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L'AIR DU TEMPS

"Courre-à-miau, c'est la Saint-Jean !"

 

 

Article de la Tribune - Le Progrès du mardi 24

 

 

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"Courre-à-miau, c'est la Saint-Jean !"

 

 

Histoire - Depuis quelques semaines, grâce à la Rue des Artistes, les chats sont miss à l'honneur et envahissent librement les rues de Saint-Chamond. Juste retour des choses pour la gent féline qui, il y a quelques siècles, avait tout intérêt à faire profil bas les soirs de Saint-Jean.

 

   

Courre-à-miau : coureurs de chats ! Ce sobriquet peu flatteur évoque une bien étrange coutume née sur la colline St-Ennemond, à deux pas du château et de la collégiale St-Jean-Baptiste.

 

 

Traditionnellement en Europe, de grands feux sont allumés pour la Saint-Jean : mélange de pratiques païennes et de croyances chrétiennes, ce rituel vise à célébrer le solstice d'été et la naissance de St-Jean-Baptiste.

 

 

Le 24 juin, sortant en procession de la collégiale Saint-Jean-Baptiste, les chanoines empruntaient l'escalier circulaire conduisant à l'actuelle place de l'Observatoire : le doyen bénissait alors le bûcher avant d'y mettre le feu.

 

 

James Condamin dans son histoire de Saint-Chamond, décrit précisément ce bûcher : "d'énormes blocs de charbon en formaient la base ; au centre, un arbre gigantesque, coupé à dessein dans la forêt voisine, s'élevait majestueusement dans les airs ; tout autour du tronc, à une hauteur d'environ un mètre, s'échafaudaient de robustes assises, semblables à autant d'étages."

 

 

Jusque-là, tout paraît fort classique pour un feu de la Saint-Jean mais n'oublions pas que nous sommes au pays des courre-à-miaous...

 

 

 

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Des chats maléfiques

 

En Europe, au cours du Moyen-Age, le martyre des chats n'est pas un mythe. Le chat, flâneur noctambule au regard pénétrant, était considéré comme le servant zélé d'un pouvoir maléfique, Satan en personne.

 

 

La croyance populaire voulait également que les sorcières aient le pouvoir de se transformer en chats. L'Eglise de devait donc d'intervenir afin d'exorciser ce mal en lui faisant subir le châtiment du feu.

 

 

A Saint-Chamond, point de sorcières : les Moniots réservaient leurs bûchers aux seuls mistigris. Poursuivant son propos, James Condamin devait écrire qu'au sommet du bûcher "se débattait, retenu par une corde, un chat vivant destiné, dans la pensée de nos pères, à figurer le démon.

 

 

Le pauvre animal était-il brûlé, ils voyaient là une image de la purification du péché par le feu. Parvenait-il au contraire à rompre le lacet et à échapper aux flammes, ils concluaient à l'expulsion du démon du corps de l'homme. Dans une autre hypothèse, le symbole était satisfaisant et aucun présage sinistre ne venait troubler la joie populaire."

 

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Courre-à-miau, Couramiauds

 

Ladite joie populaire devait se poursuivre dans les ruelles de Saint-Ennemond pour tenter de rattraper le matou effrayé et roussi. Alain Rivory, membre des Amis du Vieux Saint-Chamond et fin connaisseur du quartier, estime pour sa part que les chats ne devaient pas finir brûlés : "il s'enfuyaient avant et il fallait les attraper dans les rues tortueuses de la colline".

 

 

Si vous avez un jour tenté l'ascension des paliers de la rue des Etroits, vous comprendrez aisément que les chats aient eu un avantage indéniable sur les bipèdes... Alors, même si cette étrange chasse à courre n'est qu'une légende, elle participe au folklore local et a permis de donner aux St Chamonais une identité bien à eux en les baptisant Couramiauds. Nathalie Font

 

 

 

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Les Couramiauds ne sont pas seuls....

 

 

Dans un article publié en juin 2000 dans le Jarez d'Hier et d'Aujourd'hui, Louis Challet, ancien professeur d'histoire au lycée Claude Lebois, rappelle que la course au chat n'est pas l'apanage des seuls St Chamonais. "Au moyen-âge et à l'époque moderne des chats sont tués rituellement : crucifiés, enfermés dans des sacs et jetés à l'eau, précipités du haut des remparts et des tours et surtout brûlés vifs lors de grandes fêtes calendaires, celles qui terminent l'hiver avec le cycle carnavalesque, celles qui annoncent les récoltes d'été aux feux de la Saint-Jean.

 

 

Que les Couramiauds se rassurent donc, leurs pères n'étaient pas des monstres de cruauté ou tout au moins ils avaient l'excuse de recommencer des gestes venus de la nuit des temps et qu'ils n'étaient pas les seuls à perpétrer".

 

 

L'historien évoque "le mercredi des Chats" à Metz, les coutumes gasconnes ou les bûchers parisiens : "en 1648, le jeune Louis XIV invité à venir à St-Germain pour allumer le feu, obtint la grâce des chats. Quant à la coutume de poursuivre l'animal lorsqu'il n'a pas été immolé par le feu, elle est aussi habituelle. En somme, les Couramiauds sont finalement légion où figurent même les parisiens".

 

 

 

 



26/06/2014
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