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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du lundi 16 novembre 2015

 

 

 

 

L'ENQUETE SUR LES ATTENTATS DE PARIS - De hauts responsables de Daech derrière les attentats ?  La piste franco-belge est privilégiée, un homme recherché, plusieurs arrestations. Deux frères impliqués dans l'attentat, dont un en fuite. Trois kamikazes identifiés Des connections avec la Belgique. Des Kalachinikov retrouvées dans une voiture. L'enquête sur les attentats qui ont fait 129 morts à Paris progresse à grands pas.

 

 

 

129 Les attentats de Paris ont fait 129 morts. Trois des 80 personnes admises en "urgence absolue" dans les établissements de l'Assistance Publique-Hôpitaux Parisiens après les attentats, sont décédées depuis vendredi.

 

 

 

"L'unité nationale, la solidarité nationale pour une meilleure sécurité, pas simplement pour faire des discours. Il faut des modifications drastiques de la politique de sécurité et une inflexion de la politique étrangère en Syrie". Nicolas Sarkozy Président du parti les Républicains

 

 

 

 

Qui a commandité et organisé les attaques simultanées qui ont causé, vendredi soir à Paris la mort de 129 personnes ? "Les attentats abjects ont été préparés à l'étranger et ont bénéficié de complicité en France", a indiqué hier Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur, confirmant la piste Daech. Un tel assaut avec sept terroristes-martyrs plus peut-être un toujours recherché ne pouvait pas être improvisé. Il aurait même été "coordonné", selon des sources proches de l'enquête, "par certains des plus hauts responsables de l'Etat islamique en Syrie". En deux jours, l'enquête a aussi permis de déterminer le profil des terroristes, ainsi que leur stratégie à la précision militaire.

 

 

 

 

Les assaillants

 

Après Ismael Omar Mostefai, 29 ans, originaire de Courcouronnes (91), kamikaze au Bataclan, d'autres noms ont filtré hier : Brahim Abdeslam, 31 ans, autre kamikaze boulevard Voltaire, et son frère Salah, qui a loué la Polo noire en Belgique. Un appel à témoins et un mandat d'arrêt international ont été lancés contre ce dernier. Enfin, l'un des trois kamikazes du Stade de France a été identifié comme Bilal Hadfi, 20 ans, qui vivait aussi en Belgique, et qui aurait combattu au sein de l'Etat islamique en Syrie. Il reste à préciser l'identité de quatre terroristes morts : deux au Bataclan, deux au Stade de France, dont l'un possédait sur lui in passe-port syrien.

 

 

 

 

La piste franco-belge

 

La "connexion belge", avec Molenbeek, banlieue de Bruxelles, et foyer du djihadisme européen, a été activée. Celai ne fait plus de doute. Molenbeek serait sans doute le pivot logistique "avec plusieurs nationalités de terroristes", selon une source belge. Les deux voitures la Polo et la Seat retrouvées à Montreuil, avec des Kalachnikov à l'intérieur étaient louées en Belgique. Elles ont bien servi aux attaques du Bataclan et du boulevard Voltaire. Au total sept personnes, "en lien avec les attentats de Paris" selon la police d'outre-Quiévrain, avaient été arrêtées, dont le troisième frère Abdelslam. Son rôle n'est pas établi.

 

 

 

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Un haut degré de sophistication

 

"L'acte de guerre", selon les mots de François Hollande, a été préparé avec "de hauts niveaux de sophistication", selon des sources du renseignement françaises et américaines. Ils auraient ainsi utilisé une technologie "cryptée". Est-ce par le biais de PlayStation 4 retrouvées samedi à Monlenbeek ? Aussi étonnant que cela puisse paraître, ces consoles de jeux -via leurs "murs de tags" ou leur chat vocal- pourraient aussi servir à communiquer et à planifier des attentas.

 

 

 

"La PayStation 4 serait plus difficile à surveiller que la messagerie WhatsApp", a même déclaré Jan Jambon, ministre belge des Affaires étrangères. Enfin, concernant les kamikazes et leur ceinture d'explosifs, ils ont difficilement pu s'équiper tout seul, la présence d'un artificier est "indispensable", selon les spécialistes, et lors d'un attentat de Daech, il n'est généralement pas en première ligne. Autant dire que l'hypothèse d'éventuels autres complices dans la nature est hautement probable. Ils peuvent même déjà se trouver en Syrie ou dans un autre pays. Xavier Frère

 

 

 

 

QUESTIONS à Marc TREVIDIC

 

 

Juge au pole antiterroriste de Paris de 2006 à 2015

 

 

 

 

"Il faut s'attaquer aux foyers salafistes"

 

 

 

 

Vous aviez prédit en septembre un attentat de masse. Que faut-il faire maintenant?

 

 

"Nous avons besoin de bras, dans le renseignement, la justice, la police, mais pas de lois supplémentaires. C'est un mal français. A chaque attentat, on fait une loi. Qui ne sert à rien. Il faut fluidifier le passe du renseignement vers le judiciaire à propos d'individus dangereux pour qu'on cherche des preuves contre eux et qu'on les arrête. Quand vous avez un tel potentiel de personnes radicalisées, il faut se mettre à niveau".

 

 

 

Après chaque attentat, on découvre qu'ils étaient identifiés, fichés "S" par le renseignement. Mais à quoi cela sert-il ?

 

"Le renseignement identifie un individu en voie de radicalisation. Mais l'enjeu est de passer au judiciaire, de réunir des preuves qui permettent de l'arrêter. C'est notre système. Alors à moins que l'on change de régime, que l'on sorte de la démocratie, il fonctionne comme cela... La fiche S, c'est une alerte. Que tout le monde soit averti quand le gars passe une frontière, revient de Turquie, de Syrie je le répète : si vous mettez en face le nombre de fonctionnaires de police spécialisés et le nombre de radicalisés, il y a moins d'un fonctionnaire par cible".

 

 

 

 

Laurent Wauquiez (LR) exige la création de centre de rétention pour djihadistes présumés ?

 

"Ca n'a aucun sens. Et puis notre Constitution ne l'autoriserait pas. Ou alors on créé des Guantanamo en France. Non, ce n'est pas la solution".

 

 

 

 

L'enquête s'oriente vers la Belgique ?

 

"C'est la question épineuse des foyers de salafisme. Il y a en France aussi. Dans ces quartiers, on a quelques mosquées, des salles de prière improvisées où se prêche la mauvaise parole. Selon moi, il faut taper dans le tas. Arrêter les imams aux discours de haine, infiltrer ces quartiers-là. Eviter les concentrations, faire que les populations soient plus éclatées sur le territoire. C'est toujours le problème quand on crée non pas des zones de non-droit mais d'un autre droit, des zones de droit islamique si vous voulez. Pour ceux qui sont sous le coup de procédures judiciaires, il faudrait leur interdire de revenir dans leur ancien quartier".

 

 

 

 

 

Vous critiquez le regroupement des radicaux dans les prisons

 

"Si vous faites cela, vous décidez qu'ils resteront salafistes. C'est l'inverse de la déradicalisation. Je ne sais pas à quoi on joue en France sur le sujet".

 

 

 

 

 

Que faut-il améliorer dans l'échange de renseignements ?

 

"Dans le renseignements, la cohésion s'est améliorée dans l'espace Schengen. Dans le passé, certains étaient frileux, aujourd'hui, tout le monde a peur de l'Etat islamique, donc les infos passent. Si on élargie à la Turquie, par exemple, la fiabilité est loin d'être absolue. Ni la stratégie, ni les intérêts en jeu... Le problème, c'est qu'il n'y a pas que l'Europe, mais cela engage tous les pays qui gravitent autour de l'Etat islamique, de l'Irak, de la Syrie".

 

 

 

 

Les jeunes Français de retour de Syrie ont défilé dans votre bureau. Quel est leur profil? Leurs actions ont-elles quelque chose à voir avec la religion ?

 

"Non bien sûr, la religion n'est qu'un vernis. Ils ont une telle méconnaissance de leur religion que cela ne peut pas être leur moteur. A part trois versets sur le djihad, ils n'y connaissent rien. Une minorité - 10 % - a approfondi le sujet. Ils ont juste envie d'en découdre, de se venger de quelque chose". Recueilli par Alain Morvan

 

 

 

 

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Molenbeek, la plaque tournante

 

Quel est le point commun entre Medhi Nemmouche, tueur du musée juif, Ayoub el-Khazzani, à la tentative avortée dans le Thalys, et deux frères, identifiés comme Salah et Ibrahim Abdeslam selon une information révélée hier soir par le Washington Post, susceptibles d'être l'un des assaillants du Bataclan et l'autre le logisticien de l'attentat de Paris ? Un nom : Molenbeek. Quartier de la capitale belge, à quelques kilomètres du siège de l'Union européenne.

 

 

 

 

L'ancienne cité industrielle, où "80 % de la population est composée de personne d'origine maghrébine, selon Françoise Schepmans, la bourgmestre, est devenue comme Verviers, près de Liège, un foyer de l'islam radical. Il y a quelques années, l'une des plus grandes filières de recrutement, Sharia4Belgium, basée à Anvers, a favorisé les départs à destination de la Syrie et de l'Irak. Un pendant belge de la filière des Buttes-Chaumont (des frères Kouachi et de Coulibaly), dont le fondateur, Fouad Belkacem, a été condamné en février à 12 ans de prison.

 

 

 

 

Pourquoi les jeunes succombent-ils à cet appel du djihad ? La misère sociale joue un rôle, et ouvre des boulevards au prosélytisme d'un islam jugé "rigoriste", d'inspiration wahhabite. Les autorités n'auraient pas pris non plus la mesure de ce glissement  progressif vers l'ultra-radicalisation, laissant Molenbeek se métamorphoser en plaque tournante du djihadisme européens. "Ce n'est pas la première fois qu'on retombe sur les mêmes quartiers", a reconnu le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders, "cette fois il faut engager le travail de fond et aller jusqu'au bout". Parmi les 450 Belges partis au Moyen-Orient, plus d'une cinquantaine seraient issus de Molenbeek.

 

 

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16/11/2015
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