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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du lundi 7 mars 2016

 

 

CRISE MIGRATOIRE - Sommet à Bruxelles. Migrants : l'Europe et la Turquie au pied du mur. La rencontre entre les 28 et la Turquie permettra-t-elle d'enrayer le flot des migrants ? Réponse aujourd'hui à Bruxelles dans un climat tendu, alors que 30 000 migrants sont bloqués en Grèce et que les médias d'opposition turcs sont censurés.

 

 

Dix-huit migrants sont encore morts hier en tentant de rejoindre la Grèce depuis la Turquie. Un nouveau drame en mer Egée qui s'ajoute à une longue liste noire entamée, et qui ne devrait pas diminuer en 2016. Sauf si l'Union européenne (UE) et la Turquie parviennent ces prochains mois à maîtriser la crise migratoire sans précédent que connaît le continent européen.

 

 

C'est dire si l'enjeu est de taille aujourd'hui à Bruxelles pour le sommet entre les dirigeants européens et le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu. Prédit cette semaine par Donald Tusk, le président polonais du Conseil européen, le "consensus européen autour d'une stratégie globale" aboutira-t-il, alors que la Turquie, elle, espère en échange de ses "efforts" une accélération de la procédure d'adhésion à l'Europe ?

 

 

 

Sinan Ulgen Président du Think tank Edam à Istanbul, chercheur asocié à Carnegie Europe

 

 

"Un rapport de force en faveur de la Turquie"

 

 

 

 

Comment s'établit le rapport de force actuel entre l'UE et la Turquie ?

 

 

Après l'émergence de cette crise des réfugiés., il y a eu un bouleversement de la relation de pouvoir entre la Turquie et l'Europe. Traditionnellement, cette dernière était rigide dans la mesure où c'est la Turquie qui souhaitait devenir membre de l'UE et qui était en position de devoir accepter les règles de l'Europe.

 

 

Aujourd'hui, la dynamique de l'élargissement de l'UE est en suspens. La relation de pouvoir a changé en faveur de la Turquie, dans la mesure où elle est vue comme l'élément-clé qui pourrait aider l'Europe à gérer cette crise des réfugiés. Dans ce rapport de force, les dirigeants européens deviennent plus souples à l'égard des infractions qu'on constate en Turquie sur les règles de droit ou sur l'état démocratique. L'Europe ne va pas totalement fermer les yeux, mais aujourd'hui la "realpolitik" force les dirigeants européens à être plus muets sur ces sujets-là.

 

 

 

Est-ce le sommet de "la dernière chance" sur cette crise ?

 

Non. Ce qui été signé fin novembre demande encore beaucoup de négociations tactiques. L'Europe se plaint que la Turquie n'en fait pas assez, que le nombre de réfugiés n'a pas chuté par rapport aux objectifs visés. La Turquie déplore, elle, qu'on ne lui a pas versé les 3 milliards d'euros et d'autres engagements. De part et d'autre, on ne veut pas voir ce deal échouer.

 

 

 

La Turquie est-elle prête à une réadmission de réfugiés ?

 

Elle compte près de 3 millions de réfugiés. Elle doit effectivement reprendre des immigrés illégaux, économiques, conformément à l'accord avec l'UE. Il sera mis en vigueur, mais concerne les réfugiés pour lesquels l'asile politique (Afghans, Libyens, Marocains) ne s'applique pas, cela va donc exclure les Syriens. Mais cette réadmission n'est qu'une partie des solutions. Car par ailleurs, le gouvernement turc vient d'octroyer le droit de travail aux réfugiés syriens pour qu'ils ne quittent pas la Turquie, il y a des mesures policières sur le littoral... Cela se met en place progressivement. Il faudra attendre quelques mois pour voir si les mesures turques portent leurs fruits, ont un impact réel sur le nombre total de réfugiés. Recueilli par X.F.

 



08/03/2016
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