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L'AIR DU TEMPS

Franceinfo - le jeudi 27 septembre 2018

 

 

Le médecin qui avait lancé l'alerte sur les prothèses PIP dénonce la dangerosité de nouvelles prothèses mammaires

 

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Solenne Le HenRadio France

 

 

 

Si une cinquantaine de cas ont été recensés en France, le docteur Christian Marinetti conseille de ne pas s'affoler, mais de les surveiller

 

 

 

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Le Dr Christian Marinetti, ici le 6 janvier 2012 à Marseille, avait lancé l'alerte sur les prothèses PIP. (SOUILLARD BRUNO / MAXPPP)

 

 

 

Le docteur Christian Marinetti lance, jeudi 27 septembre sur franceinfo, un appel pour dénoncer la dangerosité de certaines prothèses mammaires fabriquées par le leader mondial du marché. Le chirurgien-plasticien et esthétique marseillais accuse le modèle de prothèses mammaires texturées Biocell, de l'Américain Allergan, de provoquer un cancer très rare, le lymphome anaplasique à grandes cellules.

 

 

Celle qui donne le plus de problèmes de lymphome, c'est la Biocelle d'Allergan.Christian Marinetti à franceinfo

 

 

Pour lancer ses accusations contre le leader mondial des prothèses mammaires, le docteur Christian Marinetti s'appuie sur un rapport de l'agence du médicament (ANSM). En France, depuis 2011, l'ANSM a recensé 50 cas, dont plusieurs ont été fatals. Sur 400 000 à 500 000 femmes porteuses d'implants mammaires, cela peut sembler peu.

 

 

Pour Christian Marinetti, il existe un point commun à presque toutes les femmes malades : "Celle qui donne le plus de problèmes de lymphome, c'est la Biocelle d'Allergan." La prothèse mammaire Biocell de l'Américain Allergan est texturée, c'est-à-dire que pour mieux adhérer au sein, elle a un aspect granuleux. C'est ce qui pourrait provoquer ces lymphomes.

 

 

Pas d'affolement à avoir

Pour autant, pas d'affolement, tient à rassurer le lanceur d'alerte du scandale PIP : "Comme pour un médicament, les prothèses ont des effets secondaires. Celui-là est grave, mais rare." Il conseille de ne pas s'affoler, de ne pas retirer ces implants aux femmes qui en porteraient, mais de les surveiller. "Le risque est faible, précise-t-il, mais maintenant que nous le connaissons, nous sommes obligés d'en tenir compte."

 

 

La prothèse réparatrice du cancer du sein, "c'est la Biocell", rappelle le médecin. "Elle a permis à des tas de femmes qui ont eu un cancer du sein, qui ont été amputées du sein, de retrouver une apparence physique normale". Christian Marinetti ne veut pas bannir ces implants. Il va continuer à utiliser la Biocell "quand on ne peut pas faire autrement". Ce sera aux chirurgiens "d'évaluer sur le terrain quels sont les avantages ou les inconvénients d'utiliser tel ou tel type d'implant dans l'intérêt du patient". Les implants mammaires ont une durée de vie de 10 ans : "Surveillons, encore de plus près que les autres, les patientes ayant des Biocell."

 

 

Allergan se pliera aux autorités sanitaires

Allergan France, contacté par franceinfo, reconnaît la part importante de ses prothèses dans les cas de lymphomes, mais se défend : "C'est parce que nous sommes aussi la marque la plus implantée", clame son président Francis Lemoine. "Nos prothèses sont marquées, donc facilement identifiables lorsqu'on les retire, et donc plus traçables, c’est aussi pour cela que nos prothèses sont le plus citées dans ces cas de cancers".

 

 

Francis Lemoine ajoute qu'"il n’est pas question, comme dans l’affaire PIP, de fraude. Ni pour l’instant de retrait. Nous nous conformerons évidemment aux recommandations des autorités sanitaires qui seront prises à l’automne." Les autorités sanitaires devraient en effet exprimer leurs recommandations sur le sujet d'ici la fin du mois de novembre.

 

 

Après la publication de cet article, le docteur Christian Marinetti tient à apporter les précisions suivantes :  "J’ai répondu aux questions de franceinfo en tant que Président du dernier Comité scientifique de l'ANSM concernant les lymphomes à grandes cellules liés aux implants mammaires (LAGC-AIM). Ce type de lymphome est extrêmement rare et est étudié en toute transparence depuis plusieurs années par les médecins et les autorités sanitaires de France et de nombreux pays. Le travail est rude et long en raison de l'importance des données à collecter, de leur imprécision, de la multiplicité des facteurs qui peuvent être en cause et du caractère indispensable de certaines prothèses mammaires si on veut reconstruire correctement un sein après amputation.

 

 

Depuis 2014 toute patiente qui doit subir une implantation est réglementairement informée de l'existence du LAGC. A ce stade, il n'y a personne à accuser de quoi que ce soit. Nous ne sommes pas dans l'affaire PIP ! La société Allergan est un fabricant sérieux d'implants mammaires et de produits et dispositifs médicaux qui a participé comme les autres fabricants en toute transparence aux études sur ce type de lymphome. L'implant dont il est question, la prothèse BIOCELL, est un implant essentiel, le plus utilisé dans la chirurgie réparatrice mammaire. Elle a permis et permet de restaurer au mieux l'image corporelle des patientes après amputation. Elle est souvent incontournable, car seule à même de se fixer vraiment dans les vastes espaces situés sous les lambeaux de peau et de muscle transposés sur le thorax, provenant du dos ou du ventre pour remplacer les tissus enlevés. D'autres implants que la BIOCELL pourraient s'avérer trop mobiles, se déplaçant dans toutes les directions sur le thorax, obligeant à pratiquer de nombreuses reprises chirurgicales non dénuées de risques.

 

 

Le LAGC est une pathologie très rare (600 cas environ répertoriés dans le monde en février dernier sur 40 millions environ de porteuses d'implants) qui mobilise néanmoins activement les autorités sanitaires, médecins, spécialistes de tous horizons et fabricants depuis plusieurs années. Suite au dernier Comité scientifique sur le sujet et au rapport de l'ANSM, les chirurgiens plasticiens, membres de la Société française de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique (SOFCPRE) vont se réunir en séance plénière en novembre pour évaluer, comme pour toute thérapeutique, la balance bénéfice/risque sur ce problème et émettre de façon collégiale des recommandations, en toute information des patientes elles-mêmes et dans leur propre intérêt."

 



01/10/2018
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