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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du lundi 11 mai 2015

 

 

 

EDITION - "La laïcité est en danger en France". L'ancienne ministre, Jeannette de Bougrab fut la compagne de Charb. Dans "Maudites", Jeannette Bougrab, livre des portraits de figures féminines en résistance dans le monde musulman dont celui de sa propre mère en fin de vie. Elle parle dans cet ouvrage d'elle et de l'affaire Charlie Hebdo, avant de quitter la France pour la Finlande. Interview.

 

 

J'aurais préféré qu'on s'intéresse à mes combats pour la laïcité et pour que les sociétés de dressent contre les violences qu'endurent dans le monde ces femmes qui risquent leur vie pour combattre le patriarcat et accéder à l'Education. 700 millions de femmes sont mariées de force dans les pays musulmans, interdites d'école, "esclavagisées" par leurs belle-famille. Ma mère a vécu cela à 13 ans et elle est en soins palliatifs aujourd'hui. Ce livre, j'ai eu besoin de l'écrire après la perte de Stéphane (NDLR, Charb) et ce que j'ai subi comme attaques.

 

 

Vous évoquez les attaques après votre intervention à la télévision pour parler de Charb. C'est une plaie à vif ?

 

J'ai parlé à la télévision à la demande de l'avocat de Charlie Hebdo. Le mal que  l'on m'a fait est irréversible. On m'a craché dessus, traînée dans la boue. Je n'ai pas de rancoeur envers la famille de Charb (Trois jours avant, je déjeunais avec son frère) ni avec les autres. Une collaboratrice de Charlie m'a quand même accusée de viol posthume. C'est le microcosme parisien qui m'a blessée, humiliée parce que je ne fais pas partie de leur monde.

 

 

J'aurai aimé leur apporter mon affection, au moins assister aux obsèques. Mais on ne se reconstruit pas dans la colère. Ceux qui m'ont violentée par écrit ou en paroles n'ont pas compris ce qu'était l'amour. Et puis surtout, par rapport à mon père, dont les parents, le frère ont été égorgés par les rebelles en Algérie ou à ma mère, mariée de force, violée, battue dans sa belle-famille à 13 ans, je me dis : c'est dérisoire. Mes parents n'ont jamais eu de rancoeur envers la France qui avait abandonné leurs proches, leurs amis harkis. C'est un leçon.

 

 

 

Vous voyez Patrick Pelloux ou de gens de Charlie ?

 

Plus personne et je n'ai pas envie de les voir.

 

 

 

Vous partez en Finlande

 



12/05/2015
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