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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du lundi 19 juin 2017

 

 
 
    SECOND TOUR - MAJORITÉ POUR LE PRÉSIDENT. LA DÉMOBILISATION ET
       UNE MAJORITÉ PRÉSIDENTIELLE NORMALE

 

 

 

Saturés de politique ou peu motivés par un scrutin joué au premier tour, les Français ont boudé les urnes comme jamais. Les votants ont atténué la tendance du premier tour : la République en Marche obtient une majorité absolue et nette mais pas écrasante.

 

 

La plus longue séquence électorale de la Ve République se conclut par le plus grand chambardement de la vie politique depuis 1958. L'Assemblée nationale de tous les records issue hier de ces élections législatives illustre ce bouleversement entamé voilà dix mois : c'est la plus renouvelée, la plus féminine, la plus jeune, la plus diplômée de l'histoire. Mais ces députés sont aussi collectivement les moins bien élus : jamais l'abstention n'a été aussi majoritaire dans le pays.

 

 

 

La colère ou l'espérance

 

Depuis les séquences éliminatoires de l'hiver (primaires, renoncements) jusqu'à ce second tour des élections législatives, les Français auront été constants dans le désenchantement et le désir de changement.

 

 

Colère ou espérance, jusqu'au bout, ce mélange a été explosif pour les partis en place depuis si longtemps. Il a servi de catalyseur pour la force la plus neuve et la plus centrifuge incarnée par un jeune président sous le nom de la République en Marche et sa couleur jaune. Ce partage des citoyens entre deux sentiments s'est traduit hier par la démobilisation des uns et par la confirmation du phénomène Macron pour ceux qui ont effectué le trajet domicile-bureau de vote.

 

 

L'arrivée dès ce matin des nouveaux députés marcheurs par la petite porte du Palais-Bourbon pour cause de travaux sur l'entrée prestigieuse de l'édifice, colle avec la réalité de leur élection. Moins d'un citoyen inscrit sur deux a participé à ce scrutin. Pic de canicule, pic d'abstention ? C'est plus qu'un coup de chaleur. Une telle catastrophe civique place la démocratie en vigilance rouge.

 

 

Par lassitude, désintérêt ou acte contestataire, les Français relèguent l'élection du député en deuxième division. Les nouveaux dirigeants ne peuvent laisser le calendrier et la formule du scrutin en l'état sous peine de dégrader la légitimité des élus qui votent les lois. Les débats sur la fusion avec la présidentielle et la proportionnelle restent ouverts.

 

 

 

Chambre jaune

 

Le sens de la marche victorieuse des candidats du parti fondé par le président de la République est plus facile à interpréter : les votants ont validé l'affichage des réformes du nouveau gouvernement. Surtout dans les métropoles, dans l'ouest et dans les régions les moins touchées par la crise. Une jolie photo avec le président Macron a parfois suffi pour obtenir le badge d'accès au Palais-Bourbon face aux partis anciens.

 

 

Mais la majorité dans cette chambre jaune n'est pas aussi écrasante que l'annonçaient sondages et présages au lendemain du premier tour. Avec 316 députés sur 577, le parti présidentiel était assuré de la majorité absolue et son allié le Modem avec 45 élu pourra installer son groupe parlementaire.

 

 

Les appels au rééquilibrage "des pleins pouvoirs", venus de droite ou de gauche entre les deux tours ont été entendus surtout dans les circonscriptions rurales. Des sortants LR-UDI bien implantés ont ainsi inversé le pronostic.

 

 

Les deux partis de droite réunis perdent plus d'une centaine d'élus (126 au lieu de 225). Ils demeurent la première force d'opposition. Sur le papier seulement. Car l'heure de vérité sonnera lors du vote de confiance au gouvernement : certains saisiront la main tendue, d'autre la repousseront.

 

 

Pour le Parti socialiste, il était trop tard  de majoritaire, il passe à marginalisé en une mandature comme son homologue grec du Pasok. Son secrétaire national Jean-Christophe Cambadélis s'est retiré de la direction du parti.

 

 

Sur beaucoup de lois, le gouvernement pourra néanmoins compter sur la quasi totalité des députés PS PRG et divers gauche au nombre de 45 ou 46 si l'élection de Manuel Valls est confirmée.

 

 

 

Mélenchon et le FN mieux que prévu

 

Le succès d'En Marche au premier tour a sans doute réveillé les partis les plus frontalement opposés à l'attelage. Macron-Philippe.

 

 

Tout à gauche, la France Insoumise obtient le plus beau score de cette famille politique depuis 1976. Élu à Marseille, Jean-Luc Mélenchon sera entouré de près de 20 députés de son mouvement. Il pourra même se passer des communistes pour former un groupe (15 députés requis). Le résultat est meilleur qu'escompté. Le tribun des Insoumis obtient la meilleure tribune de sa longue carrière politique (six mandats différents !).

 

 

Comme lui, à l'autre bout de l'échiquier, Marine le Pen quitte le Parlement de Strasbourg pour s'installer à Paris après quatre tentatives. Le Front national n'aura pas de groupe parlementaire mais grâce au bassin minier du Nord-Pas-de-Calais (cinq élus), il passe de deux à sept ou huit élus, progression pas forcément pronostiquée.

 

 

En revanche, le débat interne s'annonce tendu. "Je dirai pourquoi on n'a pas gagné", tonnait hier le sortant Gilbert Collard réélu dans le Gard.

 

 

Tiraillée ou disparate, l'opposition existe à l'Assemblée. Et dans le pays ? Après le dégagisme, le peuple a surtout dit hier "on attend de voir". La pression est déjà forte sur le gouvernement et ses députés. Pascal Jalabert

 



21/06/2017
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