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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du vendredi 25 septembre 2015

 

 

 

SYRIE - Faut-il aider al-Assad pour détruire Daech ? Les Russes s'engagent de plus en plus au côté du régime. L'exode massif des réfugiés syriens rend encore plus urgente une solution politique et militaire sur le terrain. De plus en plus de voix - dont celle d'Angela Merkel - s'élèvent pour remettre Bachar al-Assad dans le jeu.

 

 

 

L'Europe n'est pas seulement divisée entre pays de l'est de l'ouest sur l'accueil des réfugiés syriens. Elle est aussi divisée sur l'attitude qu'il faut adopter face au conflit syrien lui-même, source de cet exode de centaines de milliers de personnes.

 

 

 

Angela Merkel est sortie du sommet de Bruxelles, tôt hier matin, estimant qu'il fallait remettre Bachar al-Assad dans le jeu. "Il faut parler avec de nombreux acteurs, et cela implique Assad, mais il y en a d'autres", a déclaré la chancelière allemande. Et d'énumérer "les Etats-Unis, la Russie, les partenaires régionaux importants, l'Iran, des pays sunnites comme l'Arabie saoudite".

 

 

 

A l'inverse, François Hollande a réaffirmé que "l'avenir de la Syrie ne peut pas passer par Bachar al-Assad", martelant, une fois de plus : "il ne peut y avoir de transition réussie qu'avec son départ".

 

 

 

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DAMAS

 

 

"Si Assad tombe, c'est l'Etat islamique qui contrôle la Syrie"

 

La césure franco-allemande est nette. Elle marque l'isolement grandissant de Paris sur la scène internationale et renforce ceux, qui en France même, estiment qu'il convient de faire du maître de Damas un allié face à l'Etat islamique, alias Daech.

 

 

 

François Fillon est de ceux-là. "Si Assad tombe, c'est l'Etat islamique qui contrôle la Syrie", prévient l'ancien Premier ministre. Bruno Le Maire, l'homme qui monte au parti Les Républicains, partage cet avis, et Nicolas Dupon-Aignan (Debout la France) va encore plus loin, soulignant que l'Américain Roosevelt et l'Anglais Churchill n'ont pas hésité à s'allier avec le dictateur russe Staline, pendant la Seconde Guerre mondiale, pour débarrasser le monde d'Hitler. Et de constater : "Pourtant c'était pas quelqu'un de bien, Staline".

 

 

 

 

La Russie envoie des avions et des hommes

 

Pendant que la France et l'Allemagne se divisent et qu'en France même on s'interroge sur un front commun face à l'Etat islamique, la Russie s'engage. Moscou a déployé lundi 28 avions de combat, après le bombardement, la veille, de son ambassade à Damas. La Russie a également livré des drones au régime, qui ont servi à frapper pour le première fois les troupes de Daech, mercredi.

 

 

 

Voilà des semaines que les Russes renforcent leur base navale de Tartous, sur la Méditerranée. A Lattaquié, le fief d'al-Assad, Moscou a remis en état un aérodrome militaire qui accueille des Sukhoi d'attaque au sol. Des soldats russes sont visibles.

 

 

 

 

Priorité à la lutte contre l'EI

 

Poutine campe sur une priorité : l'anéantissement de Dach. Les propos de Merkel, hier, se rapprochent de ses vues. Et les Américains ne montrent plus le Kremlin d'un doigt accusateur. Après s'être dit "inquiet" des déploiement russes en Syrie, John Kerry, le secrétaire d'Etat, s'est voulu apaisant, mardi. Les deux pays se consultent par militaires interposés et Barack Obama rencontrera Vladimir Poutine lundi à l'Onu, à New York. Face à l'urgence syrienne, réchauffement en cours...

 

 

 

Voici encore un an, la France refusait de bombarder l'Etat islamique en Syrie, de peur d'aider Assad. La pression des événements a fait changer l'Elysée d'avis. Les premières frappe des Rafale et des Mirage 2000 sont imminentes.

 

 

 

Pour que Paris entre de plain-pied dans une large coalition anti-djihadiste, il reste certes le "verrou" Assad, mais si celui-ci a enregistré de nombreux revers militaires ces derniers mois, son régime s'est renforcé sur le plan diplomatique. L'accord sur le nucléaire iranien a remis en jeu ses protecteurs de Téhéran.

 

 

 

Il n'est pas sûr que François Hollande puisse encore exiger longtemps l'éviction préalable du dictateur. Le temps presse, car Daech progresse et menace aujourd'hui le Liban. C'est-à-dire toute la région du Proche-Orient, dont Israël... Patrick Fluckiger

 

 

 

 

 

POUR : Jacques Myar

 

 

Député LR des Yvelines

 

 

 

"Le régime de Damas est un moindre mal"

 

 

 

"Il faut rétablir le contact avec Damas. Tout d'abord parce que Bachar al-Assad est toujours en place, malgré les années de guerre, et alors que tous les spécialistes croyaient à sa chute au bout de 15 jours. Une majorité de la population le soutient, y compris au sein des minorités religieuses, notamment chez les chrétiens. Attention, je ne nie pas les problèmes démocratiques existants en Syrie, mais le régime de Damas est un moindre mal. Il ne faut pas oublier qu'en face, l'Etat islamique est un ennemi du genre humain ! Un ennemi que nous avons contribué à armer : la France a fourni des armes à des soi-disant rebelles, dont la majorité a changé de bord pour rejoindre l'EI, avec nos armes !

 

 

 

 

Reprendre le dialogue avec Damas, ce serait réparer une erreur historique. mais ça ne se fera pas que sur le plan politique, il faudra aussi agir militairement. C'est ce qu'est en train de faire la Russie, à juste titre. Il faudra aussi arrêter la partie de poker menteur que les pays alentour se livrent : jouer un double jeu en soutenant de pseudo-rebelles et en discutant de manière cachée avec Damas ne fonctionne plus". Propos recueillis par T.L.

 

 

 

 

 

CONTRE : Philippe BAUMEL

 

 

Député (PS) de Saône-et-Loire

 

 

 

"Al-Assad a trop de sang sur les mains"

 

 

 

 

"La priorité absolue, c'est de combattre Daech. Les cartes sont en train d'être redistribuées au Moyen-Orient, et la Syrie est au coeur des ces enjeux. Ils sont très importants : humains avec les réfugiés, économiques avec le gaz ou le pétrole. pour retrouver la paix, il faut une grande coalition anti-Daech, mais sans al-Assad. C'est un dictateur de la pire espèce, qui a trop de sans sur les mains. S'il y a autant de réfugiés syriens qui viennent en Europe, c'est qu'ils fuient à la fois les horreurs commises par Daech, et celles provenant du régime de Bachar al-Assad.

 

 

 

 

Tant qu'on se posera la question de savoir si on doit discuter avec ce régime ou non, on n'avancera pas sur le front anti-Daech. Par contre, on peut discuter avec des personnes membres de ce régime, pour les intégrer au sein de la coalition pour la paix, et plus tard un gouvernement de coalition afin de reconstruire la Syrie, pour représenter au mieux toutes les tendances politiques syriennes. D'ailleurs, d'après mes informations, plusieurs pays occidentaux sont déjà en train de la faire. Mais ce ne sera que quelques personnes. L'ensemble du régime n'est plus crédible. Al-Assad en premier". Propos recueillis par T.L.

 

 



26/09/2015
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