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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du vendredi 7 octobre 2016

 

 

 

INTERNATIONAL - ANTONIO GUTERRES SUCCÈDE À BAN KI-MOON

 

 

L'ONU sert-elle encore à quelque chose ?

 

 

Alors que le conflit syrien s'enlise un peu plus, et à l'heure où l'institution élit un nouveau secrétaire général, l'Organisation des Nations Unies a-t-elle encore une influence sur la marche du monde ?

 

 

 

"N

ous, peuples des Nations Unies, résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre..." La première phrase de la charte fondatrice de l'ONU n'est-elle plus aujourd'hui , 70 ans après la création de l'institution, qu'une belle utopie ?

 

 

 

Crise migratoire sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, conflits syrien et libyen, au Yémen et au Soudan du Sud, terrorisme en expansion, climat, les fronts sont multiples pour les 193 pays du "machin", comme le général de Gaulle surnommait l'ONU.

 

 

Son manque d'efficacité et d'intervention est régulièrement pointé du doigt, mais elle a à son tableau de chasse quelques réussites (accord sur le nucléaire iranien par exemple), et reste présente, avec ses fameux "Casques bleus", sur une bonne quinzaine d'opérations de maintien de la paix (L'Onu et son secrétaire général Kofi Annan ont reçu le Nobel de la Paix en 2001).

 

 

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Face à la montée des populismes

 

Après l'élection à sa tête du Portugais Antonio Guerres, quelle influence a-t-elle encore aujourd'hui? "Elle traverse une crise, parce qu'elle apparaît comme inefficace, marginalisée par d'autres organisations comme l'OTAN pour le maintien de la paix, l'OCDE pour l'analyse socio-économique du monde, ou par les pays eux-mêmes qui font des interventions, diagnostique Chloé Maurel, docteur en histoire et spécialiste des Nations Unies. Initialement, la philosophie de l'Onu était le multilatéralisme..."

 

 

La guerre froide entre les deux grandes puissances a amplifié le nombre de conflits dans le monde, l'unilatéralisme a prospéré. "Les États-Unis sont de plus en plus intervenus seuls, comme en 2003 en Irak", illustre la spécialiste. La montée des populismes et l'émergence des blocs régionaux ont montré les limites de l'institution.

 

 

Au fil des décennies, si l'Onu a néanmoins engrangé des succès dans les domaines de la santé (via l'Organisation mondiale de la santé) ou du patrimoine (Unesco), sa tendance "bureaucratique" a été critiquée. Ses modes de recrutement aussi, "pour des raisons politiques, ou du clientélisme", rappelle Chloé Maurel. Au coeur de la diplomatie mondiale, "ses recommandations ne sont pas toujours respectées, et il n'y a pas de pouvoir de sanction fort, contrairement à l'Organisation mondiale du commerce par exemple", déplore l'historienne.

 

 

Attaquée, l'institution n'en demeure pas moins solide, et cette idée d'un ordre mondial construit sur la paix, le droit et la prospérité, reste "plus que jamais d'actualité au XXIe siècle", souligne Chloé Maurel.

 

 

Autre chantier à mettre en oeuvre, selon elle : rebattre les cartes du Conseil de sécurité permanent, en laissant "plus de place et de pouvoir aux pays émergents, et aux pays du Sud". C'est l'une des solutions pour redonner une légitimité à cette gouvernance mondiale. À Antonio Guterres, socialiste modéré et "consensuel", ancien patron du Haut-commissariat aux réfugiés (2005-2015), de relever les défis imposés à l'Onu, ce "machin" jugé inutile pour certains mais encore tellement indispensable au dialogue des nations. Xavier Frère

 

 

 

 

Pascal Boniface, directeur de l'Institut des relations internationales et stratégiques (Co-auteur avec Hubert Védrine de l'Atlas des crises et des conflits - Armand Colin)

 

 

 

"Sans l'ONU, il y aurait beaucoup plus de guerres"

 

 

 

 

Le monde serait-il plus dangereux et instable sans l'ONU ?

 

Il est de bon ton de critiquer l'Onu à cause de son impuissance à résoudre certains conflits, mais elle n'est due qu'à la division des membres permanents du conseil de sécurité. On voit les guerres mais pas les conflits qui se terminent ou qui ne se déclenchent pas grâce à l'Onu. Ce n'est pas un gouvernement mondial, mais si l'Onu n'existait pas, il y aurait beaucoup plus de guerres et conflits qu'aujourd'hui.

 

 

 

Faut-il réformer l'Onu et élargir le conseil de sécurité ?

 

Oui. Le défaut majeur, c'est que la composition actuelle correspond à l'état du monde en 1945. Les projets d'élargissement portés en 2005 par Kofi Annan ont été bloqués par les vétos chinois et américain. Même si le conseil de sécurité était élargi, ça ne changerait pas la division des membres permanents actuels. Les pays évoqués étaient l'Allemagne et le Japon qui ne sont plus les vaincus et puis l'Afrique du Sud et le Brésil pour que tous les continents soient représentés, ainsi que l'Inde, deuxième pays le plus peuplé du monde.

 

 

 

En Syrie, l'Onu est-elle condamnée à regarder le désastre sans rien pouvoir faire ?

 

Rien ne changera tant qu'il y aura une division profonde entre les Russes d'un côté, les Occidentaux et les pays arabes de l'autre et que les Russes soutiendront quoi qu'il en coûte Bachar el-Assad. L'Onu est bloqué par le droit de veto, mai s'il n'y avait pas le droit de veto, l'Onu n'existerait pas.

 

 

 

Le choix d'Antonio Guterres est-il un bon choix ?

 

C'est un excellent choix. Il a l'habitude du multilatéralisme puisqu'il a été à la tête du Haut-commissariat aux réfugiés pendant dix ans. C'est l'une des crises actuelles. Il a de l'énergie et une force personnelle. On peut penser qu'il sera plus indépendant par rapport aux membres permanents que ne l'était Ban Ki-moon. Recueilli par Luc Chaillot

 

 

 

 

 

 

 

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Les fiascos récents de l'Onu

 

 

■ Au RWANDA, les casques bleus de l'Onu assistent impuissants au génocide de 800 000 Tutsis en 1994. Leur mandat n'autorisait pas le recours à la force.

 

 

■ En BOSNIE, les nationalistes serbes massacrent plus de 8 000 civils sous le regard des casques bleus néerlandais en 1995, dans la ville de Srebrenica qui avait été déclarée zone de sécurité par les Nations Unies.

 

 

■ En SOMALIE, l'Onu abandonne sa mission de paix en 1993, laissant derrière elle un pays en proie à une guerre civile qui se poursuit à l'heure actuelle.

 

 

 

Mais aussi les réussites

 

 

- Au TIMOR ORIENTAL, à partir de 1999, l'Onu réussit à la fois à construire un nouvel État, à rétablir la paix et à assurer la transition vers l'indépendance.

 

 

- Au KOSOVO, les Nations Unies mettent en place avec succès en 1999 une administration intérimaire qui conduit le pays vers son autonomie et débouchera sur les institutions démocratiques.

 

 

L'Onu a mis fin à des guerres civiles sanglantes au MOZAMBIQUE, au CAMBODGE et en SIERRA LEONE. Elle a également joué un rôle important dans l'indépendance de la NAMIBIE.

 

 

 

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09/10/2016
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