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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du dimanche 26 juin 2016

 

 

UNION EUROPÉENNE - L'APRÈS BREXIT

 

 

Le Brexit ne fait pas dérailler l'Eurostar

 

 

À bord de l'Eurostar entre Londres et Paris, le Brexit fait évidemment partie des principaux sujets de conversation. Mais pour les passagers, l'impact du vote britannique se limite pour l'instant à la chute de la livre sterling qui a un effet sur le prix des consommations au bar.

 

 

 

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ien n'a changé pour les formalités à l'embarquement, mais le Brexit a déjà un premier impact à bord de l'Eurostar. Depuis vendredi, les passagers qui viennent consommer au bar n'ont jamais été si nombreux à vouloir payer en livres sterling pour profiter de la chute de la monnaie britannique. D'habitude, les gens ont plus l'habitude de régler la note en euros, mais aujourd'hui tout le monde veut payer en livres sterling", constate, amusé, Baptiste, un des stewards du train à grande vitesse qui relie Londres à Paris en moins de 2 H 30.

 

 

Le personnel d'Eurostar craint à plus long terme une baisse du nombre de passagers à bord du train emprunté chaque année par plus de 10 millions de voyageurs. Depuis la mise en service de ce tunnel sous la Manche, l'Eurostar a transporté plus de 163 millions de personnes qui ont pu avoir l'impression que la Grande-Bretagne n'était plus vraiment une île. "Nous avons une importante clientèle business, beaucoup d'hommes d'affaires font l'aller et retour dans la journée. Ils risquent d'être moins nombreux après le Brexit", avance Baptiste.

 

 

 

Des passagers surtout europhiles

 

 

Le choix des Britanniques de tourner le dos à l'Europe fait partie des principaux sujets de conversation à bord de l'Eurostar. Les passagers habitués à voyager sur le continent sont évidemment très europhiles. La plupart ont voté pour le maintien au sein de l'Union européenne. "J'ai honte pour mon pays", réagit Alex, un jeune Britannique de 22 ans qui se rend à Paris pour assister au match de l'Euro entre l'Italie et l'Espagne lundi au Stade de France. Il s'inquiète du fossé entre les générations qu'a mis en évidence le référendum. "Près de 75 % des jeunes de 18 à 24 ans ont voté contre le Brexit. Les partisans de la sortie de l'UE ont fait une erreur qu'ils vont sans doute regretter", juge-t-il, en craignant d'être un jour obligé de demander un visa pour se rendre en France. "Je n'ai pas du tout envie d'avoir le sentiment de vivre sur un île isolée du reste du monde", ajoute-t-il.

 

 

 

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"La jungle de Calais un autre échec de l'Europe"

 

 

À bord de l'Eurostar, Jerry est l'un des rares passagers britanniques ravis du résultat du référendum. "Je ne suis pas Britannique, je suis Anglais. Ma famille est anglaise depuis au moins dix siècles", corrige-t-il quand on lui demande sa nationalité. "Nous somme en train de perdre notre identité. Il y a eu un référendum sur le maintien du Royaume-Uni au sein du marché commun en 1975, mais on ne nous a jamais demandé si on voulait faire partie de l'Union européenne. Les politiciens nous ont trompés", critique le sexagénaire, proche des thèses anti-immigration du parti Ukip de Nigel Farage.

 

 

Par la vitre de l'Eurostar qui vient d'entrer sur le territoire français, Jerry regarde d'un air inquiet les alignements de clôtures et les gendarmes mobiles qui surveillent les abords du tunnel sous la Manche à Calais. "Les migrants ne devraient pas pouvoir arriver aussi facilement dans le Nord de la France, aux portes de l'Angleterre. C'est la faute des frontières ouvertes. C'est un autre échec de l'Europe", juge-t-il.

 

 

 

"L'Économie a besoin de main-d'oeuvre étrangère"

 

 

Martin, un Irlandais qui vit à Londres depuis 19 ans, avoue ne pas comprendre le vote des Britanniques. "Les électeurs n'ont pas répondu à la question qui leur était posée. Ils ont voté contre l'immigration, alors que l'économie britannique a besoin de cette main-d'oeuvre étrangère. Je travaille dans le bâtiment pour une entreprise qui emploie 150 Européens de l'Est, des Polonais, des Roumains et des Ukrainiens, et seulement une vingtaine d'Anglais. Ils viennent pour travailler, par pour toucher des avantages sociaux. Si on les renvoie chez eux, qui travaillera sur les chantiers ?".

 

 

Martin craint aussi les conséquences du Brexit pour l'économie irlandaise, qui exporte 90 % de sa production vers le Royaume-Uni. Mais dans l'Eurostar qui l'amène à Paris, il pense surtout au match France-Irlande qu'il va suivre à Lyon. Le foot, comme une échappatoire pour oublier ce Brexit qui donne des cauchemars à certains. À Londres, Luc Chaillot

 

 

 

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Ces Britanniques qui pétitionnent pour rester !

 

 

Et si l'on revotait ? Hier, peu après 19 h 15, ils étaient déjà plus de deux millions à le réclamer par une pétition en ligne - soit 500 000 signatures de plus qu'à 16 heures ! leur argument : un écart faible, pour une participation relativement peu élevée. Leur espoir :  le Parlement britannique est tenu d'examiner toute pétition dépassant les 100 000 signatures.

 

 

La demande n'a aucune chance d'aboutir. Comme l'a superbement dit le Commissaire européen britannique Jonathan Hill, annonçant sa démission : "J'aurai voulu que cela se terminât autrement, mais le peuple britannique a pris une décision différente et c'est comme ça que fonctionne la démocratie".

 

 

Cette pétition témoigne cependant de la frustration d'une partie de la population, qui n'avait pas imaginé la victoire du Leave. Une autre pétition réclame au nouveau maire de Londres, Sadiq Khan, de déclarer l'indépendance de la ville pour rejoindre l'Union européenne : elle dépassait hier les 130 000 signature. "C'est parti comme une blague, un cri de frustration et de désespoir... Je n'en reviens pas", explique son initiateur, James O'Malley, 29 ans.

 

 

Le lieu et l'âge sont importants. Les Londoniens voulaient rester dans l'UE (près de 60 %), comme les moins de 25 ans (73 %). Sur le réseau social Twitter, ils se signalent par #NotInMyName, ("Pas en mon nom"). "Les jeunes qui ont voté massivement pour rester ne doivent pas être dépossédés", a déclaré hier Jeremy Corbyn, le chef du Labour (Parti travailliste). Signe de l'ouverture d'un nouveau front politique. F.B.

 

 

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27/06/2016
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