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L'AIR DU TEMPS

la Tribune - le Progrès du vendredi 15 août 2014

 

 

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ECONOMIE - La France en panne : faut-il tout changer pour relancer ? Croissance zéro pour le deuxième trimestre consécutif. Que faire pour remettre en marche une économie française à l'arrêt après deux ans de méthode hollandaise ? Le débat montre entre partisans et adversaires de la rigueur.

 

 

0 % la croissance française d'avril à juin, comme au premier trimestre. La hausse de la consommation des ménages a été contrebalancée par la baisse des investissements des entreprises et le déficit extérieur. La croissance pourrait atteindre 0,5 % sur l'année.

 

 

"Le retournement de la conjoncture promis par François Hollande apparaît pour ce qu'il était : un leurre, une basse manoeuvre politicienne pour gagner du temps. Le pacte de responsabilité ne suffira pas à relancer l'activité. Pour les Français, l'avenir est sombre". François Fillon, ancien Premier ministre

 

 

"La crise est finie", a tant de fois affirme François Hollande. "La reprise est là", a-t-il renchéri le juillet... Résultat : croissance zéro, économie en panne. Et la question a aussitôt resurgi : faut-il changer de politique ? Allez vers plus de réformes dans la rigueur, ou relâcher la contrainte.

 

 

 

 

"Rompre avec l'austérité"...

 

Pour le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, il est tant d'abandonner l'objectif de 3 % de déficit, afin de pouvoir soutenir la demande et relancer l'économie. "Il faut rompre avec l'austérité", résume la CGT.

 

 

"Il faut déverrouiller l'étau budgétaire", nous explique Juliette Méadel, secrétaire nationale du PS. En demandant un report de l'échéance des 3 % ou en modifiant le mode de calcul : "on pourrait sortir du déficit les investissements publics dans la recherche ou l'innovation".

 

 

 

Juliette Méadel en est convaincue, ces derniers indices contribuent à "fissurer le dogme de l'austérité". Il faut maintenant forcer le débat avec l'Allemagne, qui ne va pas beaucoup mieux que nous. Quant à l'appel aux réformes structurelles, il ne serait que "le cache-misère de l'austérité bruxelloise, de l'orthodoxie budgétaire.

 

 

 

 

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... ou "big bang"...

 

Pas du tout, affirme l'économiste Partrick Artus : la France n'a pas un problème de demande, mais "un problème d'offre massif, de manque de compétitivité de ses entreprises". L'économiste Gilbert Cette qui avait appelé à voter Hollande, est du même avis, et insiste sur la nécessité de profondes réformes .

 

 

 

Ce point de vue est plutôt celui de Manuel Valls, au moins dans ses discours: réformer plus vite, plus fort, répète-t-il depuis son arrivée à Matignon. Il est aussi celui d'une bonne partie de la droite qui, après avoir elle-même creusé les déficits et augmenté les impôts face à la crise, réclame aujourd'hui de faire le contraire.

 

 

 

 

... ou synthèse hollandaise ?

 

On peut supposer qu'avec le président Hollande, la voie choisie sera médiane. Son ministre des Finances Michel Sapin le laisse entendre dans le Monde : pas question de changer de politique en France, ni de revenir, comme le souhaitaient les députés "frondeurs" socialistes sur les baisses de charges et d'impôts accordées aux entreprises. En revanche, l'assaut est lancé contre les 3 % en  2015, avec une demande "d'adaptation du rythme de réduction des déficits à la situation économique actuelle".

 

 

 

Ce n'est pas impossible à obtenir de la Commission et d'Angela Merkel. Mais il y aura sans doute un prix à payer : davantage de réformes structurelles. Aller au-delà du redécoupage des régions, entamé au printemps, et de la chasse aux "rentes professionnelles" que doit lancer cet automne le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg. A Matignon, on commence ainsi à envisager une nouvelle réforme des retraites, tout en espérant que les partenaires sociaux avanceront de leur côté sur la réforme du Code du travail. Même la synthèse pourrait être douloureuse... François Brochet

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Toute l'Europe tourne au ralenti

 

 

La croissance stagne en zone euro

 

 

Surprise, l'Allemagne va encore plus mal que la France : sa croissance a été négative au deuxième trimestre (-0,2 %), selon Eurostat. "C'est à relativiser", estime l'économiste Gilbert Cette, qui rappelle le + 0,8 % du premier trimestre. Il n'empêche, l'ensemble de la zone euro est en croissance zéro au deuxième trimestre, malgré un mieux au Portugal et en Espagne (+ 0,6 %).

 

 

 

Et le coupe de frein est mondial : le FMI (Fonds Monétaire International) a baissé fin juillet ses prévisions sur l'année à 3,4 %, contre 3,7 % en avril. "Les aléas géopolitiques se sont aggravés depuis avril, expliquait le FMI : les risques d'une flambée des cours du pétrole s'accentuent en raison des récents événements au Moyen-Orient, et ceux liés à l'Ukraine persistent".

 

 

 

Autre cause de ce retour de prudence, selon le chef économiste du Fonds Olivier Blanchard, le refus de l'Europe d'accélérer la sortie de crise par des politiques d'investissement public, qui viendraient soulager la rigueur des réductions de déficit. Beau sujet de débat pour le Conseil européen du 30 août...

 

 

 

 

----------------------------- Questions à Gilbert Cette -----------------------------

 

 

 

Economiste à l'université d'Aix-Marseille

 

 

 

 

"Il n'est jamais trop tard pour réformer..."

 

 

 

 

Le retour de la croissance n'est pas au rendez-vous. Pourquoi ?

 

 

La France est en train de devenir le pays malade de l'Europe. Les moteurs de croissance sont au point mort : la demande publique ne peut repartir, du fait de la consolidation fiscale ; les entreprises sont frileuses, car la demande n'engage pas à investir ; et la baisse de l'inflation, qui avait soutenu le pouvoir d'achat et la demande des ménages, et derrière nous. A l'extérieur, la demande n'est pas favorable, et notre compétitivité n'est pas bonne...

 

 

 

 

Que faire, selon vous ?

 

Trois réformes pour dynamiser la productivité à court terme, et l'innovation à moyen terme. Un "big bang" du marché du travail, en ouvrant l'espace des décisions prises par accord collectif au niveau des entreprises et des branches, et en revoyant l'exception française du smic. Un "big bang" du marché des biens, par une libéralisation complète des professions protégées. Et un "big bang" de l'Etat pour contenir les dépenses publiques et améliorer leur efficacité. Nous aurions dû lancer ces réformes il y a deux ans,mais il n'est jamais trop tard pour bien faire, même si c'est plus dur économiquement, et bien sûr politiquement.

 

 

 

 

Et pourquoi ne pas changer de politique, s'affranchir des contraintes budgétaires ?

 

 

Les partisans de cette autre politique font une erreur totale de diagnostic : la France ne pâtit pas d'une insuffisance de la demande, mais d'une insuffisance d'offre compétitive, comme le montre le déficit de notre commerce extérieur. Mais puisque les 3 % de déficit paraissent très difficiles à atteindre, il faut essayer d'obtenir un délai contre les trois "big bang" que j'évoquais. Recueilli par Francis Brochet

 

 

A lire : "changer de modèle" (Ed. Odile Jacob).

 

 

 

 

Coup de froid sur l'emploi

 

Les mauvais chiffres d'hier auront évidemment des répercussions négatives sur nos emplois et notre pouvoir d'achat.

 

 

 

 

Chômage : pas de baisse

 

L'économie française a recommencé à créer des emplois au deuxième trimestre, exactement 15 300 postes (+ 1,0%) selon l'INSEE. C'est bien, mais peu. D'autant que l'amélioration vient d'abord de l'intérim, tandis que les emplois continuent d'être détruits dans l'industrie (-0,3 %) et la construction (-0,6 %).

 

 

Tout indique en fait que le chômage va continuer de croître cette année, et même encore l'année prochaine. Pour qu'il diminue, il faut que l'économie crée entre 100 000 et 150 000 postes, afin d'absorber l'entrée sur le marché des jeunes générations, plus nombreuses. Cela veut dire une croissance d'au moins 1 % or elle est attendue à 0,5 % cette année, et à peine plus de 1 % l'année prochaine. Rappelons que le chômage est à un niveau record de plus de 5 millions de personnes.

 

 

 

 

Pouvoir d'achat : pas de hausse

 

En préparant son budget, l'automne dernier, le gouvernement prévoyait une hausse de 0,8 % du pouvoir d'achat cette année. On risque d'en être loin, malgré les mesures fiscales décidées en faveur des ménages modestes par Manuel Valls. Le manque de croissance pèse en effet sur le chômage et les salaires, donc les revenus. Et la stabilité, voire la diminution des prix, qui a soutenu le pouvoir d'achat, tend vers sa fin. Rappelons que le pouvoir d'achat a baissé en 2012 (- 0,9 %) et stagné l'année dernière. F.B

 

 

 

 

 

LES CHIFFRES

 

 

 

Croissance

 

0 % en France au deuxième trimestre, et 0,5 % espéré sur l'année, selon le ministre des Finances. En zone euro, elle est également de 0 %, rendant optimiste la prévision sur l'année (+ 1,2 %) de la Commission européenne, livrée en mai dernier.

 

 

 

 

Inflation

 

Après une baisse des prix en juillet par rapport à juin (-0,3 %), elle s'établit en France à un rythme annuel très faible (+ 0,5 %), comme dans la zone euro (+ 0,4 %). On ne peut cependant parler de "déflation", qui désigne une baisse des prix sur plusieurs mois.

 

 

 

 

Déficits

 

Les déficits publics (Etat, collectivités et hôpitaux) étaient programmés à -3,8 % cette année pour atteindre les fameux - 3% l'année prochaine. Ils pourraient déraper à - 4,3 % (contre - 2,6 % en zone euro), rendant inaccessible l'objectif suivant.

 

 

 

 

Dette

 

Son niveau dérape également à plus de 95 %, loin des 60 % requis par le pacte de stabilité européen. Maigre consolation : la France est dans la moyenne de la zone euro (96 %).

 

 



15/08/2014
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