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ALLEMAGNE - POLITIQUE. MIGRANTS : MERKEL DURCIT LE DISCOURS

La chancelière allemande Angela Merkel a lancé la bataille des législatives 2017 en adoptant un ton ferme sur l'immigration pour contrer la droite populiste

Sans surprise. Hier, à Essen (ouest de l'Allemagne), la chancelière Angela Merkel a été réélue à la tête de l'Union chrétienne démocrate (CDU). La dirigeante de 62 ans mènera la campagne électorale des législatives pour conserver la chancellerie en 2017.

Mais son score - 89,5 % des voix, son deuxième plus mauvais résultat en seize ans à la tête de la CDU - sonne, sinon comme un désaveu, au moins comme un avertissement. En raison de sa politique d'accueil des migrants lancée en 2015, Angela Merkel essuie de nombreuses critiques au sein de son parti.

Un avertissement entendu avant même l'annonce du résultat. Devant un millier de délégués réunis, la chancelière a assuré qu'"une situation comme celle de l'été 2015 ne peut et ne doit pas se répéter".

"C'était et c'est notre et mon objectif politique", a-t-elle insisté plus d'un an après sa spectaculaire décision d'ouvrir les portes de son pays à près de 900 000 demandeurs d'asile fuyant notamment la guerre en Syrie

Cet afflux inédit a profondément bouleversé la société, partagée entre générosité et inquiétudes à l'égard de l'afflux de réfugiés. La chancelière avait vu sa cote de popularité dégringoler. Elle a toutefois depuis regagné une partie du soutien populaire.

Durant un discours de soixante-quinze minutes, Angela Merkel s'est montrée ferme sur la défense des valeurs de l'Allemagne et de l'Europe, affirmant vouloir interdire le voile intégral, un phénomène toutefois marginal en Allemagne, "là où c'est juridiquement possible".

Son ministre de l'Intérieur, Thomas de Maizière, avait déjà présenté un projet en ce sens en août pour interdire les tenues islamiques camouflant le visage dans l'administration, les écoles, les universités ou devant les tribunaux. Elle a aussi insisté sur le fait que "le droit allemand prévaut sur la charia" (la loi coranique).

Le CDU devrait également se prononcer durant ce congrès sur un tour de vis en matière d'expulsions des demandeurs d'asile déboutés avec un allongement de la durée de séjour en centre de rétention.

Rempart au populisme

Longuement ovationnée par ses paris, elle s'est présentée en rempart devant la montée du populisme, et a mis en garde contre "les solutions simples proposées par les droites extrêmes".

"Le monde n'est pas noir et blanc", a souligné la chancelière sans évoquer directement l'ascension rapide et inédite de la droite populiste Alternative pour l'Allemagne (AfD) créditée de 12 à 13 % des intentions de vote.

L'AfD prospère sur les inquiétudes d'une frange de la population, en particulier en ex-RDA, qui se sent déclassée socialement et rejette les élites. Ce parti a en particulier adopté un discours anti-islam et anti-migrants virulent.