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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du samedi 24 mars 2018

 

 

ATTENTAT - TROIS TUES, 16 BLESSÉS DANS UNE ATTAQUE REVENDIQUÉE PAR DAESH A TREBES DANS L'AUDE

 

 

Le retour sanglant du terrorisme sur le sol français

 

 

Depuis octobre 2017, l'Hexagone avait été épargné. L'attaque menée hier par un seul homme en banlieue de Carcassonne, montre que la  menace terroriste reste vive. Le GIGN a tué le terroriste retranché dans un supermarché avec un gendarme en otage.

 

 

Frappée durement en 2015 et 2016, la France a traversé l'année 2017, celle de la présidentielle, avec plusieurs attaques de moindre ampleur (Louvres, Orly, Champs-Éllysées, Levallois-Perret, Marseille). Pourtant, la menace terroriste n'a pas baissé. Après une accalmie de six mois, durant laquelle plusieurs tentatives ont été déjouées, l'attaque perpétrée hier en trois temps à Carcassonne et sa banlieue par Radouane Lakdim, 25 ans, petit dealer qui se serait radicalisé, sonne comme un douloureux rappel à la réalité. "Le niveau de la menace terroriste n'a pas faibli, elle est surtout endogène, et le fait de radicalisés se trouvant sur le territoire national", a rappelé hier soir le procureur de Paris, François Molins, depuis Carcassonne.

 

 

 

Expédition terroriste et criminelle

 

Radouane Lakdim, muni d'armes à feu dont la nature reste à préciser, a d'abord, en milieu de matinée, intercepté une voiture à la Cité des Aigles à Carcassonne. Il a blessé gravement le conducteur et tué le passager.

 

 

Quelles étaient ses intentions ? Selon François Molins, son parcours laisse penser qu'il aurait pu prendre pour cible des militaires du 3e RPIMA (régiment de parachutistes d'infanterie de marine), à quelques kilomètres de là. Mais vers 10 h 40, ce sont des CRS de la 53e compagnie en tenue de jogging qu'il vise. L'un deux est blessé.

 

 

Le tireur prend ensuite la fuite et se rend au Super U de Trèbes, un bourg e quelque 6 000 habitants à l'est de Carcassonne. Une cinquantaine de personnes se trouvent alors à l'intérieur. Il crie : "Allah Akbar, je suis un soldat de l'État islamique, et je veux qu'on libère mes frères".

 

 

Les forces de l'ordre, dont l'antenne du GIGN de Toulouse en tant que "primo-intervenante", encerclent le bâtiment. Des négociations s'engagent avec le preneur d'otages. "Il demande alors un chargeur et menace de tout faire sauter", rapporte le procureur.

 

 

Dans un acte de courage, le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame se substitue à la dernière otage et laisse son téléphone ouvert afin que les gendarmes décident du moment de l'intervention. A l'instant où Lakdim tire sur l'officier, l'assaut est donné. Il est 14 h 20. Le djihadiste est abattu. Le bilan est lourd : 3 morts, et 16 blessés dont deux en urgence absolue. Parmi eux, le lieutenant-colonel Beltrame. La section anti-terroriste du parquet de Paris a été saisie et va poursuivre l'enquête sur les motivation de Lakdim.

 

 

 

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le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame

 

 

 

Une région sensible au phénomène djihadiste

 

Les forces de l'ordre ont immédiatement fouillé l'environnement de Radouane Lakdim, Français d'origine marocaine, fiché S, et qui avait "des liens avec la mouvance salafiste", selon François Molins. Sa compagne a été placée hier soir en garde à vue. Daech a revendiqué la triple attaque, via son agence de propagande Amaq, en fin d'après-midi.

 

 

Ces dernières années, la région de Carcassonne a connu de nombreux départs vers la zone irako-syrienne. Un circuit de financement lié au djihad a été démantelé en mai 2017 par la SDAT (sous direction anti-terroriste). De nombreuses arrestations ont été menées, comme en juin 2016 : un  jeune originaire de Lunel - vivier djihadiste dans l'Hérault à 150 km - avait projeté de s'attaquer à des touristes américains à la cité médiévale emblématique. Les frères Merah, comme les frères Clain sont originaires de Toulouse, dans la même région, de même qu'Olivier Corel, l'émir blanc de la filière dite d'Artigat.

 

 

Cet attentat, dans un commerce local, démontre que la stratégie de Daech, ou en tout cas de ses "représentants" sur le territoire national, a changé. Les attentats/attaques ne visent plus seulement des lieux symboliques et marquants médiatiquement (le Bataclan, le Stade de France, la promenade des Anglais à Nice), mais l'endroit fréquenté par monsieur-tout-le-monde.

 

 

A l'automne dernier, un exercice simulant un attentat à Carcassonne avait éconduit par la préfecture de l'Aude, les pompiers et les forces de l'ordre dirigées par le lieutenant-colonel Beltrame. Le scénario était une tuerie de masse dans un super-marché. Xavier Frère

 

 



24/03/2018
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