www.l-air-du-temps-de-chantal.com

L'AIR DU TEMPS

le Progrès du vrendredi 16 septembre 2016

 

 

SOMMET - LES EUROPÉENS RÉUNIS AUJOURD'HUI À BRATISLAVA, SANS LE ROYAUME-UNI

 

 

L'Europe façon Puzzle après le Brexit

 

 

Au lendemain du "non" britannique au maintien dans l'Union, l'Europe promettait de se relancer rapidement. Mais bientôt trois mois après, le sommet de Bratislava s'annonce pauvre en décisions.

 

 

 

"O

n peut dire à Bratislava : l'Europe est sauvée. Et après ? ", s'irrite un responsable français, qui souligne : "Tout ça ne se décide pas d'un claquement de doigt ! ". L'irritation anticipe une déception : le sommet de Bratislava, où l'Union européenne se réunit vraiment pour la première fois à 27, sans le Royaume-Uni, ne devrait prendre aucune décision d'importance. L'ambition, trois mois après le Brexit, se borne à "trouver un accord politique sur les priorités de l'Europe", et établir une liste de projets.

 

 

 

Les frontières verrouillées

 

L'Europe qui protège, nouveau mot d'ordre politique, c'est d'abord une Europe qui verrouille ses frontières. Face aux migrants, et face au terroristes, l'amalgame n'étant pas toujours évité. Le président de la Commission en a donc fait la promesse : "Chaque fois qu'une personne entrera dans l'UE ou quittera son territoire, il y aura un enregistrement de la date du lieu et de la raison expliquant le mouvement et le déplacement". Reste à valider ce contrôle des citoyens européens européens au Parlement. Celui-ci a déjà donné son feu vert à la montée en puissance de Frontex, l'agence de protection des frontières. Prochaine étape : le déploiement de 200 gardes-frontières en Bulgarie, pays de passage des migrants.

 

 

 

 

Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie

 

 

"Un manque total de solidarité entre les États"

 

 

 

 

L'Union européenne veut se relancer après le Brexit. Le peut-elle ?

 

 

Ma réponse est : presque sûrement non, car l'Europe est trop divisée. L'euro a contribué à cette division, en rendant les pays faibles plus faibles, et les forts, plus forts. Et la crise des migrants s'y est ajoutée : les pays pauvres, à fort taux de chômage, disent qu'ils ne peuvent pas partager le fardeau, et les riches, où les migrants préfèrent aller, refusent de porter seuls le fardeau. C'est le signe d'un manque total de solidarité, qui vient de l'attitude de l'Allemagne, refusant depuis le début que l'Europe soit une "union de transfert" entre les pays (avec une solidarité financière entre riches et pauvres, NDLR).

 

 

 

Que faire de l'euro : "to leave" ou "to remain", le quitter ou le garder ?

 

Le premier choix c'est de le garder et le réformer. Les leaders européens expliquent qu'ils ont déjà fait des progrès, mais ces progrès sont trop lents, au regard de la situation politique et économique. Cela expose l'Europe à une montée des populistes et à des attaques des marchés, qui ne veulent pas attendre... Après, si vous ne pouvez pas réformer vite, alors il vaut mieux abandonner l'euro. Il existe beaucoup de manières de le faire, aucune n'est sans coût, mais le système actuel a déjà un coût très élevé.

 

 

 

En clair, la fin de l'euro, ce ne serait pas un drame ?

 

Si c'est bien géré, non. On a dit : le Brexit sera un drame, mais pour l'instant, ce n'est pas le cas... On a dit aussi : restructurer la dette grecque sera un drame, et ce n'est pas non plus le cas... Cette menace du drame est une arme politique dont on abuse. Mais il est vrai que nous avons créé une organisation des marchés qui donne beaucoup de liberté et de pouvoirs aux spéculateurs. Et nous passons notre temps à nous demander ce que vont faire les spéculateurs, qui bien sûr ne vont pas nous le dire !

 

 

 

Après le Brexit, que doit faire l'Union européenne du Royaume-Uni ?

 

Elle doit essayer de construire la coopération la plus étroite possible, compatible avec le vote des citoyens britanniques, qui ont dit qu'ils n'acceptaient pas une immigration sans contrôle. Il faut trouver le compromis, ce que ne fait pas Jean-Claude Juncker (président de la Commission européenne).

 

 

 

Vous écrivez qu'il veut "punir" le Royaume-Uni...

 

Oui, c'est une attitude moralisatrice, qui signifie que la seule manière de garder l'Union européenne unie serait la peur!. Le message aux citoyens européens devrait être positif, expliquer que c'est leur intérêt de s'unir. C'est d'autant plus important que l'euro, et l'Europe en général, est un projet imposé du haut, et pas par une mobilisation populaire !

 

 

 

Donald Trump peut devenir le prochain Président des États-Unis. Avec quelles conséquences économiques ?

 

Sa théorie économique, c'est la loi de la jungle. Il a par exemple dit qu'il allait renégocier la dette américaine : comment, après cela, lui faire confiance ? Or, le monde économique ne peut pas fonctionner sans confiance. S'il est élu, le monde va connaître des temps très difficiles, en politique et en économie. Recueilli par Francis Brochet

 



18/09/2016
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 59 autres membres