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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du mardi 14 février 2017

 

 

 

APRÈS L'AFFAIRE THÉO ET LES INCIDENTS DE CES DERNIERS JOURS

 

 

 

Banlieues : 40 ans d'échec et un sujet dans la campagne

 

 

Malgré 47 milliards d'euros investis depuis 2003 dans les banlieues et 12 ans après les émeutes de 2005, l'Observatoire de la politique de la ville dresse un constat accablant de la situation dans les quartiers prioritaires où vivent 4,8 millions de personnes.

 

 

Jusqu'à ces derniers jours, les banlieues étaient presque totalement absentes des débats de la présidentielle. Après l'affaire Théo et les incidents qui se sont propagés à plusieurs quartiers, la politique de la ville et son piètre bilan font une entrée fracassante dans la campagne. En janvier 2015, après les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher, Manuel Valls avait lui-même dénoncé un "appartheid territorial, social et ethnique".

 

 

Le Premier ministre dressait le constat de l'échec des politiques de sauvetage des cités qui se sont succédé depuis près de 40 ans.

 

 

 

47 milliards dépensés pour un piètre résultat

 

En 2005, les quartiers dits "prioritaires" s'étaient brutalement retrouvés sous les projecteurs. La mort de Zyed et Bouna, deux jeunes de 15 et 17 ans électrocutés dans un transformateur EDF après une course-poursuite avec la police, avait déclenché trois semaines d'émeutes dans toute la France. Bilan : 250 millions d'euros de dégâts matériels et un début de prise de conscience chez les responsables politiques. Il est vite retombé.

 

 

Douze ans plus tard, les banlieues sont de nouveau au bord de l'explosion et interférent dans une élection présidentielle déjà sacrément chamboulée. C'est ce qui a poussé François Hollande à se précipiter au chevet de Théo, par peur d'une répétition du scénario de 2005. "Il y a un risque d'embrasement parce que ça fait des années et des années qu'on ne traite pas la question des quartiers populaires", déplore Yannick Jadot, candidat Europe Écologie Les Verts (EELV) à la présidentielle.

 

 

François Fillon a lui réagi en souhaitant "une osmose entre les forces de sécurité et la population". Marine Le Pen qui a lancé une pétition de soutien à la police juge pour sa part que les incidents de ces derniers jours sont "la conséquence du laxisme qui est la responsabilité des politiques qui nous ont gouvernés pendant des années".

 

 

L'Observatoire national de la politique de la ville dresse un constat accablant de la situation dans les 1 296 quartiers classés en Zone urbaine sensible (ZUS) malgré les 47 milliards d'euros investis depuis 2003 dans ces banlieues où vivent 4,8 millions de personnes. "Depuis 2008, la crise y agit de façon plus brutale et plus profonde qu'ailleurs. Le chômage y a augmenté fortement, l'emploi a eu tendance à se précariser.

 

 

Le système éducatif, malgré des moyens en apparence plus élevés, n'est pas parvenu à faire progresser le niveau des élèves à hauteur de ce qu'il est dans les autres territoires", peut-on lire dans son rapport d'avril 2016.

 

 

 

42 % des jeunes sans emploi

 

Le chômage est deux fois et demi plus élevé dans les quartiers prioritaires, selon la Cour des comptes. Les jeunes de banlieue sont les plus touchés avec un taux de chômage de 42,1 % chez les moins de 25 ans, contre 22,6 % en moyenne en France. Les adolescents des quartiers en ZUS sont défavorisés dès leur entrée au collège : leur taux de réussite au brevet n'est que de 75,6 %, contre 86,1 % dans le reste du pays.

 

 

Pour tenter de pacifier les relations entre la police et les jeunes dans les banlieues, Emmanuel Macron et Benoît Hamon se sont prononcés pour un retour de la police de proximité, supprimée par Nicolas Sarkozy en 2002. Dans un rapport de 2016, le Défenseur des Droits, Jacques Toubon, s'était d'ailleurs inquiété de constater que "les jeunes de 18 à 25 ans se déclarant noir ou arabe" avaient vingt fois plus de probabilité d'être contrôlés par la police que les autres. Luc Chaillot

 

 

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Rappel des faits

 

 

■ Jeudi 2 février : Théo accuse les policiers de viol

 

Après un contrôle d'identité qui a dégénéré et qui a été filmé par des témoins, le jeune homme de 22 ans accuse un des quatre policiers de lui avoir introduit une matraque télescopique dans l'anus. Un médecin diagnostique une plaie de 10 centimètres.

 

 

 

■ Dimanche 5 février : la colère du maire d'Aulnay-sous-Bois

 

Bruno Beschizza, ancien syndicaliste policier, maire d'Aulnay prend fait et cause pour Théo et dénonce un "détournement de vérité" lorsque le parquet de Bobigny requalifie les faits en violences aggravées.

 

 

 

■ Dimanche 5 février : les policiers sont mis en examen

 

Un des fonctionnaires est mis en examen pour viol, ses trois collègues pour violences volontaires en réunion. Ils sont libres, sous contrôle judiciaire, mais suspendus de leurs fonctions.

 

 

■ Nuit du 6 au 7 février : tirs de sommation à balles réelles

 

La cité des 3 000 à Aulnay-sous-Bois est le théâtre d'une troisième nuit d'incidents. Pris à partie, des policiers procèdent à des tirs de sommation à balles réelles pour se dégager.

 

 

 

■ Mardi 7 février : François Hollande au chevet de Théo

 

Le président rend visite à Théo à l'hôpital. Le jeune homme lance un appel au calme. Il dit avoir confiance en la justice.

 

 

■ Nuit du 7 au 8 février : les violences s'étendent

 

Les incidents gagnent plusieurs banlieues de Seine-Saint-Denis alors que la tension baisse à Aulnay-sous-Bois. Des jeunes interpellés sont condamnés en comparution immédiate à six mois de prison ferme.

 

 

 

■ Jeudi 9 février : la thèse du geste involontaire

 

Le défenseur du policier mis en examen pour viol plaide "un geste involontaire" tandis que les enquêteurs de l'IGPN (Inspection Générale de la Police Nationale) retiennent également "le caractère non intentionnel" de son geste.

 

 

■ Samedi 11 février : violents incidents à Bobigny

 

La manifestation de soutien à Théo dégénère devant le tribunal de Bobigny. Les manifestants sont débordés par des casseurs. Au moins 37 personnes sont interpelées. Dimanche soir, des affrontements ont lieu dans le Val d'Oise à Argenteuil donnant lieu à 5 arrestations.

 



16/02/2017
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