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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du lundi 14 septembre 2015

 

 

 

CRISE MIGRATOIRE - Flux de réfugiés : l'Allemagne dit stop. La Hongrie doit aussi fermer ses frontières demain. En réintroduisant provisoirement ses contrôles à sa frontière avec l'Autriche, l'Allemagne suspend de facto les accords de Schengen sur la libre circulation. L'Europe fait face à un immense défi.

 

 

 

34 migrants sont morts noyés hier au large de la Grèce après le naufrage de leur embarcation qui transportait plus d'une centaine de personnes. Le bateau a coulé à 15 km des côtes turques. 68 personnes ont pu être secourues, et 29 autres ont réussi à nager jusqu'à la côte.

 

 

 

"La France appelle au respect scrupuleux par chacun des pays de l'UE des règles de Schengen. C'est faute du respect de ces règles par certains pays que l'Allemagne a décidé d'établir temporairement des contrôles aux frontières". Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, à l'issue d'un entretien, hier, avec son homologue allemand Thomas de Maizière.

 

 

 

 

La crise des migrants, la plus grave crise à laquelle est confrontée l'Europe depuis la seconde guerre mondiale, va-t-elle signer l'arrêt de mort des accords de Schengen sur la libre circulation des personnes ? Ce n'est pas à exclure depuis la décision de l'Allemagne, hier après-midi, de fermer "provisoirement" sa frontière avec sa voisine autrichienne.

 

 

 

"L'objectif de cette mesure est de limiter l'afflux actuel vers l'Allemagne et d'en revenir à des procédures ordonnées pour l'entrée des personnes dans le pays", a déclaré Thomas de Maizière, ministre de l'Intérieur allemand, alors que quelques heures plus tôt, Angela Merkel et son homologue autrichien Werner Faymann, avaient déjà évoqué ensemble la perspective d'un retour des contrôles à leur frontière commune.

 

 

 

En deux semaines, 63 000 réfugiés sont arrivés à Munich, dont 13 000 pour la seule journée de samedi. La capitale bavaroise atteint un "seuil de saturation", a reconnu hier Sigmar Gabriel, le ministre de l'Economie social-démocrate allemand. De nombreux médias allemands ont même affirmé qu'un "désastre humanitaire" se profilait à Munich, si rien n'était fait.

 

 

 

 

Trafic ferroviaire suspendu

 

Sur l'année 2015, 800 000 migrants sont attendus outre-Rhin. "Si l'Europe échoue sur la question des réfugiés, ce ne sera pas l'Europe que nous avons bâtie", avait dit en août la chancelière, faisant dans le même temps de son pays un "eldorado", et un objectif pour la majorité des migrants.

 

 

 

Parmi les mesures immédiatement prises par l'Allemagne : la mobilisation de toutes les forces de l'ordre sur la frontière autrichienne, ainsi que la suspension, provisoire, du trafic ferroviaire de et en direction de Vienne. Ces derniers jours, un afflux sans précédent de migrants a transité depuis la Grèce vers l'Autriche, en traversant la Macédoine, la Serbie et la Hongrie. Budapest va également, dès ce mardi 15 septembre, et comme prévu, fermer ses frontières, et condamner à des peines lourdes tout immigré illégal. Depuis quelques jours, à la porte de l'espace Schengen, entre Serbie et Hongrie, l'armée a été appelée en renfort de la police, et le "mur" entre les deux pays s'est rehaussé.

 

 

 

 

Vers la fin de Schengen ?

 

Selon les accords de Schengen, signés en 1985 et qui concernent aujourd'hui vingt-six pays, une demande d'asile est normalement déposée dans le premier pays d'entrée de l'Union européenne. "Ces règles doivent continuer à fonctionner", a souligné Thomas de Maizière, rejetant en quelque sorte la balle dans le camps hongrois. En France, devant cette crise migratoire, Nicolas Sarkozy (Les Républicains) avait demandé samedi "l'abrogation immédiate de la liberté de circulation pour les Non-Européens", et appelé à "la refonte des règles de Schengen".

 

 

 

Marine Le Pen (FN) avait, elle, réclamé son "arrêt immédiat" devant l'urgence de "la submersion migratoire". "Sans politique d'ensemble, ce sera la fin de Schengen", avait prévenu dernièrement le président de la République François Hollande. A une crise majeure sur les migrants va en succéder une autre sur les fondements même de l'Europe. Xavier Frère

 

 

 

 

 

"Tout le monde s'en met plein les poches"

 

Ils seraient "30 000 suspects", selon les autorités européennes. Ce sont les passeurs, dont le business, notamment en Méditerranée, est devenu plus lucratif que le trafic d'armes ou de drogues. En juin, "une mission navale de lutte contre les réseaux de passeurs de migrants" avait été lancée par l'UE, mais si quelques interpellations sporadiques ont bien eu lieu, comme après la mort du petit Aylan sur la plage de Bodrum, leur business n'est pas prêt de se tarir.

 

 

 

"Il n'y a rien de plus simple que de contacter un passeur, moi, c'était un Syrien", nous expliquait vendredi à Nickelsdorf (Autriche) Rassin, un jeune Syrien, "on le trouve via Facebook, ou via un ami qui est déjà passé". Il a déboursé 1 100 € pour la traversée entre Turquie et Grèce, pour un périple de treize jours au coût de 3 500 €. Adil, un Irakien, explique qu'il a, lui, déboursé 700 € pour "se retrouver sur un bateau de six", où ils étaient finalement... 30.

 

 

 

A ses côtés, Alain, un Camerounais raconte qu'il a déposé 880 € à Bodrum, ville de toutes les transactions, sous garantie, chez un Africain, camerounais comme lui. Chaque nationalité, ou chaque continent, a son contact "adapté". Mails il n'y a jamais de contact direct avec les passeurs, ce sont des hommes de main qui préparent les bateaux pour la traversée.

 

 

 

Ce business ne fonctionne pas qu'au niveau des plages. Il existe aussi, à tous les stades de cette fameuse route des Balkans, complète Rassin : "Tout le monde s'en met dans les poches, à tous les niveaux, et partout. En Hongrie, on avait des passeurs en voiture individuelle, les policiers hongrois laissaient faire". A la frontière austro-hongroise, l'officier Helmut Marban nous a indiqué que la police autrichienne avait intercepté en trois jours "70 passeurs en voiture qui transportaient 800 réfugiés". Recueilli par Xavier Frere à Nickelsdorf (Autriche)

 

 

 

 

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Schengen, c'est quoi ?

 

L'espace Schengen (du nom de la ville luxembourgeoise où a été signé l'accord), est une zone de libre circulation où les contrôles aux frontières ont été abolis pour les voyageurs.

 

 

 

Vingt-six pays

 

L'espace Schengen est actuellement composé de 26 pays, dont 22 membres de l'Union européenne (la Bulgarie, la Roumanie, Chypre, la Croatie, l'Irlande et la Grande-Bretagne n'en font pas partie), et quatre non-membres (l'Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse).

 

 

 

Contrôle aux frontières

 

Les Etats membres se  trouvant aux frontières de l'espace Schengen ont la responsabilité d'organiser des contrôles rigoureux à ces frontières et de délivrer des visas de court séjour aux personnes s'y introduisant.

 

 

 

 

Coopération

 

L'appartenance à Schengen implique une coopération policière pour lutter contre la criminalité organisée ou le terrorisme, avec notamment un partage de données, le système d'information Schengen (SIS) basé à Strasbourg. L'une des illustrations de cette opération policière est "la poursuite transfrontalière", c'est-à-dire le droit pour la police d'un Etat Schengen de poursuivre des personnes dans un autre, en cas de flagrant délit pour des infraction graves.

 

 

 

 

Rétablissement des contrôles

 

Les membres de l'espace Schengen ont la possibilité de rétablir des contrôles exceptionnels et temporaires. Ils doivent être justifiés par une "menace grave pour la sécurité" ou des "défaillances graves aux frontières extérieures, susceptibles de mettre en danger le fonctionnement global de l'espace Schengen". La décision de l'Allemagne de réintroduire des contrôles à ses frontières pour faire face à l'afflux de migrants, semble "de prime abord" correspondre à cette règle à prudemment réagi la Commission des Bruxelles.

 

 

 



15/09/2015
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