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DEMOGRAPHIE - La France vieillit. Pic de mortalité en 2015 chez les plus âgés. Combien sommes-nous et comment vivons-nous ? L'Insee lance demain son opération annuelle de recensement. Du bilan 2015, il faut retenir un record de décès depuis l'après-guerre. C'est un triste de record. En 2015, la France a enregistré 600 000  décès : soit 41 000 de plus qu'en 2014 (+ 7,3 %). Jamais depuis l'après-guerre, le pays n'avait connu une telle "hécatombe". Et bien sûr, la série d'attaques terroristes qui a visé l'Hexagone entre janvier et novembre, n'explique pas cette tendance dont les premières victimes sont les plus de 65 ans.

Les baby-boomers prennent de l'âge

Marie Reynaud, chef des études démographiques et sociales à l'Insee, impute ce pic de mortalité au "vieillissement de la population" : la génération du baby-boom, née après 1946, a pris des cheveux blancs. La proportion des plus de 65 ans progresse : ils étaient 18,8 % début 2016 contre 18,4 en 2015 (et 15 % en 1996).

Deuxième facteur, selon la démographe : "La mortalité aux âges les plus avancés de la vie a augmenté". Chez ces classes d'âge, l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a relevé, l'an passé, trois épisodes de surmortalité liés à une épidémie de grippe longue et sévère, à la canicules et à un coup de froid en automne.

La grippe et la canicule fatales

Résultat : 24 000 décès supplémentaires ont été comptabilisés au cours des trois premiers mois de l'année par rapport à 2014. "Le vaccin n'était pas efficace contre certains virus et la couverture vaccinale des personnes de plus de 65 ans a baissé. En outre, le virus majoritaire lors de cet épisode est connu pour avoir provoqué des complications chez les personnes fragiles", précise l'Insee. Si elle n'a pas eu l'ampleur de celle de 2003, la canicule de juillet a tout de même tué 2 000 personnes. Enfin, 4000 Français de plus auraient succombé en octobre, comparé à la même période un an plus tôt, "probablement en raison des vagues de froid survenues au milieu du mois", précise l'institut.

L'espérance de vie en prend un coup

Conséquence de cette vague de mortalité, l'espérance de vie à la naissance diminue : de 0,4 an pour les femmes et de 0,3 ans pour les hommes. Dans les conditions de 2015, une femme vivrait 85 ans en moyenne et un homme 78,9 ans. Pas de quoi s'affoler pour autant. D'abord, parce que des baisses ont déjà été constatées dans le passé.

Ensuite parce que "pour le moment, tout laisse à penser que ce phénomène est ponctuel et lié à ces épisodes sanitaires", relève Marie Reynaud; "Avant 2015, on avait déjà un vieillissement de la population et pourtant on avait constaté une baisse des décès. S'il n'y a pas de facteur conjoncturel massif comme en 2015, on peut imaginer que la tendance à la hausse de l'espérance de vie se poursuive". Notamment pour les hommes qui ont gagné deux ans depuis 1995 quand l'espoir de vivre plus longtemps des femmes a quand même tendance à stagner. Dernier motif de réconfort : la mortalité n'a pas augmenté chez les actifs. Chrstine Beranger

Un peu moins de bébé aussi

Décidément, le cru 2015 ne s'avère pas le meilleur pour la démographie française. Outre ce nombre record de décès, l'Hexagone a comptabilisé un peu moins de naissances. 800 000 bébés "seulement" sont nés en 2015 : soit 19 000 de moins qu'en 2014. Le taux de fécondité, qui s'élevait à deux enfants par femme en 2014, est descendu à 1,96.

Ce léger infléchissement (-2,3 %) des naissances n'inquiète cependant pas les experts de l'Insee : "800 000 reste un chiffre élevé. On ne peut pas parler d'amorce à la baisse, ce serait prématuré". Ils préfèrent évoquer une "natalité stable", oscillant autour de 800000 depuis les années 1980 avec un boom de 833 000 en 2010 et un creux de 741000 en 1994. D'autant que ce chiffre maintient la France dans le peloton de tête des pays européens les plus "féconds" derrière l'Irlande (1,99 enfant par femme). Autre tendance : l'âge moyen à l'accouchement, en constante augmentation, atteint désormais 30,4 ans (contre 30,3 en 2014). Mais si l'âge de la première maternité ne cesse de reculer depuis 1977, la moyenne de deux enfants par femme reste une constante.

Moins de bagues au doigt, 3 % de mariages gay

Moins de couples français sont passés devant le maire l'an dernier. Le nombre de mariage a légèrement décru en 2015 : 239 000 ont été célébrés, dont 231 000 entre personnes de sexe différent et 8 000 entre personnes de même sexe.

Cette baisse s'explique par moins de célébrations de mariages homosexuels en 2015, et une stabilité du nombre de mariage de sexe différents. En 2014, à l'inverse, le nombre important de mariages homosexuels avait compensé la diminution des mariages hétéro-sexuels.

Cet éloignement du mariage est une tendance de long terme. Les mariages entre personnes de sexe différent ne cessent de diminuer depuis 2000, note l'Insee. Non seulement les mariages sont de plus en plus tardifs, mais les générations récentes se marient moins que les précédentes. Cela ne signifie pas pourtant qu'elles fuient les unions légales. Au contraire.

"La pratique du mariage a tendance à baisser depuis les années 1970. Mais il est intéressant d'observer que si on additionne le nombre de mariages de et de Pacs, on est autour de 400 000 unions officielles, soit davantage que le nombre de mariages en 2000. Les couples souhaitant une reconnaissance officielle de leur union sont plus nombreux Les Français ont à coeur de légitimer leur union et peuvent le faire aussi à travers le Pacs, forme plus souple et perçue comme moins inégalitaire", note Laurent Toulemon, directeur de recherche à l'Institut national d'études démographiques (Ined).