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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du mercredi 6 juillet 2016

 

 

UNION EUROPÉENNE - ÉCONOMIE. L'ESPAGNE, PREMIÈRE PERDANTE DU BREXIT ?

 

 

Depuis le référendum, le expatriés britanniques en Espagne, trois fois plus nombreux qu'en France, s'inquiètent. De leur côtés, les Espagnols craignent des retombées négatives pour leur économie.

 

 

 

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illiam Clarke est hors de lui : "Je suis en colère car c'est une décision à laquelle je n'ai pas pu participer". Cet interprète britannique, qui vit à Madrid depuis plus de trente ans, n'a pas eu le droit de voter lors du référendum sur le Brexit. Ça peut paraître impensable pour un Français, mais c'est ainsi pour les expatriés britanniques", après quinze ans d'absence du Royaume-Uni, explique-t-il. Mais William a décidé d'agir. Au nom de ces milliers d'expatriés britanniques privés du droit de vote, il a lancé la pétition "Please let me vote" ("laissez-moi voter, de grâce !") sur le site Change.org afin de pouvoir participer à l'avenir aux décisions importantes de son pays.

 

 

William essaie de garder le calme et de ne pas paniquer mais dans le fond, il est très inquiet. "Pour le moment, j'ai accès aux services de santé espagnols parce que la Grande-Bretagne est au sein de l'Union mais si ça change, je ne sais vraiment pas ce qui va se passer. Je suis dans l'incertitude complète".

 

 

William et les 350 000 à  800 000 expatriés britanniques (NDLR : tout dépend de la longueur annuelle de résidence retenue) ne sont pas les seuls à s'inquiéter. Dans la presse espagnole, on parle de l'impact de la sortie des Britanniques de l'UE sur le tourisme, les exportations et les  investissements. En 2015, les Anglais furent les plus nombreux à venir dans la péninsule : 15,5 millions de touristes britanniques y ont dépensé 14,5 milliards d'euros. Mais la dévalorisation de la livre sterling par rapport à l'euro va rendre "l'Espagne trop chère pour eux", souligne Robert Tornabell, professeur d'économie à l'école de commerce Esade.

 

 

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Nouvelle crise dans l'immobilier ?

 

Et l'impact monétaire aura aussi des effets sur les exportations espagnoles vers le Royaume-Uni, dont le volume est actuellement de 18,231 milliards d'euros, chiffre le quotidien El País. "Ils iront acheter ailleurs", pense le professeur qui prévoit aussi "une chute de 20 % des investissements anglais".

 

 

La perte du pouvoir d'achat des Britanniques pourrait freiner aussi leur appétit immobilier en Espagne. Représentant 21,34 % des achats étrangers, les Anglais sont les premiers acquéreurs de logements en Espagne, notamment sur la côte méditerranéenne. Ces dernières années, leur nombre n'a cessé d'augmenter : 4 000 en 2011, 10 000 en 2015, énumère Fernando Encinar, chef d'études du portail immobilier Idealista.com. Mais ce dernier n'est pas très inquiet car les Britanniques ne représentent que 2 % du marché de l'immobilier ibérique. Il pense même que le Brexit pourrait être une aubaine pour ceux qui ont déjà acheté un logement. "En le vendant en euros, ils gagneront 25 % de plus", prévoit-il.

 

 

Au-delà des affaires, le Brexit soulève des questions purement humaines. Qu'adviendra-t-il des 200 000 Espagnols qui résident au Royaume-Uni, interroge El País. William Clarke se pose la même question pour ses jeunes neveux anglais. "Ils avaient jusqu'à maintenant la liberté de vivre et de travailler dans toute l'Europe. Avec le Brexit, ils perdront cette opportunité", soupire-t-il tristement. A Madrid, Isabelle Birambaux



07/07/2016
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