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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du jeudi 15 décembre 2016

 

 

 

DIPLOMATIE - CONSEIL EUROPÉEN AUJOURD'HUI À BRUXELLES

 

 

L'Europe reste toujours suspendue au Brexit

 

 

L'Europe devrait décider aujourd'hui de créer une sorte d'état-major permanent. Mais la sécurité est bien le seul domaine dans lequel l'Europe avance encore, six mois après le vote du Brexit.

 

 

D'abord, la sidération. Le 24 juin au matin. L'Union européenne se réveillait à 27, après le "no" britannique et un Brexit que nul n'avait vraiment anticipé. Puis aussitôt, une promesse de réaction l 'Europe avait compris le message, elle allait changer... Mais six mois après le Brexit, le Conseil européen se réunit sur un bilan plutôt mitigé.

 

 

 

Brexit en suspens

 

Le Royaume-Uni, il faut le rappeler, est toujours membre de l'Union européenne. Mais déjà un peu sur la touche : ce soir, la Première ministre Theresa May ne participera pas au dîner durant lequel les 27 discuteront des modalités de la négociation. De même, le Britanniques sont fermement conviés à ne pas s'opposer aux mesures devant s'appliquer après leur départ, par exemple sur la défense. Le point positif est que les 27 s'avancent unis dans la négociation, pour l'instant...

 

 

 

Sécurité tous azimuts

 

Verrouillage des frontières européennes, intensification de la coopération des polices, avancées sur la défense commune : les 27 ont pris appui sur le "no" anglais pour avancer sur ces dossiers. Le Conseil devrait ainsi confirmer la mise en place d'un système de contrôle de toutes les personnes non soumises à visa entrant et sortant de l'Union, sur le modèle de l'Esta américain. Et il se félicitera du déploiement au début du mois des 1 500 premiers gardes-frontières de Frontex, avec des moyens et des pouvoirs toujours plus étendus.

 

 

 

Migrants en souffrance

 

Tous d'accord pour verrouiller l'Europe, les 27 ne le sont plus du tout, en revanche, quand il s'agit d'accueillir des réfugiés. Le président de la Commission Jean-Claude Juncker ne cesse de dénoncer le "chacun pour soi " des États face à ses demandes de relocalisation des migrants. Des pays s'y refusent absolument, notamment la Pologne et la Hongrie. Le blocage ne sera pas levé aujourd'hui. Pendant ce temps, l'Italie fait face : déjà 173 000 arrivées cette année, 20 % de plus que l'année dernière. Et la Grèce vient d'apprendre que les États pourront bientôt lui renvoyer les migrants entrés dans l'Union via son territoire.

 

 

 

Euro en attente

 

La Grèce n'a pourtant vraiment pas besoin de ça, étranglée qu'elle est par les dissensions entre la Commission européenne et le FMI sur les meilleurs moyens de la sauver de la faillite. L'Union a ainsi suspendu hier tout allégement de la dette, parce que le gouvernement grec veut limiter la hausse de la TVA dans les îles de l'est de la mère Égée... en première ligne dans l'accueil des migrants !

 

 

Plus généralement, les projets de refonte et de relance de l'euro, souvent d'origine française, sont encalminés. Sur ce point, rien ne bougera avant les législatives allemandes, en septembre 2017. Francis Brochet

 

 

 

 

 

 

Une montée en Défense

 

 

En terme de diplomatie, on appelle ça "un contexte géopolitique" : une Russie plus intrusive avec Poutine, des États-Unis mois fiables avec Trump, et le terrorisme... Il dit l'urgence pour l'Europe de se doter d'une Défense commune. La France en avait fait sa priorité, lassée d'intervenir seule, comme au Mali.

 

 

La nouveauté est que François Hollande a trouvé le soutien de l'Allemagne d'Angela Merkel, libérée du réflexe pacifiste imposé par l'Histoire. Et le résultat devrait se lire dans les conclusions du Conseil européen : hausse des dépenses militaires nationales, concertation sur les équipements, fonds européen pour la recherche militaire, système de financement commun des opérations, et création d'un embryon d'état-major européen permanent - cette dernière avancée était jusque-là été bloquée par les Britanniques. Il n'est certes pas question d'une "armée européenne", ni même de prendre ses distances avec l'Otan, la Pologne et même l'Allemagne s'y refusent. L'objectif, résume un diplomate français, est d'acquérir les "moyens d'une autonomie stratégique". Ce serait déjà beaucoup.

 

 

 

 

 

Colin Hay - University of Sheffield et Sciences Po

 

 

 

 

"Le Royaume est déjà désuni"

 

 

 

 

"Brexit means Brexit", Brexit veut dire Brexit répète Theresa May. Mais les Britanniques savent-ils vraiment aujourd'hui ce que signifiera le Brexit ?

 

 

"Non, ils ne savent toujours pas ! Ce qui est plus claire, c'est que le Brexit doit absolument signifier la réduction de l'immigration venant de l'Union européenne, même si ça doit entraîner des conséquences négatives pour l'économie britannique. Theresa May préférerait l'obtenir en conservant l'accès au marché unique, mais je suis sûr qu'elle reconnaît que c'est peu probable en privé, et même presque publiquement...".

 

 

 

L'Europe adopte une position assez dure avec Michel Barnier

 

 

"Ce n'est pas une surprise : le Royaume-Uni ne peut pas se voir offrir une négociation trop facile, sous peine de voir proliférer les référendums de sortie de l'Union dans d'autres États membres. Et ce discours peut encore se durcir, si le Brexit devient un sujet de l'élection présidentielle française ou des législatives allemandes, avec l'idée de "punir" les Britanniques".

 

 

 

Le risque existe d'un "Royaume-(dés) Uni" par la Brexit ?

 

 

"Le vote a montré à quel point le Royaume est déjà désuni : maximum pour le "remain" (rester) en Écosse et en Irlande du Nord, maximum pour le "leave" (quitter) en Angleterre et au Pays de Galles... La priorité actuelle de l'Écosse est de négocier avec  Westminster (le pouvoir britannique) la possibilité d'un accord particulier avec l'Union européenne, afin de préserver son accès au marché unique. Cet accord éviterait sans doute un deuxième référendum sur l'indépendance. Mais pour l'instant, le pouvoir britannique refuse toute idée d'accord séparé". Propos recueillis par Francis Brochet

 



17/12/2016
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