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L'AIR DU TEMPS

Franceinfo - le mardi 15 janvier 2019 - mis à jour le 16.01.19

 

 

Grand débat national : neuf séquences à retenir de la réunion marathon d'Emmanuel Macron avec les maires normands

 

 

 

Fiscalité, mobilité, référendum d'initiative citoyenne, services publics... Emmanuel Macron a répondu pendant plus de six heures à plus de 600 élus rassemblés à Grand Bourgtheroulde pour donner le coup d'envoi du grand débat national

 

 

 

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Le chef de l'Etat Emmanuel Macron prend la parole dans le gymnase de la commune de Grand Bourgtheroulde (Eure), le 15 janvier 2019, devant 600 maires normands. (LUDOVIC MARIN / AFP)

 

 

 

Le grand débat national s'est ouvert avec une première réunion marathon. Pendant près de sept heures, mardi 15 janvier, Emmanuel Macron a répondu sans interruption aux interrogations de 600 maires normands, rassemblés à Grand Bourgtheroulde (Eure) pour donner le coup d'envoi de cette initiative destinée à répondre à la colère des "gilets jaunes". Fiscalité, mobilité, services publics... Le président de la République a été sollicité sur de multiples thèmes. Si vous n'avez pas suivi l'intégralité de cette longue conversation avec les élus, voici les principales séquences à retenir.

 

 

>> Durée, lieux, coordination... Comment va s'organiser le grand débat national

 

 

 

La crise des "gilets jaunes" : "une chance" pour la France

Que va changer la crise des "gilets jaunes" ? A en croire Emmanuel Macron, "la période que nous sommes en train de venir pose beaucoup de défis à notre pays". "Mais plus profondément, je pense que nous pouvons faire du moment que traverse la France une chance", a lancé le président en introduction à sa rencontre avec les maires, évoquant une quadruple "fracture" dans le pays, "sociale", "territoriale", économique" et "démocratique".

 

 

"Toutes ces fractures, on les a devant nous et d'un seul coup les choses s'effritent, a-t-il poursuivi. Je pense qu'il ne faut pas en avoir peur. Il faut refuser la violence car rien ne sort de la violence. Il faut refuser la démogagie, car l'addition des colères n'a jamais fait une solution. Mais il nous faut construire des solutions pour le pays."

 

 

 

L'ISF : "pas du tout un tabou, ni un totem"

Penser qu'en rétablissant l'impôt de solidarité sur la fortune, "la situation d'un seul 'gilet jaune' s'améliorera, c'est de la pipe". Devant les maires, Emmanuel Macron a encore une fois défendu sa réforme de la fiscalité"Beaucoup de gens disent : il faut remettre l'ISF, comme ça on serait justes, a-t-il dit. D'abord, je leur demande : est-ce qu'on vivait mieux avant ? Ben non. Beaucoup de problèmes dont ils nous parlent, pardon de le dire, y compris quand il y avait un ISF très important, n'étaient pas réglés."

 

 

Le président de la République a assuré que l'ISF n'était "pas du tout un tabou, ni un totem" pour lui. Pour autant, "le gouvernement a pris des textes et le Parlement a voté ce sur quoi, en tant que candidat, je m'étais engagé. Donc il n'y a pas de surprise, il n'y a pas de tromperie. Et ça me semble être une bonne règle démocratique de faire ce sur quoi on s'est engagés auprès de ses concitoyens", a-t-il conclu. En clair, "cette réforme doit être évaluée, mais on ne va pas renoncer à une réforme d'il y a un an".

 

 

 

La colère d'une élue locale : "Notre pays va dans le mur"

Elle dit avoir longuement hésité à venir. Dominique Chauvel, maire de Saint-Valery-en-Caux (Seine-Maritime), a finalement pris la parole face à Emmanuel Macron, se décrivant comme une élue "désabusée, lasse, déçue", mais surtout "une femme qui a peur". "Aujourd'hui j'ai peur pour mon pays, a-t-elle expliqué. Mon pays il est féminin, il est masculin, il est jeune, il est âgé, il est de toutes les couleurs, de toutes les croyances et c'est ce pays-là que j'aime, ce pays sur lequel on peut compter, ce pays qui ne laisse personne au bord du chemin."

 

 

Notre pays va dans le mur de l'intolérance, des extrémismes, dans le mur où chacun va se refermer, va rester sur soi, où il n'y aura plus de collectif et ça je ne le veux pas pour mon pays.Dominique Chauvel, maire de Saint-Valery-en-Caux (Seine-Maritime)

 

 

L'élue dit "souhaiter" qu'Emmanuel Macron réussisse et a appelé chacun à "tendre la main à son voisin, aux gens qui de l'autre côté de la Méditerrannée sont en train de crever…" En cas d'échec, a-t-elle conclu, "notre pays est au bord du gouffre et je crains que des fascistes, des heures noires nous attendent".

 

 

 

Le chômeur qui n'a "qu'à traverser la rue" : "On fait des caricatures"

C'est une petite phrase qui est revenue comme un boomerang. Durant la réunion, Emmanuel Macron a évoqué les raisons pour lesquelles autant de Français se sont mobilisés "sur la mobilité et le carburant". "Ce sont ces Français à qui on a dit 'tu veux un boulot, ben t'as pas le choix, il faut venir travailler dans la grande ville'", a débuté le président de la République, suscitant des rires dans la salle. Certains élus ont alors rappelé au chef de l'Etat son conseil, adressé à un demandeur d'emploi, à qui il avait recommandé de "traverser la rue" pour trouver du travail.

 

 

"Moi, là où j'habite, en traversant la rue, je peux vous dire on en trouve, a commenté le chef de l'Etat. Mais c'est pas vrai partout et donc parfois on fait des caricatures en pensant que ce qu'on dit à un moment à quelqu'un de bonne foi, c'est vrai partout et ce serait un message dit à tous les Français. Que voulez-vous ? On est au temps du numérique, de l'information en continu… C'est tout. Je suis comme ça et je ne changerai pas."

 

 

Un peu plus tôt, le président de la République avait d'ailleurs à nouveau prononcé une petite phrase très commentée. Devant des élus d'une autre ville normande, Emmanuel Macron a promis de "responsabiliser" les personnes "en situation de difficulté", "car y en a qui font bien et il y en a qui déconnent".

 

 

 

La limitation à 80 km/h : des aménagements possibles

La mesure reste impopulaire chez les automobilistes : la limitation de la vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires reste difficilement acceptée par certains dans les zones rurales et a fait irruption lors de ce face-à-face avec les maires. Sans faire marche arrière, Emmanuel Macron s'est montré ouvert à des aménagements "Il faut ensemble que l'on trouve une manière plus intelligente de [la] mettre en œuvre. Il n'y a pas de dogme", a déclaré le président.

 

 

"Est-ce qu'il faut tout arrêter ? Franchement non…", a-t-il poursuivi. "Est-ce qu'on peut faire quelque chose qui soit mieux accepté et plus intelligent, sans doute oui." Le chef de l'Etat a appelé les maires à "faire des propositions" sur ce dossier qui "fait partie du débat", sans plus de précisions sur ce qu'il attendait.

 

 

 

Les services publics : "On n'a pas assez de fonctionnaires de guichet"

Emmanuel Macron a promis "un Etat qui accompagne davantage", comparant l'accès aux services publics dans certaines zones rurales à la situation dans certains quartiers difficiles. "On a perdu et on a fermé ce que j'appelle souvent les fonctionnaires de guichet et qui accueillent les gens et qui sont à portée d'engueulade, a-t-il déploré. Ce sont des gens qui cherchent des solutions parce qu'ils ont besoin d'en trouver parce qu'ils ont en face d'eux des gens qui ont des problèmes."

 

 

On a préservé beaucoup d'emplois de gens qui sont peut-être plus protégés des réalités directes. Donc on a peut-être trop de fonctionnaires de circulaire et pas assez de fonctionnaires de guichet. Emmanuel Macron

 

 

Le président de la République a prôné un rééquilibrage, à condition, dans le même temps, de réduire le nombre de fonctionnaires "au niveau central".

 

 

 

Le moment de tension : l'interruption d'un député communiste

Cette rencontre avec les élus a aussi été l'occasion d'un accrochage entre le député communiste Sébastien Jumel, élu de la région, et le ministre Sébastien Lecornu. Alors que le premier a souhaité intervenir sans y avoir été invité, le second l'a invité à laisser les autres élus s'exprimer.

 

 

"Monsieur le député, vous avez l'occasion, le loisir et la légitimé d'interpeller le gouvernement chaque semaine et en plus de le faire avec talent, a répliqué Sébastien Lecornu au moment de l'interruption. Dans ce gymnase, vous avez des centaines de collègues (…) qui n'ont pas la chance habituellement de pouvoir poser en direct [des questions] au président de la République. Je vous propose de continuer l'échange car les maires de la Manche ont droit au respect."

 

 

Lundi, Sébastien Jumel avait dénoncé les conditions d'organisation de ce grand débat national. "Emmanuel Macron nous dit l'ISF, pas touche. Le CICE, pas touche. L'exit tax, la flat tax, pas touche. Autrement dit, Macron ferme le ban à propos des mesures qui ont provoqué et accentué la colère des oubliés, des humiliés de la République", avait-il déploré. "Tout cela nous incite à bousculer le débat de demain", ajoutait-il alors.

 

 

 

Le RIC : "On prend rarement les décisions difficiles par référendum"

C'est l'une des revendications les plus partagées par les "gilets jaunes" : le référendum d'initiative citoyenne, appelé communément RIC. Sur ce point, Emmanuel Macron a émis quelques réserves. S'il a reconnu qu'une "réflexion sur nos différentes formes de démocratie" avait sa place dans le grand débat national, le chef de l'Etat estime qu'"on ne doit pas créer une situation de concurrence entre les formes de démocratie". "Si un référendum d'initiative citoyenne, chaque matin, peut revenir sur ce que les parlementaires ont voté, là on tue la démocratie parlementaire". Selon lui, "il faut de l'expression citoyenne mais il ne doit pas y en avoir sur tous les sujets."

 

 

Le président de la République a également estimé que le rejet par référendum, en 2005, du projet de constitution européenne, suivi en 2007 de l'adoption par la voie parlementaire du traité de Lisbonne, avait créé une "frustration" et une "tension".

 

 

Il faut qu'on mette une forme de verrou, quand le peuple s'est exprimé par référendum sur un sujet. Emmanuel Macron devant 600 maires normands

 

 

En clair, il faut faire en sorte que "le peuple souverain, par la voie de ses représentants, ne [puisse] pas y revenir pendant une certaine période, en tout cas dans les mêmes termes."

 

 

 

La standing ovation finale : "La République, c'est nous"

Après près de sept heures de questions-réponses, Emmanuel Macron a fini par mettre fin lui-même à son face-à-face avec les 600 maires normands. Ces derniers se sont levés pour adresser une standing ovation au chef de l'Etat. S'en sont suivies de longues secondes d'applaudissements... jusqu'à ce que le président de la République reprenne la parole pour dire "merci", merci d'avoir été là", "d'être restés jusqu'au bout."

 

 

Il a ensuite redit qu'il croyait fort en ce grand débat national. "On ne va pas trouver des solutions à tout" mais "je pense qu'on peut lever beaucoup de malentendus", "je veux en faire un acte 2 de ce mandat." Emmanuel Macron a fini par s'adresser directement aux élus. Avant de lâcher le micro. 

 

 

Merci pour tout ce que vous faites toute l'année, parce que vous tenez la République au quotidien. (...) La République, c'est nous. C'est nous.Emmanuel Macron face à 600 maires normands.

 



16/01/2019
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