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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du dimanche 16 juillet 2017

 

 
 
    TURQUIE - UN AN APRÈS LE COUP D'ÉTAT. ERDOGAN RENFORCÉ, LE PAYS
        DIVISÉ

 

 

 

La Turquie célèbre "la victoire de la démocratie" contre la tentative de putsch militaire le 15 juillet 2016. Depuis cette date, le président Erdogan a surtout élargi son pouvoir. L'opposition, elle, tente de mobiliser.

 

 

Des statues dans tout le pays en mémoire des victimes du putsch. Des places et des stations de métro rebaptisées. Des émissions spéciales à la télévision. Des magazines sur papier glacé, distribués aux médias internationaux, où l'on loue "la victoire du peuple". Le 15 juillet 2016 restera à jamais gravé dans le marbre de l'histoire de la Turquie moderne, avec un bilan lourd : 250 morts, 2 735 blessés. C'est désormais la journée de "la démocratie et de l'unité".

 

 

Il y a un an, jour pour jour, le pays se levait au petit matin avec le sentiment d'avoir traversé un énième épisode troublé de son histoire. Dans la nuit, la tentative de putsch fomenté par des militaires avait échoué, et le président Recep Tayyip Erdogan, qui avait réussi à s'échapper, sortait vainqueur de ce bras de fer avec "des éléments incontrôlés de l'armée".

 

 

"C'est un triste anniversaire", retrace Ismail Hakki MUsa, ambassadeur de Turquie en France depuis quelques mois, "mais la démocratie a gagné en Turquie, en est sortie renforcée, et il faut commémorer cet esprit de résistance et cette solidarité historique". Étudiant à Strasbourg au début des années 80 ("époque où la Turquie était moins critiquée"), à Nancy où il a obtenu un doctorat, plus consul général à Lyon, il est passé dans les rangs du MIT, la fameuse organisation nationale du renseignement turc.

 

 

 

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Terrorisme et réfugiés

 

Depuis le coup d'État avorté du 15 juillet 2016, le gouvernement turc a mené des purges sans précédent pour éliminer des institutions publiques tout élément factieux lié aux instigateurs du putsch, imputé par Ankara au prédicateur Fethullah Gülen, installé aux États-Unis et ancien allié politique d'Erdogan. L'opposition, qui avait soutenu ce dernier lors du putsch, et des ONG accusent la Turquie de profiter de l'état d'urgence en vigueur pour éliminer toute voix critique. Au-delà des milieux gulénistes, ces purges ont visé les milieux politiques pro-kurdes, des médias critiques et des ONG.

 

 

"Des mesures nécessaires et proportionnées", se défend le diplomate. Et les actes de violences, qui les ont accompagnées ? "Il y a eu des exactions au niveau individuel", reconnaît le diplomate, "mais pas au niveau de l'État". Preuve que "le système fonctionne bien" d'après lui, trois cents établissements "fermés par précaution" (pour leurs liens supposés avec l'organisation de Gülen) ont rouvert.

 

 

Après un référendum gagné de justesse le 16 avril par Erdogan, renforçant son pouvoir autocratique, le pays semble se fracturer un peu plus. Notamment entre les citadins lettrés et les classes plus populaires. À l'appel de la gauche kémaliste (laïque), une "marche pour la justice" a rassemblé, le 7 juillet, des centaines de milliers de personnes entre Ankara et Istanbul. Les dirigeants turcs disent regarder "l'avenir avec confiance", surfant sur la croissance (2,9 % contre 1,8 % dans l'UE) et 12 milliards d'investissement direct. Un avenir loin de l'UE ? Le 12 juillet, le président Erdogan a rappelé que son pays n'en avait "pas besoin". Comme si la Turquie glissait irrémédiablement vers une forme d'isolationnisme. Xavier Frère

 



19/07/2017
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