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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du mercredi 21 décembre 2016

 

 

 

LES MARCHÉS DE NOËL EN ALLEMAGNE CONSTITUENT UNE CIBLE DEPUIS LONGTEMPS

 

 

Attentat de Berlin : Daech revendique, le suspect en fuite

 

 

L'organisation djihadiste a revendiqué hier soir l'attaque terroriste qui a fait 12 morts et une cinquantaine de blessés dans la capitale allemande. Un suspect a été relâché. Au moins un tueur dangereux et armé, serait en fuite.

 

 

Qui était derrière le volant du camion 38 tonnes qui a fauché lundi soir des dizaines de personnes, sur le marché de Noël de l'avenue la plus fréquentée de Berlin ? Le mystère restait hier soir entier. Mais "l'acte terroriste", ainsi qualifié par la chancelière Angela Merkel, a été confirmé dans la soirée avec la revendication officielle et authentifiée de Daech.

 

 

Le bilans s'est établi à 12 morts et 48 blessés, dont 24 sont sortis hier de l'hôpital. Parmi les victimes décédées, au moins six sont Allemandes. Les identifications des autres se poursuivaient hier soir.

 

 

 

■ Daech revendique l'attaque

 

Via son agence de propagande Armq, l'organisation État islamique (EI) a revendiqué hier, vers 20 h 30, l'attaque. Daech (acronyme en arabe de l'EI) a souligné que l'assaillant du véhicule était l'un de ses "soldats". "Il a commis l'opération de Berlin en réponse aux appels à cibler les ressortissants des pays de la coalition internationale" anti-EI, indique aussi le communiqué.

 

 

Ce type d'attaques, a depuis longtemps été planifié par les djihadistes. Avant d'être tué le 30 août dernier par une frappe de la coalition, le porte-parole de Daech, Abou Mohammed al-Adnani, appelait régulièrement à mener ce genre d'actions. Un terrorisme "de proximité" que de nombreux activistes radicalisés ont appliqué à la lettre ces derniers mois en France et en Allemagne.

 

 

 

■ Camion détourné, chauffeur assassiné

 

On en sait davantage sur le déroulé de cette tragique soirée. Il était environ 20 heures, lundi, quand le camion, immatriculé en Pologne, dans une société de Szczecin (1 h 40 de route de Berlin), a percuté des passants au niveau du marché de Noël, sur la Breitscheidplatz, face au Ku'Damm, l'équivalent des Champs-Élysées de la capitale allemande.

 

 

Contrairement aux marchés de Noël en France, celui-ci est peu surveillé et n'est pas équipé de plots anti-intrusion. Le conducteur initial du camion, un homme de 37 ans, à la très forte corpulence et pas habitué à se laisser faire, a précisé hier son cousin qui l'employait dans la société de transport, a été retrouvé mort dans la cabine. Selon les enquêteurs, il aurait été tué avec une arme blanche et touché également par balle. Ce chauffeur rentrait d'une mission en Italie et devait déposer de l'acier dans une entreprise berlinoise.

 

 

La société fermée, il a dû patienter une journée. À ce moment-là, un voire deux individus auraient pu s'introduire dans le camion et le détourner après avoir neutralisé le chauffeur. Selon son patron, le contact avec son employé a été perdu à 16 heures. Le décryptage du GPS laisse penser que le poids lourd a effectué juste après des petits mouvements en avant et en arrière, "comme si quelqu'un apprenait à conduire". Qui a conduit ensuite le camion sur une dizaine de kilomètres jusqu'au marché de Noël ?

 

 

 

■ Un suspect arrêté puis relâché

 

Interpellé dès lundi soir, après la course-poursuite d'un témoin, un demandeur d'asile pakistanais de 23 ans, soupçonné dans un premier temps, a été relâché hier après-midi. Son prénom et son profil avaient fuité la nuit précédente, orientant même les recherches des policiers vers l'ancien aéroport de Tempelhof, transformé en centre d'accueil de réfugiés.

 

 

L'homme avait tout nié, et les analyses l'ont totalement disculpé. Ce coup de théâtre a eu un effet immédiat sur l'enquête : une chasse à l'homme s'ouvrait dans Berlin. "Un criminel dangereux et peut-être armé", a décrit la police berlinoise.

 

 

Qui est-il ? Quelles étaient ses motivations ? Était-il en relation directe avec l'organisation État islamique ou a-t-il agit seul ? Comment a-t-il fui alors que le marché était noir de monde profitant de la confusion ? La police allemande n'a pas exclu hier soir que plusieurs individus puissent être impliqués dans cet attentat. Des moyens de sécurité maximum ont été déployés dans la capitale allemande, alors que les recherches se poursuivaient hier soir. Xavier Frère.

 

 

 

 

ANGELA MERKEL SOUS LE FEU DES CRITIQUES

 

 

Avocate déterminée de l'accueil des réfugiés, la chancelière est affaiblie à dix mois des législatives

 

 

"Si l'attentat a été commis par un demandeur d'asile, il est odieux pour les Allemands qui aident les réfugiés, et pour les réfugiés qui veulent s'intégrer", a déclaré Angela Merkel. Elle aurait pu ajouter : odieux pour moi, chancelière engagée dans l'accueil des réfugiés. Et exposée à des législatives en septembre 2017...

 

 

"Wir schaffen das", nous y arriverons, disait-elle en 2015 afin de justifier sa position, mêlée de principes chrétiens et d'intérêts économiques. Le nombre d'arrivées a cette année-là frôlé les 900 000.

 

 

 

Les agressions de Cologne

 

Sa popularité personnelle a longtemps convaincu les Allemands de la suivre. Mais le vent a commencé à tourner justement à l'est avec Pegida (abréviation d'Européens patriotes contre l'islamisation de l'Occident), dont les manifestations ont rencontré un succès croissant. Le mouvement a trouvé un relais politique en l'AfD (Alternative für Deutschland), petit parti eurosceptique converti à l'islamophobie. Il ne cesse de progresser, arrivé par exemple en deuxième position devant la CDU au scrutin local du Mecklembourg-Poméranie - là où se trouve la circonscription d'Angela Merkel.

 

 

La chancelière a entendu les critiques, surtout après la vague d'agressions sexuelles perpétrées lors de la dernière Saint-Sylvestre, à Cologne. Au congrès de la CDU, début décembre, elle a reconnu qu'un afflux comme en 2015 "ne doit pas se répéter". Elle avait auparavant imposé au reste de l'Europe un accord avec la Turquie, qui retient une grande partie des migrants en route vers l'Allemagne. Le nombre d'arrivées de réfugiés a d'ailleurs été divisé par trois à 300 000 cette année.

 

 

L'attentat de lundi fera sans doute dire que c'est encore beaucoup trop à nombre d'Allemands. L'alliée bavaroise la CSU a dénoncé une menace islamiste "importée de manière systématique et irresponsable au cours de l'année et demi écoulée". Et le porte-parole de l'AfD a twitté : "Ce sont les morts de Merkel". Le ton de la campagne à venir est donné. Francis Brochet

 



22/12/2016
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