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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du samedi 16 avril 2016

 

 

SANTÉ - CANCER, MALADIES RARES : TRÈS CHERS MÉDICAMENTS

 

 

Le prix des traitements pèse sur les comptes de la Sécurité sociale

 

 

Des médecins et la Ligue contre le cancer tirent la sonnette d'alarme : pourra-t-on continuer à soigner tous les patients au rythme où progresse le coût des nouvelles molécules ?

 

 

Demain, pourrons-nous encore tous être soignés ? C'est le cri d'alarme lancé par 110 cancérologues et la Ligue contre le cancer. En cause : le prix prohibitif des nouvelles molécules pour lutter contre le cancer et les maladies rares.

 

 

Hépatite C : 41 000 euros

 

L'arrivée en France en 2014 du Solvadi, médicament miracle contre l'hépatite C, a marqué une prise de conscience. Très efficace... il était aussi très cher ! À l'issue d'un bras de fer avec le laboratoire pharmaceutique Gilead, le gouvernement a abaissé son prix de 57 000 euros à 41 000 euros la cure de douze semaines. "Pour la première fois, la question de l'accès à l'innovation médicamenteuse s'est posée non pas pour des pays en développement ou émergents mais pour les pays les plus riches", note l'Assurance-maladie dans un rapport qui pointe de nouvelles inquiétudes à l'horizon : le coût des traitements anticancéreux. Il a progressé de 150 millions d'euros en 2004 (+ 8,4 %) et cette inflation va se poursuivre avec le développement de nouvelles thérapies ciblées.

 

 

Ces avancées scientifiques sont une bonne nouvelle médicale, mais se heurtent à un écueil. "Le risque, c'est de priver les malades des médicaments innovants car ils coûteraient trop cher à l'Assurance-maladie", craint Emmanuel Jammes, de la Ligure contre le cancer. Les chiffres, en effet, donnent le tournis. Le Tarceva, traitement utilisé contre certains cancers bronchiques, coûte aux Etats-Unis plus de 78 000 dollars par an pour chaque patient traité, notre l'association de défense des patients.

 

 

Le coût du Keytruda, l'une des toutes dernières molécules contre le traitement du mélanome, pourrait coûter 100 000 euros par an pour chaque patient traité en France. Le Glivec, traitement contre la leucémie myéloïde chronique, coûte au moins 80 000 dollars par an et par personnes aux États-Unis. En France, il oscille autour de 40 000 euros selon la dose prescrite".

 

 

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"Pas de transparence"

 

Ce médicament "a vu son prix passer aux États-Unis en quinze ans de 30 000 à 90 000 dollars par an", notent 110 cancérologues dans leur appel à maîtriser les prix des nouveaux médicaments contre le cancer, publié mi-mars dans le Figaro. Dans leur viseur : la manière dont l'industrie pharmaceutique joue sur les prix pour maintenir ses profits. La ligue contre le cancer veut faire la lumière sur les coûts pour faire baisser les prix.

 

 

"Il n'y a aucune transparence sur la manière dont sont fixés les prix des médicaments. Les débats sont à huis clos. Dans l'industrie pharmaceutique, le coût marketing pour promouvoir les médicaments est de 30 %, soit plus que le montant d'investissement dans la recherche sur une molécule !", s'indigne Emmanuel Jammes. E.B.

 

 

 

PRIX DES MÉDICAMENTS

 

Comment ça marche ?

 

En France, quand un laboratoire développe un nouveau produit, il doit demander une autorisation de mise sur le marché à l'Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM). Si l'industriel ne souhaite pas qu'il soit remboursable, le prix est libre. Si le médicament est remboursable, une procédure se met en place. Tout d'abord, la Haute autorité de santé évalue sa "valeur thérapeutique", autrement appelée "service médical rendu", pour savoir si le médicament est remboursable ou non. Elle met ensuite une note de 1 à 5 pour évaluer l'amélioration du service rendu par rapport aux autres molécules déjà existantes.

 

 

Qui fixe le prix ?

 

S'engage ensuite une négociation entre l'État et le laboratoire pharmaceutique. C'est le comité économique des produits de santé (CEPS), composé de représentants des ministères, des organismes nationaux d'assurance-maladie et des représentants des complémentaires qui négocie avec l'industrie pharmaceutique pour déterminer le prix du médicament.

 

 

L'union nationale des caisse d'Assurance-maladie (Uncam) fixe le taux de remboursement. À la fin, le ou la ministre de la Santé tranche.

 

 

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"Le prix n'est pas un marchandage"

 

"Les médicaments innovants sont avant tout une bonne nouvelle pour les patients. Ils vont révolutionner le pronostic des malades, en transformant, notamment dans le cancer, des pathologies mortelles en maladies chroniques", selon le Docteur Eric Baseilhac, directeur des Affaires économiques du syndicat Leem (Les entreprises du médicament. "Le prix n'est pas le fruit d'un marchandage de tapis. Il est administré, s'inscrit dans un processus fixé par la loi. Un médicament est le résultat d'un parcours de recherche et de développement long, coûteux et risqué qui peut durer douze ans en moyenne. Notre objectif est que nos produits bénéficient à tous les patients.

 

 

"De nombreuses innovations thérapeutiques apparaissent dans le domaine du cancer. Certaines offrent aux malades des espoirs de survie plus longue et d'une meilleure qualité de vie. Pourtant, le coût d'abord croissant et maintenant exorbitant de ces innovations risque fort de compromettre ces espoirs". Dominique Maraninchi, Cancérologue et 109 de ses confrères dans une tribune au Figaro

 

 

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Au Royaume-Uni, le choix du sacrifice

 

En Grande-Bretagne, chaque année de vie gagnée à un prix. Face à l'augmentation des tarifs des médicaments innovants, l'Angleterre a fait le choix du sacrifice. Le financement d'un traitement peut être refusé si le "bénéfice" attendu pour le malade est trop faible au regard de son coût. Ce "bénéfice" pour le patient est mesuré en années de vie de qualité gagnée (Qaly).

 

 

Concrètement, outre-Manche si un médicament a un coût supérieur à environ 30 000 € par QALY (Quality-adjusted-life-years), il ne sera pas remboursé par la collectivité. L'argument utilisé pour soigner ce malade pourrait être mieux consacré à en soigner d'autres dont le gain de vie sera supérieur.

 

 

Aux Etats-Unis, les patients doivent assumer de lourds restes à charge. "Des médecins américains spécialistes du cancer ont exprimé leurs inquiétudes devant les prix de ces innovations, s'émouvant de les voir passer de 10 000 à plus de 120 000 dollars par patient et par an en une quinzaine d'années. De fait, des dizaines de millions d'Américains qui ne bénéficient ni d'une aide de l'État ni d'une assurance santé personnelle ne peuvent déjà plus profiter de ces progrès thérapeutiques.

 

 

Quant à ceux qui sont pourtant détenteurs d'une assurance santé, ils peuvent néanmoins avoir à s'acquitter d'un "reste à charge" de 25 000 à 30 000 dollars par an [...] Le régime de santé solidaire dont nous bénéficions en France met pour l'instant les patients à l'abri. Mais pour combien de temps ?", interrogent les 110 cancérologues dans leur tribune au Figaro.



17/04/2016
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