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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du mercredi 8 juin 2016

 

 

SANTÉ - INSERM. L'ANOREXIE MENTALE : VERS DE NOUVELLES THÉRAPIES

 

 

Des chercheurs ont mis à jour des mécanismes proches de ceux de l'addiction dans cette maladie, qui frappe majoritairement les jeunes filles. Une piste qui ouvre de nouvelles voies thérapeutiques.

 

 

Une étude scientifique vient bousculer les connaissances sur l'anorexie mentale. Et si la "peur de grossir" - qui est un des critères définissant ce trouble du comportement alimentaire - était plutôt un "plaisir de maigrir" ? La question peut sembler rhétorique. Elle change en réalité l'approche de cette pathologie rare, dont les médecins ne connaissent toujours pas la cause et contre laquelle ils n'ont aucun médicament.

 

 

 

Que dit l'étude de l'Inserm ?

 

L'étude de l'Inserm (Institut National de la Recherche Médicale) a mesuré la réaction de 70 jeunes femmes anorexiques et 20 non anorexiques à la projection d'images de personnes en surpoids et en sous-poids. La vision des corps gros ne provoque aucune réaction chez les premières comme chez les secondes. En revanche, les silhouettes d'une extrême finesse activent un principe de plaisir dans le cerveau des patientes malades, alors qu'elles ne déclenchent rien dans celui du groupe non malade. Comme si les patientes anorexiques ressentaient un "shoot à la maigreur". La recherche montre par ailleurs que cette réaction est "génétiquement influencée".

 

 

 

Qu'est-ce que ça change ?

 

"On passe de la phobie - la peur de grossir - à l'addiction - le plaisir de maigrir. Ce ne sont plus les mêmes circuits cérébraux qui sont mobilisés, ni les mêmes approches thérapeutiques", explique Philip Gorwood, psychiatre, qui a conduit l'étude de l'Inserm. Ces résultats offrent donc de nouvelles perspectives pour soigner les jeunes filles souffrant de cette pathologie face à laquelle les soignants sont démunis. "Actuellement, la seule prise en charge est un bras de fer avec les patientes, à travers l'hospitalisation, pour les amener à se réalimenter", explique Philip Gorwood, qui exerce au Centre hospitalier Sainte-Anne à Paris.

 

 

 

Quelles nouvelles thérapies ?

 

"On pourrait imaginer à l'avenir développer des médicaments qui, comme dans les addictions, agissent sur les circuits de récompense. Mais ce n'est pas encore d'actualité", explique-t-il. En recentrant les connaissances sur une pathologie du cerveau (inscrite dans un contexte social et une histoire personnelle), cette recherche ouvre également la voie à l'usage de thérapies comme la remédiation cognitive (rééducation des fonctions cognitives) ou la thérapie en pleine conscience (pour lutter contre les pensée automatiques).

 

 

 

Quelle politique publique ?

 

"L'élément déclencheur de l'anorexie est le début d'un régime restrictif. Ensuite, dans un effet en cascade, les jeunes femmes n'arrivent plus à s'en sortir", explique Philip Gorwood. Le psychiatre appelle à une prise de conscience, notamment dans les magazines féminins, pour mettre un terme aux images de mannequins trop maigres ou aux appels aux régimes pour perdre un ou deux kilos avant l'été. Élodie Bécu

 



09/06/2016
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