le Progrès du samedi 3 septembre 2016
SÉCURITÉ - ANTITERRORISME. "L'AFFAIBLISSEMENT DE DAECH RENFORCE LE RISQUE D'ATTENTAT"
Pour François Molins, procureur de Paris en pointe dans la lutte antiterroriste, les retours de djihadistes français augmentent la menace. Il estime que la rétention des fichés S est impossible.
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affaiblissement de Daech renforce le risque d'attentat" en France, estime, dans un entretien au Monde paru hier, le procureur de la République de Paris, François Molins : "Quand des organisations terroristes sont en difficulté sur zone, elles recherchent l'occasion de commettre des attaques à l'extérieur".
Or, Daech a perdu 30 % de son territoire et, pris dans le feu croisé russe, occidental, turc et syrien subi depuis six mois de lourdes pertes.
La menace du retour
Cela renforce donc "la menace du retour". "On sera à un moment confronté au retour d'un grand nombre de combattants français et de leurs familles", ajoute le magistrat. Il estime que 2 000 Français sont partis, en transit ou souhaitent se rendre en Syrie, dont environ 700 sont sur zone.
Le nombre de procédures progresse
Le nombre de procédures engagées ne cesse de progresser : 982 personnes font ou ont fait l'objet d'enquêtes judiciaires. 280 sont aujourd'hui mises en examen, dont 167 placées en détention, et 577 font l'objet d'un mandat de recherche ou d'arrêt.
Le procureur de Paris relève aussi une hausse des dossiers concernant des jeunes filles mineures, résidant en France et aux "profils très inquiétants".
Rétention des fichés S : "impossible"
Placer en rétention des individus fichés S (sûreté de l'État) par les services de renseignement, comme le préconisent certains droite, et notamment Nicolas Sarkozy, "c'est absolument impossible", répond le procureur. "Il ne peut y avoir de détention préventive en dehors d'une procédure pénale. C'est le socle de l'état de droit. On ne peut pas détenir quelqu'un avant qu'il ai commis une infraction".
Depuis la vague d'attentats qui a touché la France, des voix s'élèvent aussi régulièrement pour réclamer la création d'un parquet national spécial pour les affaires de terrorisme. "Je ne sais pas si cela relève de l'ignorance ou de la mauvaise foi !", réagit le procureur de Paris, en soulignant que "depuis trente ans, la justice antiterroriste fonctionne de manière centralisée et spécialisée, avec une section dédiée, des juges d'instruction spécialisés, une cour d'assises spéciale sans jury populaire". Même scepticisme quant à l'idée d'une cour de sûreté antiterroriste. "Appliquer une justice spéciale avec des règles différentes en matière de présomption d'innocence, serait contraire aux principes de la Convention européenne des droits de l'Homme", explique-t-il.
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