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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du jeudi 30 juin 2016

 

 

TERRORISME - ATTAQUE DE KAMIKAZES À L'AÉROPORT D'ISTANBUL

 

 

Triple attentat-suicide : la Turquie prise entre deux feux

 

 

L'attentat à l'aéroport Atatürk d'Istanbul, qui a fait au moins 41 morts et 239 blessés, porte la marque de Daech et confirme que la Turquie, prise entre djihadistes et groupes séparatistes kurdes, est particulièrement exposée au terrorisme.

 

 

 

L

e fracas des balles et des explosions, les hurlements de paniques et les sirènes stridentes des ambulances, les images insoutenables d'innocents gisant au sol dans des mares de sang et de parents en pleurs devant les morgues... Comme à Paris en novembre (130 tués), comme à Bruxelles en mars (32 morts), comme à Sousse en Tunisie (39 morts) il y a un an, comme à Istanbul déjà en janvier et mars 2016, les trois kamikazes qui ont réandu l'horreur dans les troisième aéroport d'Europe ont frappé des pays coalisés contre Daech. Ils ont choisi un lieu très fréquenté, symbolique, un poumon économique du pays. Par le mode opératoire, par la cible internationale, l'attentat de l'aéroport Atatük porte la signature des djihadistes, même si Daech n'a pas revendiqué l'attaque-suicide. Aucune des attaques qu'Ankara lui a attribuée sur le sol turc n'avait été revendiquée.

 

 

Pas revendiqué mais signé

 

Le Premier ministre Binali Yildrim a pointé du doigt l'organisation terroriste. Passage depuis des millénaires entre l'Europe et le Moyen-Orient, Istanbul et le pays en général sont fatalement exposés par leur position géographique. Les djihadistes d'Europe et du Maghreb qui ont rejoint les unités syriennes et irakiennes de Daech ont tous transité par la Turquie, plutôt facilement jusqu'en 2015. Au point que les Occidentaux s'agaçaient de la passivité des autorités turques, leur reprochant de laisser les compagnies pétrolières du pays acheter des hydrocarbures aux islamistes.

 

 

Ankara a même dépassé cette bienveillance, quand l'armée turque à clairement fait obstacle aux milices kurdes sur le point de reprendre les villes frontalières de Syrie. Le président Recep Tayyip Erdogan "n'établit aucune distinction entre le terrorisme islamiste kurde et le terrorisme kurde". Ankara et le peuple turc sont aujourd'hui pris entre deux feux.

 

 

Les TAK, une émanation armée de jeunes activistes proches du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) sont accusés d'avoir signé les attentats de ces dernières années. La reconquête de territoires par les milices de combattants kurdes (peshmergas) en Irak et en Syrie a réveillé le dessein d'un grand Kurdistan aux portes de la Turquie. Inacceptable pour l'opinion turque et pour le très religieux et conservateur président Erdogan.

 

 

Dans l'ombre, Ankara a monnayé avec l'Occident son engagement contre Daech en échange de garantie que cet État kurde ne verrait pas le jour. Cela explique les 950 arrestations de djihadistes occidentaux et maghrébins sur le retour et le verrouillage des aéroports. En recul sur ses territoires, Daech porte le fer au plus facile chez son voisin immédiat.

 

 

Après avoir joué les fiers à bras face au Kremlin, Erdogan a scellé en 48 heures la réconciliation totale avec Moscou, excuses à l'appui. Hier, il a rapidement exhorté la communauté internationale à une "lutte commune contre le terrorisme". Tourisme en berne, croissance menacée, attentats de plus en plus fréquents : Erdogan n'a plus le choix. Il a choisi son camp. Pascal Jalabert

 



01/07/2016
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