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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du jeudi 6 octobre 2016

 

 

 

GUERRE - "SI LES BOMBARDEMENTS CONTINUENT, ALEP SERA RAYÉE DE LA CARTE"

 

 

Les bombardements russes se poursuivent à Alep La ville est assiégée par les troupes du régime de Bachar al-Assad. Ammar Al-Salmo, responsable des secouristes aux casques blancs décrit une ville qui risque, dans les semaines à venir "d'être rayée de la carte".

 

 

 

"C

elui qui a connu Alep avant le 16 septembre, ne la reconnaîtrait plus aujourd'hui". Ammar Al-Salmo est responsable des casques blancs à Alep en Syrie. Cet ancien professeur de lycée décrit une ville dévastée par les bombes, "au phosphore, à fragmentation et les bunkers busters" qui ciblent en profondeur. "Depuis le 1er septembre, nous avons subi près de 2 000 attaques, qui n'ont épargné aucun quartier. On compte environ 600 morts. On a l'impression que pendant la trêve, le régime de Bachar al-Assad et les Russes se sont organisés pour choisir les quartiers et le type de bombes qu'ils utiliseraient". Ammar Al-Salmo n'est guère optimiste. "Si ça continue, Alep sera rayée de la carte".

 

 

 

"Plus que le bruit des bombes et des ambulances"

 

Les casques blancs (des secouristes volontaires) ont perdu beaucoup d'hommes dans cette dernière bataille : 142n selon leur représentant. "Nous sommes encore 120". Les casques blancs, véritable bataillon d'hommes ordinaires, avancent en rang serrés pour sauver des vies, pour sortir enfants, femmes et hommes des décombres pour que la vie puisse encore s'organiser.

 

 

"Mais ces derniers jours, les groupes de casques blancs n'ont pas pu répondre à tous les bombardements. Il y a des gens qui restent sous les décombres plusieurs jours".

 

 

La situation sanitaire est "indescriptible". La vie quotidienne ne peut plus reprendre ses droits. "Tout est noir, on n'entend plus que le bruit des bombes et des ambulances". La population n'a plus gère d'espoir, elle reste cloîtrée chez elle. "Elle se sent abandonnée par la communauté internationale, regrette Ammar Al-Salmo. Ceux qui ont décidé de ne pas quitter Alep étaient habitués à la guerre, voulaient rester dans leur quartier. Ils n'imaginaient pas qu'ils ne pourraient même plus être à l'abri sous terre".

 

 

Quant à la nourriture, le porte-parole des casques blancs estime "que si ça continue comme ça, il y en aura pour deux voire trois semaines, pas plus".

 

 

 

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300 000 habitants, 35 médecins

 

À ces pénuries s'ajoute le marché noir. Le prix d'un kilo de riz s'élève à 120 dollars. Les réserves en eau se tarissent rapidement. "La dernière station d'eau est vide, constate Ammar Al-Samo. Il reste quelques puits communaux clandestins, mais on peut s'interroger sur l'hygiène. Il n'y a pas plus de lait pour les enfants".

 

 

Les principaux hôpitaux ont été détruits, "et les gens ont peur de s'y rendre". Alep ne compte plus que 35 médecins, sur 300 000 habitants, qui font ce qu'ils peuvent dans les cinq petits hôpitaux qui peuvent encore fonctionner avec les moyens du bord. C'est le système D qui se pérennise. La chirurgie s'improvise, "là où elle peut".

 

 

Les casques blancs ne baissent pas les bras, portés par le soutien que leur ont apporté, au fil des ans, les ONG. "Nous avons obtenu du matériel pour trouver, sortir et transférer les victimes. Nous avons été formés. Nous nous sommes organisés. Pour nous, sauver une vie, c'est sauver l'humanité".

 

 

Ammar Al-Salmo a appris par les médias que les casques blancs avaient été nominés pour le prix Nobel de la paix. "Nous sommes heureux, avoue-t-il. Mais nous espérons que cela attirera l'attention sur le peuple syrien. Car c'est une guerre contre notre civilisation et pas contre le terrorisme". Anne Rimlinger-Pignon

 



07/10/2016
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