Soudan
Franceinfo - le lundi 25 octobre 2021
Franceinfo - le mercredi 29 juillet 2020
Franceinfo - le vendredi 22 novembre 2019
Barrage de la Renaissance : le Soudan est lui aussi un don du Nil!
Le Grand barrage de la Renaissance en construction sur le Nil en Ethiopie provoque des remous. Mais le dossier ne se limite pas à l’Egypte, grand bénéficiaire du fleuve, ni à l'Ethiopie. Le Soudan a lui aussi son mot à dire
Selon l'Ethiopie, le barrage de la Renaissance sur le Nil bleu est construit à 70%. Sur la photo prise le 26 septembre 2019, on voit que les eaux du fleuve ne sont pas encore retenues. (TIKSA NEGERI / X03719)
Le tumultueux Nil bleu assure 80% du débit du fleuve quand il rejoint le Nil blanc à Khartoum, la capitale du Soudan. Et si les crues du Nil ont fait la richesse agricole de la basse Egypte, les agriculteurs soudanais, eux, s’en plaignent. Aussi, la construction du barrage est pour les agriculteurs une excellente nouvelle. Ils y voient un puissant outil de régulation, qui permettra d’éviter des inondations destructrices.
"Le Nil Bleu est très imprévisible. Une nuit, il est là et le lendemain, il sera parti ailleurs. Il monte si vite que parfois, la plantation est inondée avant que nous ayons le temps de la couper", explique à l’AFP Ousmane Idriss, un fermier de Jouref Gharb, près de Khartoum. Plus régulier, le fleuve permettra d’irriguer plus longtemps sur l’année les champs et ainsi d’augmenter les rendements.
Le Soudan compte également sur l’électricité fournie par le barrage. Une électricité que l’Ethiopie entend vendre à ses voisins. Le Soudan deviendrait alors un pays de transit et pourrait toucher des royalties.
Reportage AFP TV
Quant à l’avenir des briquetiers installés sur les rives limoneuses du fleuve, personne ne semble s’en préoccuper. Ils sont pourtant des milliers à vivre de cette activité traditionnelle tout le long du fleuve. Mais la fumée épaisse qui sort des fours artisanaux ne plaît pas à tout le monde, et certains aimeraient voir disparaître cette activité, au profit de l’agriculture.
Longtemps, l’Egypte a joué la victime de l’aval du fleuve, soudainement privée d’eau par la retenue. Le Soudan, fidèle allié, lui a emboîté le pas, rappelant les traités de l’ère coloniale qui donnaient la part du lion aux deux pays. "Le traité de 1929 interdisait toute construction hydroélectrique et tout plan d’irrigation sur les affluents du Nil et ses lacs, dans les pays riverains, sans le consentement du Caire", explique La Libre Belgique. Un autre traité, en 1959, accordait 66% de l’eau du Nil à l’Egypte et 22% au Soudan.
Vers un accord
Bonne nouvelle, les trois pays concernés se parlent désormais. Ils sont convenus de tenir quatre réunions techniques et de travailler à un accord pour le 15 janvier 2020. Il doit porter sur la vitesse de remplissage du barrage, entre trois et cinq ans pour Addis-Abeba, sept ans réclamés par le Caire. Une durée qui impacte bien sûr sur le débit aval du fleuve. L’Egypte réclame 40 milliards de m³ par an, craignant s’il y a moins, des conséquences économiques sur l’agriculture.
Franceinfo - le lundi 17 juin 2019
Soudan : le président déchu Omar el-Béchir poursuivi pour corruption et meurtres de manifestants
L'ancien homme fort du Soudan a fait une brève première apparition publique depuis sa destitution pour entendre les chefs d'accusation prononcés contre lui : possession d'argent liquide illégal, enrichissement suspect et proclamation d'état d'urgence
Le président déchu du Soudan, Omar el-Béchir (qui porte un turban), fait une première apparition publique depuis sa chute pour comparaître devant les procureurs à Khartoum, le 16 juin 2019. (MAHMOUD HJAJ / ANADOLU AGENCY)
Vêtu de la traditionnelle djellaba blanche et d'un turban, le président déchu du Soudan est arrivé de sa prison escorté par un convoi de véhicules militaires et des membres des forces de sécurité lourdement armés, a constaté le correspondant de l'AFP le 16 juin 2019, devant les locaux du parquet. "L'accusé Omar el-Béchir a été (...) informé des accusations qui pèsent contre lui, pour la possession de devises étrangères, corruption et réception de cadeaux de manière illégale", a indiqué aux journalistes un responsable du parquet, Aladdin Dafallah. Les chefs d'accusation ont été lus à Omar el-Béchir en présence de son avocat, selon le responsable. Le président déchu est reparti au bout de quelques minutes, a rapporté le correspondant de l'AFP.
La junte au pouvoir n'envisage pas de livrer el-Béchir à la CPI
Porté au pouvoir par un coup d'Etat en 1989, el-Béchir a été destitué et arrêté par l'armée le 11 avril à Khartoum, sous la pression d'un mouvement de contestation inédit, déclenché en décembre par le triplement du prix du pain. L'agence de presse soudanaise officielle Suna avait annoncé trois jours auparavant que l’ancien président était accusé "de possession de devises étrangères, d'avoir acquis des richesses de façon suspecte et illégale et d'avoir ordonné (l'état) d'urgence".
Le président déchu du Soudan Omar el-Béchir arrive au parquet en charge des affaires de corruption à Khartoum. C'est sa première apparition en public depuis sa destitution en avril #AFP pic.twitter.com/Df7FOMQGwA
— Agence France-Presse (@afpfr) 16 juin 2019
Le 21 avril, le général Abdel Fattah al-Burhane, chef du Conseil militaire de transition au pouvoir depuis la destitution d’el-Béchir, avait affirmé que l'équivalent de plus de 113 millions de dollars avaient été saisis en liquide à sa résidence à Khartoum. Or, en décrétant l'état d'urgence le 22 février face à la contestation populaire, l'ex-président avait rendu illégale la possession de l'équivalent de plus de 5000 dollars en devises.
Omar el-Béchir fait aussi l'objet de poursuites pour les meurtres de manifestants durant la répression de la contestation. Par ailleurs, il est également visé par des mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) qui veut le voir répondre de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre dans le conflit au Darfour (ouest), qui a fait près de 300 000 morts, selon l'ONU.
Mais les militaires au pouvoir ont indiqué qu'ils ne comptaient pas le transférer au tribunal international.
Appels pour une enquête indépendante sur la répression meurtrière du sit-in
Après avoir obtenu la chute du président, des milliers de manifestants étaient restés mobilisés en maintenant un sit-in devant le QG de l'armée à Khartoum, exigeant du Conseil militaire qu’il cède le pouvoir aux civils. Mais le 3 juin, ce sit-in a été dispersé selon des témoins, par des hommes armés en tenue militaire. La répression s'est poursuivie pendant plusieurs jours. Selon un nouveau bilan publié le 16 juin par un comité de médecins proche de la contestation, 128 personnes ont ainsi été tuées depuis le 3 juin. Les autorités, elles, ont parlé de 61 morts.
"Nous travaillons dur pour envoyer à la pendaison ceux qui ont fait ça", a lancé le numéro deux du Conseil militaire, le général Mohammed Hamdan Daglo, dit "Hemetti". Ce général est à la tête des Forces de soutien rapide (RSF), des paramilitaires accusés par les chefs de la contestation et des ONG d'être à l'origine de la violente dispersion. "En ce qui concerne la dispersion du sit-in, on ne va pas vous décevoir, ni décevoir les familles des martyrs", a-t-il assuré lors d'une allocution retransmise à la télévision publique.
Les appels en faveur d'une enquête indépendante se multiplient, tant au Soudan et qu'à l'étranger.
Des conclusions préliminaires "révélées"
En visite à Khartoum le jour même, le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a rencontré le chef du Conseil militaire et les leaders du mouvement de protestation, selon un communiqué officiel de la Ligue. Il a lui aussi appelé à une enquête complète sur les événements et a assuré le Soudan de son soutien, pour que ses dettes internationales soient effacées et que le pays soit "retiré de la liste des Etats finançant le terrorisme" établie par Washington.
Le Conseil militaire avait pour la première fois regretté des "erreurs qui se sont produites" lors de la dispersion de la foule, mais avait assuré ne pas l'avoir ordonnée et précisé que l'objectif de l'opération était tout autre. Le porte-parole du Conseil militaire, le général Chamseddine Kabbachi, avait ainsi affirmé que le but initial était de chasser des éléments "criminels" dans un secteur appelé Colombia, près du sit-in.
"L'opération de Colombia a été planifiée par les autorités militaires et sécuritaires", a affirmé le Conseil militaire dans un communiqué. "Nous soulignons notre volonté d'obtenir toute la vérité, instant par instant, par le biais de notre commission d'enquête", a-t-il ajouté, en référence à l'investigation lancée par les militaires.
Le porte-parole de la commission d'enquête, Abderrahim Badreddine, a indiqué le 15 mai que son rapport n'était pas finalisé, mais a révélé des conclusions préliminaires selon lesquelles "des officiers et des soldats sont entrés sur les lieux du sit-in sans l'ordre de leurs supérieurs".
Franceinfo - le dimanche 9 juin 2019
Soudan : les leaders de la contestation appellent à la "désobéissance civile" pour écarter l'armée au pouvoir
Franceinfo
Soudan : le bilan de la répression du sit-in à Khartoum porté à 60 morts
Un précédent bilan faisait état de 35 morts et de plus d'une centaine de blessés dans l'assaut mené par les forces de sécurité soudanaises contre le campement
Des barrages installés dans les rues de Karthoum (Soudan), le 4 juin 2019. (ASHRAF SHAZLY / AFP)
Un bain de sang. Le bilan de la dispersion meurtrière des manifestants rassemblés devant le quartier général de l'armée soudanaise à Khartoum (Soudan) s'est alourdi à 60 morts, a déclaré mercredi 5 juin, une association de médecins affiliée au mouvement de protestation, citée par Reuters.
Un précédent bilan faisait état de 35 morts et de plus d'une centaine de blessés dans l'assaut mené par les forces de sécurité soudanaises contre le campement installé depuis des mois par des manifestants antigouvernementaux dans le centre de Khartoum, le plus grave accès de violence depuis la destitution du président Omar el-Béchir le 11 avril dernier.
Opposition déterminée
L'opposition soudanaise a appelé mardi à poursuivre une campagne de désobéissance civile pour obtenir le départ des militaires, alors que le chef du Conseil militaire de transition (CMT), qui assure l'intérim du pouvoir, a annoncé l'annulation de tous les accords conclus avec l'Alliance des Forces de la liberté et du changement, qui réunit représentants de l'opposition et de la société civile.