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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du mardi 6 juin 2016

 

 

SUISSE - NON À 76,9 %. LES HELVÈTES REJETTENT LE REVENU UNIVERSEL

 

Les Suisses ont refusé massivement hier la création d'un revenu de base pour tous, salariés ou sans emploi, un projet unique au monde qui a suscité de vifs débats dans un pays où l'on vénère la valeur travail.

 

 

"Le RBI (Revenu de Base Inconditionnel) est mort, vive le RBI !", comme le proclament les Verts genevois, partisans du "oui". Ou au contraire "un enterrement de première classe" pour le député valaisan Yannick Buttet, membre du comité inter-partis pour le "non". Selon le camp dans lequel on se trouve, les 23,1 % récoltés hier pour instaurer le principe d'un revenu pour tous, n'avaient pas tout à fait la même saveur. Peu réputés pour leur aventurisme économique, les Suisses ne se sont pas jetés à corps perdu dans un projet qui comportait beaucoup d'incertitudes.

 

 

"L'idée s'impose au niveau mondial"

 

Ce n'était pas tant le montant, non fixé mais imaginé à environ 2 300 euros, que les modalités de financement qui ont inquiété les électeurs. Les partisans du RBI proposaient de faire table rase du système social pour le remplacer par cette allocation universelle, de la naissance à la mort et sans contrepartie. "De bonnes questions ont été soulevées car avec la robotisation et d'autres facteurs, l'emploi évolue. Mais les solutions étaient mauvaises", soulignait Yannick Buttet.

 

 

Du côté des initiants, on se réjouissait au contraire de la dynamique créée et d'avoir séduit près d'un électeur sur quatre. "Il ne s'agit que d'une étape", expliquait Ralph Kundig, le coordinateur romand, dans une ambiance de fête à Lausanne.

 

 

Passage par la voie parlementaire ?

 

Le comité envisage désormais de passer par la voie parlementaire. "Nous allons aussi suivre de près les expériences qui se font ailleurs, notamment en Finlande. L'idée du revenu de base est en train de s'imposer au niveau mondial", affirme Ralph Kundig. Localement, des expérimentations auront lieu à Lausanne, et peut-être à Genève. Et le comité n'exclut pas de revenir vers une votation populaire en cas d'échec à Berne, persuadé que le RBI incarne l'avenir dans des économies modernes où le salariat perd de son hégémonie.

 

 

Une forme de dérive de la démocratie suisse que dénonce Yannick Buttet. "Il faudrait augmenter le nombre de signatures nécessaire au dépôt d'une votation. Il y a des solutions moins chères pour avoir un débat intéressant... Sébastien Colson

 

 

 

AILLEURS

 

 

Une utopie ancienne...

 

Offrir à tous un revenu de subsistance de la naissance à la mort sans conditions est une idée ancienne, qui a une double filiation. Ses origines sont à chercher aussi bien du côté des penseurs utopistes sociaux (ce concept a émergé au XVIIIe siècle avec le philosophe américain Thomas Paine ; il a été repris au XXe siècle notamment par la philosophe français André Gorz, l'un des inspirateurs de l'écologie politique) que des libéraux (il a été développé dans les années 1960 par l'économiste américain, Milton Friedman et défendu par le prix Nobel d'économie Friedrich Hayet).

 

 

Ce qui explique qu'il trouve aujourd'hui encore des partisans (et des opposants) dans les deux camps, à droite comme à gauche.

 

 

...Bientôt testée en Finlande

 

La Suisse n'est pas la seule à se poser la question d'instaurer un revenu universel de base. La Finlande prévoit de l'expérimenter en 2017, sur un échantillon de la population. Le Québec étudie aussi cette possibilité, et l'Ontario - au Canada également - a annoncé le lancement d'un projet pilote sur le revenu de base garanti.

 



07/06/2016
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