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UNION EUROPÉENNE - L'EXTRÊME DROITE FAVORITE DE LA PRÉSIDENTIELLE QUI  SE DÉROULE AUJOURD'HUI EN AUTRICHE

L'Europe lâchée par les  Européens ?

Entre le succès croissant des populistes eurosceptiques, et dans un mois la possibilité d'une sortie de la Grande-Bretagne (le "Brexit"), l'Europe semble passer d'une crise à l'autre...

Installant fin 2014 la nouvelle Commission européenne, son président Jean-Claude Juncker affirmait qu'elle était "la Commission de la dernière chance". Bien vu, à suivre la pluie de catastrophes qui s'est depuis précipitée sur l'Europe. Mais rien ne dit que cette lucidité permettra de conjurer le pire.

Manifs en Pologne

La  prochaine catastrophe menace l'Autriche, avec l'élection d'un président d'extrême droite, Norbert Hofer. "Je ne les aime pas, déclare sans ambages Jean-Claude Juncker samedi dans Le Monde. Il n'y a ni débat ni dialogue possible".

Mais le débat européen s'annonce bien compliqué, avec les succès renouvelés des formations populistes et eurosceptiques. La tension est déjà forte avec la Hongrie de Viktor Orban et la Pologne de Jaroslaw Kaczynski, où 240000 personnes ont défilé il y a quinze jours pour défendre la démocratie. Elle peut encore monter demain avec l'Autriche, mais aussi la Slovaquie, le Danemark... Et même l'Allemagne, longtemps "élève modèle" de la démocratie européenne, histoire oblige, en proie à son tour à la poussée d'un parti extrémiste.

"Ex malo bonum"

L'autre catastrophe à l'horizon de l'Union, c'est le "Brexit", la sortie de la Grande-Bretagne. À un mois du scrutin, tout le monde convient que, "remain" (reste) ou "leave" (quitte), rien ne sera plus comme avant.

"Ex malo bonum", tirer un bien d'un mal, abjure Enrico Letta, ancien président du conseil italien (d'où le latin). Il faudra refonder l'Europe, aller vers davantage d'intégration, renchérit François Hollande, qui a promis une initiative avec Anglea Merkel au lendemain du résultat. Problème : "Le couple franco-allemand ne fonctionne plus", s'inquiète un ministre français.

L'encouragement de Barack

Et comment vendre plus d'Europe à des Européens qui votent régulièrement pour les partisans du moins d'Europe ? D'autant que les catastrophes continuent. La crise des réfugiés, carburant du populisme, menace de s'accentuer cet été. Surtout si la Turquie, censée absorber une partie du flux en échange d'euros et de visas, fait capoter l'accord.

Et l'Europe n'est toujours pas vraiment sortie de la crise économique, huit ans après son éclatement. L'Espagne et le Portugal viennent d'échapper à des "sanctions" pour dérapage budgétaire, la Grèce entame seulement des discussions sur sa dette, et la France illustre la timidité de la reprise, si vigoureuse aux États-Unis...

Leur président a justement tenté de redonner le moral aux Européens : "Peut-être vous faut-ils quelqu'un d'extérieur pour vous rappeler ce que vous avez accompli", a lancé Barack Obama fin avril à Hanovre (Allemagne), ajoutant : "Les États-Unis et le monde entier ont besoin d'une Europe forte, prospère, démocratique et unie". Soit tout ce que l'Europe est de moins en moins... Francis Brochet

À Londres, c'est Hitler contre Daech !

À un mois du scrutin, la campagne du Brexit a déjà atteint son point Godwin : Hitler a été invoqué (avec Napoléon) par le champion du "non" Boris Johnson pour rejeter tout projet d'union entre le Royaume-Uni et le continent.

Représailles immédiates, le champion du "oui" David Cameron a affirmé que Daech et Poutine espéraient un "non"... L'échange livre deux enseignements. D'abord sur le durcissement du débat avant un scrutin au résultat très indécis, et son caractère passionnel, justifié par l'enjeu : la place du Royaume-Uni dans le monde.

Ensuite sur la profonde division des Britanniques, en particulier des conservateurs au pouvoir, sachant qu'un "non" entraînerait sans doute le renversement de Cameron par Johnson. Ironie de l'histoire, ce référendum avait été promis en 2013 par David Cameron afin de battre le rappel des conservateurs avant les élections tenues en mai 2015, d'ailleurs brillamment remportées. Depuis, il n'a cessé d'en être empêtré, devant même promettre de ne pas briguer un nouveau mandat.

L'Autriche au bord de l'extrême

Norbert Hofer est jeune (45 ans), souriant, toujours muni d'une canne depuis un accident de parapente, et longtemps inconnu des Autrichiens - jusqu'au 24 avril : arrivé largement en tête du premier tour, il pourrait ce dimanche être élu président fédéral face à son rival, l'écologiste Alexander Van der Bellen. Dernier détail : Norber Hofer est membre du FPÖ, le parti de l'extrême droite autrichienne, allié au Front national et aux extrémistes flamands de Geerrt Wilders au Parlement européen.

Première étape ?

Certes, le président autrichien n'a pas les pouvoirs d'un président français. Le vrai patron du pays est le chancelier, Christian Kern (SPÖ, social-démocrate). Mais il l'est depuis seulement quelques jours : son prédécesseur a justement démissionné dans l'espoir de dissuader Hofer de provoquer, en cas de victoire, un nouveau changement de gouvernement, pour installer son mentor Heinz-Christian Strache aux commandes...

Quel que soit le résultat ce soir, la présidentielle autrichienne confirme deux constantes de l'Europe d'aujourd'hui. La première est l'affaiblissement, qui tourne ici à l'effondrement, des grands partis : les candidats du SPÖ (gauche) et de l'ÖVP (droite), qui gouvernent le pays depuis la guerre, sont arrivés en quatrième et cinquième positions du premier tour.

La seconde est le poids de la crise des réfugiés, particulièrement forte en Autriche avec 90 000 demandes d'asile l'année dernière. Elle a dominé la campagne électorale - sans doute au profit de Nobert Hofer.