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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du lundi 4 janvier 2016

 

 

TERRITOIRES - Election aujourd'hui des présidents des sept nouveaux ensembles. Les grandes régions ne sont pas plus fortes. Faute de ressources propres, sans compétences plus larges, pénalisées par la baisse des dotations, les régions ne deviendront pas plus puissantes à l'échelle européenne surtout que les fusions demanderont du temps et de l'argent. Seul le poids politique du président est renforcé.

 

 

 

Depuis un demi-siècle, la carte des régions de France n'avait quasiment pas changé. Nul ne peut prédire si celle-ci survivra à d'éventuelles alternances mais ce soir, le nombre de président de régions sera réduit à 12 au lieu de 22.

 

 

 

Un mandat pour s'installer ?

 

Pour les sept qui héritent de nouveaux territoires issus de la fusion de deux ou parfois trois régions, l'essentiel du mandat risque de se résumer à l'organisation de la collectivité dans le périmètre élargi. Déjà, trouver un nom, désigner une capitale sans dépouiller les anciennes ne s'annonce pas facile.

 

 

 

La gestion interne risque d'être chronophage, compliquée et coûteuse. Pas question d'économies budgétaires à court terme. Primes des agents, tarifs sociaux des TER, prestations pour les lycéens, critères d'aides aux entreprises et à la recherche, menus bio dans la cantines des lycées : les harmonisations s'effectueront par le haut. On citera un seul exemple : certaines régions attribuent un ordinateur à un élève qui entre en seconde, d'autres financent des voyages scolaires. Avec la fusion, étendre les deux à l'ensemble du nouveau territoire peut doubler ces dépenses.

 

 

 

Pas de marges dans la fiscalité

 

Les nouvelles régions ne seront pas plus riches que les anciennes. Le conseil régional perçoit entre 7 et 8 € par habitants et par an sur 100 € de contributions. En outre, les budgets des régions sont alimentés par l'Etat à plus de 42 %. Les rares marges de manoeuvres -une part de taxe sur les produits pétroliers, une part négligeable de la taxe foncière, 25 % de la contribution des entreprises, les timbres des cartes grises- ne permettent pas de compenser la baisse des dotations (1,4 milliard sur trois ans). Et les régions peuvent compenser par des hausses d'impôts locaux et des droits de mutation.

 

 

 

Pas de pouvoirs en plus

 

Au total, les régions françaises engrangent 26 milliards d'euros. Deux fois et demie moins que les départements, 17 fois moins que les Länder allemands. Comme les précédentes équipes, les élus régionaux sont voués à gérer des TER et des lycées. Ces deux volets absorbent deux tiers du budget. Il reste moins de 9 milliards aux douze régions pour l'économie, l'emploi, la formation, secteurs confiés aux régions par la loi Notre en 2015 (Loi sur la nouvelle organisation des territoires).

 

 

 

Sur le volet travail, Pôle emploi reste dans le giron étatique. Sur l'économie, les métropoles n'ont pas obligation de se plier aux schémas régionaux. Beaucoup de ces supers agglomérations disposeront de davantage de moyens. Faute de moyens, de compétence et d'autorité, les régions françaises agrandies seront toujours regardées comme des "nains" par les Länder allemands ou les communautés espagnoles. Elles représentent 1,4 % du PIB en France, en Espagne 13 %, en Allemagne 17 %.

 

 

 

Des barons qui vont peser

 

Le seul poids que les douze présidents de région vont gagner est purement politique. Ces nouveaux "barons" sont moins nombreux sur de plus vastes territoires. Ils vont davantage peser à l'intérieur de leurs partis et médiatiquement. En outre, cette élection a rajeuni les présidents (20 sur 21 avaient plus de 60 ans, 4 sur 12 aujourd'hui). Elle a porté des ténors à la tête de ces entités. Sur les 12 présidents de l'Hexagone, 8 ont été ou sont ministres.

 

 

 

Bruno Retailleau (Pays-de-Loire), bras droit de François Fillon, préside le groupe des élus Les Républicains au Sénat.

 

 

 

Quadras ou quinquas, à droite Bertrand, Pécresse, Wauquiez, Estrosi, Morin aspirent à d'autres fonctions à l'avenir.

 

 

 

A gauche, François Hollande et Manuel Valls, peu régionalistes, ne peuvent s'autoriser une fronde de leurs cinq présidents. L'exemplarité, la visibilité, les résultats dans leurs régions vont compter pour ces nouveaux élus. Un paradoxe : ces rois nus vont être incontournables comme... faiseurs de roi. Pascal Jalabert

 



04/01/2016
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