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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du mardi 18 août 2015

 

 

 

PROCHE-ORIENT - Charles Enderlin rend l'antenne. Le journaliste franco-israélien avait pris son poste en 1981. Figure de la télévision publique après 30 ans de correspondance en Israël, le journaliste de France 2 s'est efforcé d'expliquer le conflit du Proche-Orient avec équité.

 

 

 

Trois guerres, deux accords de paix, deux Intifadas, deux révolutions en Egypte. Charles Enderlin, 69 ans, a accompagné de sa voix tous les soubresauts et les crises d'une région qui n'a guère connu la paix. "Il y a un  moment où il faut savoir changer d'activité voire d'emploi, je crois que j'ai donné", expliquait-il hier soir au téléphone, au lendemain de son dernier direct au journal de 20 heures.

 

 

 

En trente ans de correspondance pour Antenne2/France 2 en Israël et dans les territoires palestiniens, le journaliste a effectué un travail d'équilibriste, gagnant une reconnaissance professionnelle auprès des deux communautés, juive et musulmane. Charles Enderlin a aussi été violemment ciblé par les sionistes religieux, comme par certains membres du CRIF (Conseil représentatif des juifs de France), notamment au moment de l'affaire Mohammed al-Dura, du nom de ce jeune Palestinien tués par des tirs israéliens lors de la seconde Intifada (2000). Une énorme pression qui, reconnaît-il, a touché ses enfants et son épouse Daniel Kriegel, elle aussi journaliste au Point.

 

 

 

Né-historien de l'instant

 

Juifs et Français, il se décrit avant tout comme journaliste "Ce n'est pas à moi e dire si j'ai aidé à la compréhension de ce conflit, mais aux téléspectateurs, estime-t-il. Dans des décennies, les historiens iront peut-être regarder les archives télévisées de Charles Enderlin, mes livres et documentaires. Le journaliste devient une sorte de néo-historien de l'instant. Il ne peut être jugé que lorsqu'on connaît l'aboutissement des événements qu'il couvre en temps réel".

 

 

 

Dans ce Proche-Orient souvent en proie au chaos, l'homme, le père, le journaliste a dû se forger une carapace. "Pour tout envoyé spécial, en Israël, en Palestine ou en... Lorraine, il faut essayer de se détacher de ses conséquences immédiates. Face à un événement dramatique, il faut maîtriser sa propre émotion, sinon on ne peut pas travailler... " Il décrit alors son quotidien "schizophrénique" : "Il y a un moment où l'on est dans l'événement, on le couvre, on neutralise les émotions, on le diffuse, et ensuite on peut aller aux obsèques d'un copain de quelqu'un de très cher. Ca m'est arrivé... Des gens que je connaissais - comme mon médecin personnel et ami - ont eu des proches tués ainsi dans des attentats-suicides à Jérusalem..."

 

 

 

Assassinat d'Yitzhak Rabin, négociations de Camp David, il a tout couvert et toujours voulu aller, dit-il, "au-delà du discours officiel". Encore aujourd'hui, où la fenêtre d'une solution pacifique se referme, d'après lui, un peu plus chaque jour. "Je ne parle ni d'espoir, ni de désespoir, mais de la réalité. Je ne vois pas comment une solution à deux Etats, avec la création d'une Palestine indépendante au côté d'Israël est possible. Ni les Palestiniens, ni les Israéliens, ni le monde musulman, ni le monde juif, ne sont prêts à renoncer... La communauté internationale continue, elle, de parler de solution à deux Etats et de processus de paix. Pour moi, soit on se fiche du monde, soit on fait semblant de ne pas savoir ce qu'il se passe sur le terrain... Xavier Frère

 

 

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19/08/2015
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