se prêter, préférant l'extrême prudence. "Aucun des deux pays ne veut la guerre, mais un mauvais calcul peut tout faire basculer. On est dans une situation très dangereuse", selon Thierry Coville. Jean-Baptiste Bégat estime que la tension est surtout forte du côté iranien, car la réponse de Téhéran risque d'être retentissante. Pour lui, en éliminant Qassem Soleimani, les Etats-Unis ont réalisé un "geste disproportionné, au regard de l'escalade récente".

 


05/01/2020
0 Poster un commentaire

Franceinfo - le dimanche 5 janvier 2020

 

 

Mort du général Soleimani : Trump menace de frapper 52 sites en Iran, en cas de riposte contre des sites américains

 

avatar

franceinfo avec AFPFrance Télévisions

 

 

Certains de ces sites iraniens "sont de très haut niveau et très importants pour l'Iran et pour la culture iranienne", a prévenu le président américain sur Twitter. La tension monte entre les deux pays depuis l'assassinat par les Etats-Unis du général iranien Qassem Soleimani

 

 

20713527 (1)

 

Le président américain Donald Trump lors d'un discours, le 3 janvier 2019, à Miami en Floride. (STRINGER / ANADOLU AGENCY / AFP)

 

 

 

La tension continue de monter. Donald Trump a averti Téhéran, samedi 4 janvier,  que les Etats-Unis ont identifié 52 sites en Iran et les frapperont "très rapidement et très durement" si la République islamique attaque du personnel ou des objectifs américains. Certains de ces sites iraniens "sont de très haut niveau et très importants pour l'Iran et pour la culture iranienne", a précisé le président américain dans un tweet. "Les Etats-Unis ne veulent plus de menaces !", a-t-il prévenu.

 

 

 

Donald J. Trump @realDonaldTrump

....hundreds of Iranian protesters. He was already attacking our Embassy, and preparing for additional hits in other locations. Iran has been nothing but problems for many years. Let this serve as a WARNING that if Iran strikes any Americans, or American assets, we have.....

Donald J. Trump @realDonaldTrump
 

....targeted 52 Iranian sites (representing the 52 American hostages taken by Iran many years ago), some at a very high level & important to Iran & the Iranian culture, and those targets, and Iran itself, WILL BE HIT VERY FAST AND VERY HARD. The USA wants no more threats!

89,1 k personnes parlent à ce sujet
 
 

 

Donald Trump a souligné que le chiffre de 52 correspondait au nombre d'Américains qui avaient été retenus en otages pendant plus d'un an à partir de la fin de 1979 à l'ambassade des Etats-Unis à Téhéran. Le chef d'Etat a encore insisté dans une nouvelle série de tweets publiés un peu plus tard : "S'ils attaquent à nouveau, ce que je leur déconseille fortement, nous les frapperons plus fort qu'ils n'ont jamais été frappés auparavant !"

 

 

Tirs de roquette

Les factions pro-Iran en Irak font monter la pression sur les bases abritant des soldats américains à l'issue d'une journée de défilés monstres pour les funérailles du puissant général iranien Qassem Soleimani tué à Bagdad par les Américains. En Irak, samedi dans la soirée, des roquettes et obus de mortier se sont abattus quasi-simultanément dans la Zone verte de Bagdad, où se trouve l'ambassade américaine, et sur une base militaire plus au nord, où sont déployés des soldats américains, sans faire de victimes. 

 

 

Ces frappes pourraient être le début de l'escalade tant redoutée depuis le raid qui a pulvérisé vendredi le convoi de Soleimani et d'Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi, coalition de combattants pro-Iran désormais intégrés aux forces de sécurité irakiennes.

 

 

 

Franceinfo - le samedi 4 janvier 2020

 

 

Mort du général Soleimani : de quels leviers de riposte dispose l'Iran face aux Etats-Unis ?

 

avatar

Jean-Loup Adénor & Noémie LeclercqfranceinfoFrance Télévisions
 

 

 

L'assassinat du chef de la Force Qods des Gardiens de la Révolution lors d'un raid aérien américain a provoqué un vif esprit de vengeance en Iran. Franceinfo fait le point sur les moyens dont dispose Téhéran pour riposter après cette attaque

 

 

20708711

 

Le président iranien Hassan Rohani lors d'une prise de parole commune avec le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif, à Tokyo (Japon) le 20 décembre 2019. (IRANIAN PRESIDENCY / HANDOUT / ANADOLU AGENCY / AFP)

 

 

 

Les mots de l'ayatollah Ali Khamenei laissent peu de place à l'interprétation : "Une vengeance implacable attend les criminels" qui ont tué le chef de la Force Qods des Gardiens de la Révolution, a prévenu le leader iranien vendredi 3 janvier, peu après la mort de Qassem Soleimani, visé par un raid américain à l'aéroport de Bagdad, en Irak.

 

 

A Téhéran, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté pour dénoncer les "crimes" commis par les Etats-Unis. Après la prière du vendredi, une foule a rempli des rues du centre de la capitale iranienne, scandant "Mort à l'Amérique" et brandissant des portraits du défunt général. Mais de quels leviers dispose réellement l'Iran pour répliquer après cette attaque ? Franceinfo fait le point.

 

 

 

Mobiliser ses alliés dans la région 

"Penser que tuer Soleimani, c'était comme de tuer Al-Baghdadi, c'était une erreur ! Dans le chiisme, on est dans une logique d'émulation des troupes, surtout lorsqu'une icône tombe en martyr", explique à franceinfo la chercheuse au CNRS spécialiste de l'Iran Amélie Chelly. Depuis l'annonce de la mort du général iranien, un front uni semble se constituer autour de Téhéran. "La ligne rouge a été franchie, et cette attaque complètement disproportionnée de Washington a un effet rassembleur en Iran, développe également Emmanuel Dupuy, président de l'Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE) auprès de franceinfo. Désormais, des groupes de différentes sensibilités font front commun face à l'ennemi américain." 

 

 

D'où une véritable recrudescence de groupes pro-Iran, dont certains se sont même réveillés pour l'occasion. C'est notamment le cas de l'armée du Mahdi, une milice chiite affiliée à la République islamique d'Iran, qui sévissait au début des années 2000 en Irak, lorsque les Américains occupaient le pays. L'organisation, considérée comme terroriste par les Etats-Unis depuis avril 2019, possède des forces armées capables d'une riposte lourde : elle avait notamment participé à la libération de Mossoul en 2017 face à l'Etat islamique. Moqtada Sadr, le chef de cette milice, a demandé à ses soldats de se "tenir prêts", peu après l'annonce de la mort de Qassem Soleimani.

 

 

En tant que chef de la résistance patriotique irakienne, j'ordonne à tous les moudjahidines, particulièrement à ceux de l'armée du Mahdi, de la Brigade du jour promis et à tous les groupes patriotiques aguerris de se tenir prêts à protéger l'Irak.Moqtada Sadr, chef de l'armée du Mahdi

 

 

Israël s’est d'ailleurs montré particulièrement inquiet par les éventuelles représailles menées par des alliés de l'Iran dans la région. Le Hezbollah s'est déclaré prêt à répondre à l'appel de Téhéran, ainsi que le groupe Jihad islamique palestinien (JIP) et le Hamas. Ce dernier, basé dans la bande de Gaza, a fait savoir qu’il condamnait l'assassinat de Qassem Soleimani et présentait ses "plus sincères condoléances" à l'Iran. Un officiel du Hamas, Bassem Naim, a publié un message sur Twitter dans lequel il estime que la mort du général iranien "ouvre la porte à toutes les éventualités dans la région, sauf le calme et la stabilité". "C'est la responsabilité des Etats-Unis", a-t-il ajouté. Le JIP, soutenu par l'Iran, a qualifié Soleimani de chef qui "a toujours fait frémir d'horreur les cœurs des Américains et d'Israël". Abu Hamza, l'un des porte-parole du groupe, a juré que leur "alliance de résistance ne sera pas défaite, que nous ne serons pas brisés".

 

 

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, qui a écourté un déplacement en Grèce, a pour sa part exprimé la solidarité de l'Etat hébreu avec son allié américain dans son "juste combat". Selon la radio de l'armée israélienne, le niveau d'alerte des forces de sécurité du pays a été relevé d'un cran. Le dirigeant israélien a estimé que "Qassem Soleimani est responsable de la mort de citoyens américains et de beaucoup d'autres personnes innocentes. Il préparait de nouvelles attaques de ce type."

 

 

 

Mener des "guerres par procuration"

Bien sûr, l'Iran sait "qu’elle ne fait pas le poids dans le cadre d’un conflit militaire direct avec les Etats-Unis", explique Thierry Coville, chercheur à l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). "Mais leur présence est partout dans la région : en Irak, au Yémen, dans le détroit d'Ormuz..." Téhéran n'a vraisemblablement pas l'intention de s'engager dans un conflit armé avec les Etats-Unis, mais "ne peut pas ne pas réagir et sa réaction, ce sera probablement des 'proxy wars' [des 'guerres par procuration', sur un territoire voisin]indique la spécialiste Amélie Chelly. Si l'on reste dans cette configuration, on aura des gestes forts, des gestes violents mais qui ne seront pas directement dirigés sur les territoires intérieurs des Etats-Unis ou de l'Iran, mais plutôt sur des cibles symboliques américaines ou alliées dans la région."

 

 

"Logiquement, pour répondre à hauteur du symbole qu'ont touché les Etats-Unis en s'en prenant à Soleimani, on peut imaginer que Téhéran s'en prendra aux ambassades américaines et aux troupes américaines présentes dans la région", indique également Emmanuel Dupuy. 

 

 

Dans le cadre de cette 'guerre', on est dans une lutte de symbole. On ne s'en prend pas aux civils avec des armes mais plutôt à une ambassade. La réplique de Trump était d'ailleurs tout aussi symbolique : il a abattu la tête des Gardiens de la Révolution. Amélie Chelly, chercheuse au CNRS à franceinfo

 

 

L'Irak a de fortes chances d'être le théâtre de ces affrontements. Bagdad a d'ailleurs dit redouter "une guerre dévastatrice" sur son sol, après le raid inédit qui a tué l'homme-clé de l'influence iranienne au Moyen-Orient, mais également son premier lieutenant irakien Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi, groupe paramilitaire irakien. Proche militairement des Etats-Unis et de l’Iran, l'Irak se retrouve pris entre deux feux : une prise de position, dans un sens ou l'autre, serait dommageable pour le pays. 

 

 

"Les Iraniens vont vouloir montrer que les Américains doivent quitter l'Irak, estime Emmanuel Dupuy, de l'IPSE. C'est un paradoxe, parce que malgré la victoire symbolique que ce serait pour l'Iran, ça pourrait également jouer en faveur de Donald Trump : l'application d'une promesse de campagne aussi attendue que le retrait des troupes en Irak, quelques mois avant l'élection présidentielle à laquelle il est candidat, lui ferait une bonne pub auprès de ses électeurs."

 

 

 

Compromettre la sécurité du détroit d'Ormuz

Hormis l'Irak, l'autre endroit stratégique dont dispose l'Iran, c'est le détroit d'Ormuz. Téhéran peut, s'il le souhaite, influer sur la sécurité et la fluidité des échanges. Dès l’annonce de la mort de Soleimani, les prix du pétrole ont d’ailleurs bondi de plus de 4%, les marchés craignant une escalade des tensions dans la région. Il faut dire que plus de 30% des hydrocarbures utilisés dans le monde y transitent : un blocage du détroit aurait des conséquences très importantes. "Mais l'Iran est un Etat extrêmement rationnel : s'ils voulaient fermer le détroit, ils le feraient. S'ils ne le font pas, c'est qu'ils n'y ont pas intérêt", assure Amélie Chelly.

 

 

En revanche, la sécurité peut s'y trouver fortement perturbée. "Téhéran dispose de missiles à proximité, dont il pourrait se servir contre la flotte américaine qui transite par Ormuz, indique Emmanuel Dupuy. Ces frappes pourraient également se répercuter sur les navires d'autres nationalités se trouvant à proximité d'une potentielle cible."  

 

 

L'assassinat de Soleimani intervient trois jours après que la ministre des Armées française, Florence Parly, a passé son réveillon sur une frégate dans le golfe d'Ormuz, pour le lancement d’une mission européenne de surveillance maritime dans la région, du fait de l'escalade des tensions dans la zone. Depuis mi-novembre déjà, la frégate Courbet, composée de 180 marins, y assure la sécurité maritime et lutte contre les trafics qui alimentent les caisses des réseaux terroristes. Washington a lancé, également en novembre, sa propre opération (dénommée "Sentinel") pour protéger le transport maritime dans les eaux du golfe.

 

 

La mission européenne, qui vise à "garantir la liberté de circulation dans le golfe", devrait pour sa part être pleinement opérationnelle fin février – mais la situation actuelle pourrait retarder sa mise en place.

 


05/01/2020
0 Poster un commentaire

Franceinfo - le vendredi 3 janvier 2020

 

 

Après la mort du général Soleimani, tué en Irak par les Etats-Unis, Macron veut "éviter une nouvelle escalade dangereuse des tensions"

 

 

 

L'Irak craint une "guerre dévastatrice" après l'assassinat du général iranien Qassem Soleimani par un tir de drone ordonné par Donald Trump

 

 

20706949

 

Des manifestants défilent dans les rues de Téhéran, le 3 janvier 2020, pour protester contre le raid américain à Bagdad qui a tué le général iranien Qassem Soleimani. (ATTA KENARE / AFP)

 

 

 

Ce qu'il faut savoir

 

 

L'Irak sous la menace d'une escalade guerrière. Le puissant général iranien Qassem Soleimani a été tué, vendredi 3 janvier, lors d'un raid américain sur l'aéroport de Bagdad. Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo a affirmé que le général iranien préparait une "action d'envergure" menaçant des "centaines de vies américaines". "Nous savons que c'était imminent. Nous avons pris notre décision sur la base des évaluations de nos services de renseignement", a-t-il déclaré sur CNN. Suivez la situation en direct avec franceinfo.

 

 

L'homme-clé de l'influence iranienne au Moyen-Orient. Le Pentagone a pris soin de souligner que le général Soleimani était le chef des opérations extérieures des Gardiens de la révolution, une organisation considérée comme terroriste par Washington depuis avril dernier. Le général iranien présidait par ailleurs aux négociations pour former le futur gouvernement irakien.

 

 

Accusé d'être derrière de l'attaque de l'ambassade américaine. "Le général Soleimani préparait activement des plans pour attaquer des diplomates et des militaires américains en Irak et à travers la région", indique le Pentagone, qui attribue au puissant général iranien l'attaque survenue cette semaine contre l'ambassade des Etats-Unis à Bagdad. Le président n'a pas immédiatement fait de commentaire mais il a tweeté un drapeau américain.

 

 

Tué par un tir de précision d'un drone. Selon un responsable militaire américain, la frappe qui a pulvérisé les deux véhicules où se trouvaient le puissant général iranien Qassem Soleimani et le principal homme de l'Iran en Irak était "un tir de précision d'un drone".  Il ajoute que "certains des 750 soldats supplémentaires déployés sont arrivés à Bagdad pour renforcer la sécurité de l'ambassade" américaine.

 

 

Des dizaines de milliers de manifestants à Téhéran. Après l'annonce du raid américain à Bagdad, la foule est descendue dans les rues de la capitale iranienne pour dénoncer les "crimes" américains. Après la prière, les rues du centre de Téhéran se sont remplies. "Mort à l'Amérique", ont scandé les manifestants en brandissant des portraits de Qassem Soleimani, ainsi que du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei.

 

 

Les ressortissants américains invités à quitter l'Irak. Les Etats-Unis ont appelé tous leurs ressortissants à quitter l'Irak "immédiatement"

 

 

Un contexte brûlant depuis fin octobre. L'Irak va-t-il se transformer en champ de bataille par procuration entre Washington et Téhéran ? Une dizaine d'attaques à la roquette ont en tout cas visé depuis fin octobre des soldats et des diplomates américains, tuant il y a une semaine un sous-traitant américain. Dimanche soir, Washington, qui accuse les factions pro-Iran du Hachd al-Chaabi d'être derrière ces attaques non revendiquées, a répondu en bombardant des bases de l'une d'elles près de la frontière syrienne, faisant 25 morts.

 


03/01/2020
0 Poster un commentaire