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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du mercredi 10 février 2016

 

 

EDUCATION - Colloque. Contre les complots, l'Ecole veut se défendre. Dans les salles de classe, les attentats de 2015 ont été très discutés. L'ampleur des théories conspirationnistes a surpris les enseignants. Le ministère promet des outils pour mieux les contrer. Lundi 12 janvier 2015. Retour en classe, après Charlie, l'Hyper Cacher et les défilés de quatre millions de personnes, la veille, en dénouement. Ronan Cherel, professeur d'histoire-géographie dans un collège breton, a hâte d'en parler avec ses élèves, d'exorciser le traumatisme.

 

 

 

Le matin, l'homme est en prison, où il donne des cours. Lorsqu'il évoque le sujet, les détenus goguenardent : "Tout ça, c'est le complot judéo-maçonnique !" Rebelote l'après-midi, face à ses collégiens. Ronan Chenel n'en revient toujours pas : "Ils l'ont emporté dans l'argumentaire face à moi, c'était comme s'ils avaient une conscience collective. Je me suis dit qu'on était face à un vrai problème".

 

 

 

 

"Défaire cette fascination nocive"

 

En ce mois de janvier, les scènes de ce genre se multiplient. D'un coté des élèves qui doutent ou sont en rupture avec le discours de l'institution, des politiques, ds médias ; de l'autre, des enseignants souvent sans voix.

 

 

Le phénomène est difficile à quantifier, mais dans l'entourage de la ministre de l'Eucation, Najat Vallaud-Belkacem, on ne veut pas le minimiser : "On a été surpris par l'ampleur des remontées sur le succès des théories du complot, notamment de la part des représentants des lycéens".

 

 

Le ministère a donc décidé de munir ses troupes d'outils adéquats. Hier, une journée d'étude intitulée "Réagir face aux théories du complot" était organisée à Paris. Najat Vallaud-Belkacem y assistait : "Il faut se donner les moyens de défaire cette fascination nocive", entretenue par le web.

 

 

Elle a affirmé que des ressources pédagogiques seraient mises à disposition des enseignants "dans les prochains mois". Un appel à projet sera lancé pour faire remonter les initiatives intéressantes des enseignants. Le tout sera coordonné au sein de l'enseignement moral et civique (EMC) et de l'éducation aux médias et à l'information (EMI).

 

 

 

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Ne pas répondre de front, ne pas mépriser

 

Des débats d'hier, deux tendances ressortent : il ne faut ni tenter de démonter un à un les arguments, ni traiter les élèves qui relayent ces discours en "pestiférés". L'idée est plutôt de faire comprendre les mécanismes de manipulation et de généraliser des initiatives jusqu'alors éparses : création d'une revue, mise en place de cours "d'autodéfense intellectuelle" ou montage vidéos de fausses théories du complot.

 

 

Najat Vallaud-Belkacem mise sur le rôle des documentalistes : "Il faut insister sur la fiabilité des sources. Une information n'a pas la même valeur, selon qu'elle émane de GrosKissou68 ou du site de l'Encyclopedia Universalis". Formulé ainsi, cela peut prêter à rire. Mais Gérald Bronner, professeur des sociologie à Paris-Diderot et spécialiste de ces phénomènes, ne dit pas autre chose lorsqu'il explique, un brin solennel : "Il faut défendre la démocratie de la connaissance contre la démocratie des crédules". Ryad Benaidji

 

 

 

 

 

Complotisme, mode d'emploi

 

 

Les théories du complot sont des thèses remettant en cause la version officielle des faits, pour lui substituer l'idée d'un complot sans jamais le prouver formellement. C'est une mécanique qui consiste à établir des liens qui n'existent pas entre les événements, faire l'impasse sur ce qui pourrait remettre en cause cette théorie et mettre en avant les "manifestations" ou les "signes" concrets du complot.

 

 

Avec internet, ces théories se diffusent plus largement, rapidement, et collent à l'actualité. L'existence de réelles machinations à travers l'histoire donne des raisons supplémentaires aux adeptes du conspirationnisme de s'enfermer dans leur logique, qu'il s'agisse de l'affaire d'espionnage politique du Watergate ou du renversement de Mohammad Mossadegh, en Iran, par la CIA en 1953 afin de préserver les intérêts américains dans le pays. En 2000, Bill Clinton a reconnu l'implication de son pays dans cette conspiration.

 

 

 

Le 11 septembre 2001

 

D'après les théories du complot sur le 11-Septembre, les attentats ont été organisés par l'administration Bush, les services secrets américains, une faction au sein de l'appareil d'Etat américain ou encore l'Etat d'Israël afin de justifier une politique de restriction des libertés publiques mais surtout des interventions militaires à l'étranger, contre l'Afghanistan et l'Irak.

 



11/02/2016
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