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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du jeudi 11 février 2016 - DEMOCRATIE

 

 

Rencontre avec Jean-Pierre le GOFF

 

 

 

"Il faut former des élites issues du peuple"

 

 

 

Pourquoi parler d'une démocratie "rêvée des anges" ?

 

Nos démocraties se sont imaginé que le monde entier pouvait s'unifier autour des valeurs des droits de l'homme d'un côté, de l'économie libérale de l'autre. C'est une forme d'angélisme, né dans une bulle protectrice du réel qui s'est progressivement formée dans nos sociétés.

 

 

Nos sociétés se sont déconnectées de l'Histoire, en croyant qu'elle était finie, et se sont repliées sur une idéologie soft, où "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil".

 

 

 

Pourquoi c'est grave ?

 

Parce que ça nous désarme totalement vis-à-vis des désordres du monde : mondialisation, migrations, terrorisme islamique... On ne voulait pas voir le réel, il nous revient dans la figure sous forme paroxystique, à travers les attentats. Les citoyens ne sont plus préparés à penser que d'autres peuvent nous haïr. Il y a des civilisations différentes, avec des chocs, des dialogues et des affrontements.

 

 

 

La faute aux politiques ?

 

En partie, oui. Ils ont tendance à surfer sur les problèmes de la société, ce qu'on peut appeler démagogie ou populisme. Leur rôle se borne alors à répondre aux demandes de la société, avec sa mentalité individualiste et victimaire, qui fuit toute responsabilité et ignore la justice, au sens classique du terme : la justice devient une forme de thérapie au service des victimes.

 

 

La justice doit juger des actes, des situations, pas des symboles. Regardez l'affaire Jacqueline Sauvage (condamnée à dix ans pour avoir tué son mari violent, puis gracié par le président) : dans la plus grande confusion, on a monté l'affaire comme le symbole du combat féministe, dans un grand méli-mélo sentimental et victimaire.

 

 

Cette confusion s'est retrouvée lors du grand élan de solidarité avec les migrants qui a suivi la publication de la photo du petit Aylan sur la plage, avant que l'épreuve du réel, de la difficulté à accueillir tous les migrants, rattrape notre "démocratie rêvée".

 

 

La faute aux médias ?

 

Les médias font du surf, comme les politiques, en passant d'un problème à l'autre, d'une mode à l'autre, toutes "révolutionnaires" ! Une manifestation de 50 personnes devient un grand événement, parce qu'il faut bien meubler l'antenne des médias d'information continu. Vous avez des débats infinis, dont vous vous demandez : mais quel est le rapport avec la réalité ? Tout ça n'a pas de sens, mais l'important est de le commenter...

 

 

La faute, enfin, aux électeurs, à chacun d'entre nous ?

 

Plutôt que de faute, je préfère parler d'un air du temps, qui imprègne les individus : il se présente sous les airs de l'anticonformisme, faisant croire à chacun qu'il est à la fois un rebelle et une victime. Il faut refuser ce nouveau conformisme.

 

 

Certains le font en votant Front national. Hors de question pour moi. Moi, je préfère revenir à l'esprit républicain, et aux idéaux de l'éducation populaire : développer l'esprit critique dans la masse de la nation, partager le patrimoine culturel commun, former des élites issues du peuple.

 

 

Les citoyens doivent s'emparer à nouveaux de ces idéaux, et se poser les questions simples contre la confusion politique ambiante : à quoi tenons-nous dans notre héritage culturel et politique, et que voulons-nous transmettre ? Recueilli par Francis Brochet

 



11/02/2016
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