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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du lundi 31 octobre 2016

 

 

 

POLITIQUE - LE CHRÉTIEN MICHEL AOUN VEUT "RÉINVENTER LE LIBAN"

 

 

L'ancien chef maronite de l'armée libanaise, exilé pendant 15 ans en France, devrait accéder aujourd'hui à la présidence, avec le soutien des musulmans, des pro et des anti-syriens.

 

 

 

Un vent d'espoir souffle aujourd'hui sur Beyrouth. Après 29 mois de vacance à la tête du pays, faute d'accord entre parlementaires, le Liban pourrait retrouver un président ce lundi. Le général Michel Aoun, 81 ans, maronite longtemps en exil en France, devrait être désigné dans la journée par les 127 députés, au terme d'un long processus de négociations avec les chiites, druzes, sunnites et chrétiens.

 

 

 

Union nationale

 

"Les Libanais cherchent une figure tutélaire qui ne représente pas une faction ou un clan, un homme qui veut réinventer le Liban libre, un homme qui veut réinventer le Liban", analyse l'écrivain Salvatore Lombardo. Cet aouniste de la première heure (auteur de Liban Libre et de Retour à Beyrouth - Éditions Transbordeurs) a rejoint Beyrouth dès ce week-end, à l'instar de milliers de Libanais installés en France, qui ont pris d'assaut les dernières places disponibles dans les avions.

 

 

Au fil des années, le vieux lion, qui avait dû être exfiltré par les services secrets français en 1991 avant d'être autorisé à regagner sa terre natale en 2005, est parvenu à créer un consensus sur son nom et sa personne. Il a su rallier à sa cause le Hezbollah, la Syrie et plus récemment l'ancien Premier ministre Saad Hariri, opposant à Damas : ce dernier devrait, dès cet après-midi, être appelé à former un gouvernement d'union nationale, au moins jusqu'aux législatives prévues pour l'été prochain.

 

 

Des politologues s'interrogent sur la viabilité de cette alliance pourtant fidèle aux accords de 1943, qui prévoient une répartition des rôles politiques entre religions. Les calculs de chaque partie risquent de compromettre une stratégie commune, juge l'universitaire Carole Charabati. Salvatore Lombardo est plus optimiste : "Les leaders politiques ont réalisé qu'avec la crise syrienne, il fallait se rassembler autour des fondamentaux. Michel Aoun a aujourd'hui le soutien de Ryad et de Washington. Les Américains ont compris l'intérêt à trouver au Liban un point de stabilité dans un Orient à feu et à sang".

 

 

 

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Michel Aoun

 

 

 

Effacer le confessionnel de la constitution

 

Des alliés qui lui seront indispensables pour la mise en oeuvre d'un programme de redressement de ce pays de 5 millions d'habitants, aux abois économiquement et qui doivent faire face à l'arrivée de quelque deux millions de réfugiés syriens, dans un contexte de corruption quasi généralisée.

 

 

"La tâche qui attend Aoun et Hariri est écrasante", estime l'écrivain français "mais ils sont condamnés à la mener ensemble". Dans cet esprit, Michel Aoun, le militaire chrétien, pourrait, dès ses premiers actes, effacer le confessionnel de la constitution.

 

 

Beaucoup de Libanais pensaient qu'un ticket entre pro et anti-syriens ne serait jamais possible. D'ailleurs, 4 à 5 % des chrétiens le rejettent encore. Les prochaines semaines s'annoncent déterminantes pour l'avenir du pays du Cèdre. Aoun sera l'acteur du sursaut national ou celui du retour manqué et des illusions perdues. Depuis la France, où près d'un demi-million de Libanais résident régulièrement, sa capacité à prendre les choses en main après trois décennies d'obstination sera très observée. Fabrice Veysseyre-Redon



01/11/2016
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