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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du samedi 23 avril 2016

 

 

ÉCONOMIE - TRÈS CONTESTÉ, LE TRAITÉ DE LIBRE-ÉCHANGE AMÉRIQUE-EUROPE (TAFTA) MET LA FRANCE EN PORTE-À-FAUX

 

 

Entre États-Unis et Europe, le traité de tous les dangers

 

 

Ce week-end, avec la venue en Europe du président Obama, pourrait donner un coup d'accélérateur aux négociations du Tafta, et ainsi allumer en France un débat dévastateur.

 

 

Combien seront-ils aujourd'hui dans les rues de Hanovre à défiler contre le Tafta ? En octobre à Berlin, ils avaient été 200000. La présence aujourd'hui à Hanovre de Barack Obama, et la perspective d'un appel lancé demain avec la chancelière Angela Merkel à conclure vite un accord, devraient contribuer à mobiliser les opposants.

 

 

Valls : "inquiétude"

 

Et en France ? Rien, ou si peu. Depuis son lancement en 2013, le Tafta ne fait pas le buzz... Étonnant, alors qu'il s'agit d'harmoniser les marchés de deux ensembles qui pèsent plus de 45 % de la richesse mondiale. Et à tort, explique le député européen Emmanuel Maurel, qui dit faire le plein à chaque réunion sur le sujet.

 

 

Mais le temps du désintérêt politico-médiatique s'achève. François Hollande, longtemps aux abonnés absents, multiplie depuis peu les prises de paroles dans le registre :  "La France peut dire non". Manuel Valls, qui n'en avait jamais parlé, a exprimé mercredi "l'inquiétude" de la France devant "des négociations qui mettraient en cause nos services publics, un certain nombre de nos produits, notre agriculture, notre culture"...

 

 

Le scénario du pire

 

Ce "coup de chaud" a une cause précise : la crainte d'un coup de force demain à Hanovre du couple Obama-Merkel. Tous deux fervents partisans du traité, malgré l'hostilité d'une part importante de leurs populations. Et tous deux pris par le temps: fin de mandat en novembre pour l'Américain, élection en 2017 pour l'Allemande.

 

 

Ils pourraient donc plaider un accord rapide, et forcément a minima, car les négociations, qui ouvrent leur treizième "round" lundi à New York, n'ont guère avancé. Ce scénario d'un "accord au rabais", avant la fin de l'année, est le pire pour la France. Car cela interdit de prendre en compte les demandes françaises d'accès aux marchés publics ou de protection des appellations d'origine, longues à négocier.

 

 

Mais la France est isolée dans l'Union : l'Europe centrale soutient le traité parce qu'il renforce les liens avec les États-Unis, les Anglo-Saxons et les Allemands, parce qu'il est libéral, l'Italie et l'Espagne, parce qu'elles rêvent de croissance.

 

 

La droite contre

 

François Hollande se joindra lundi au couple Merkel-Obama, avec le Britannique David Cameron et l'Italien Matteo Renzi, afin de parler terrorisme, réfugiés... et Tafta. Ce mini-sommet devrait "exprimer une volonté politique d'arriver à un accord", confie un haut responsable allemand. Et cela pourrait suffire à enflammer le débat en France. Il s'annonce d'autant plus difficile pour François Hollande qu'à droite, par conviction ou calcul, Nicolas Sarkozy et François Fillon ont déjà pris positions contre le traité. Le débat s'annonce décidément "fracassant"... Francis Brochet

 

 

 

REPÈRES

 

 

TTIP ou TAFTA ?

 

 

C'est pareil ! Les deux sigles sont anglais.

 

 

- TAFTA signifie TransAtlantic Free Trade Area (zone de libre-échange transatlantique) et

 

 

- TTIP, Transatlantic Trade and Investment Partnership (Partenariat transatlantique sur le commerce et l'investissement) - en français PTCI, peu utilisé.

 

 

Attention à ne pas confondre le TTIP avec le TPP (Trans-Pacific Partnership), le partenariat transpacifique entre les États-Unis, le Canada, le Mexique et le Japon, le Vietnam, l'Australie (pas la Chine). Et n'oublions pas le CETA, Canada-European Union Comprehensive Economic and Trade Agreement (Accord global économique et commercial Canada-Union européenne).

 

 

Avant le TTIP

 

Une bataille semblable avait eu lieu sur le projet d'un AMI (Accord multilatéral sur l'investissement), finalement abandonné en 1998. Et auparavant sur la dernière négociation du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade : accord général sur les tarifs douaniers et le commerce), conclue en 1994 sur la création de l'Organisation mondiale du commerce, qu'a dirigée Pascal Lamy.

 



25/04/2016
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