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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du jeudi 10 mars 2016

 

 

LOI EL KHOMRI - Entre 224 000 et 400 000 manifestants contre l'avant-projet de loi Travail. Une mobilisation réussie contre la loi El Khomri. Devant l'importance du mouvement, le pouvoir a choisi un ton conciliant. Mais il faudra attendre la réunion de lundi à Matignon pour découvrir les concessions qu'il propose. La rime a beaucoup servi, elle marche toujours : "Hollande, t'es foutu, la jeunesse est dans la rue..." Toute la jeunesse, certes pas, mais une proportion bien visible et déterminée est descendue hier dans les rues de France pour exiger le retrait de la loi Travail avec les syndicats de salariés (CGT, FO, FSU, Solidaires). Et que l'on compte 400000 manifestants avec les organisateurs, ou 224 000 avec la police, cela représente "une mobilisation substantielle", reconnaît le député socialiste Christophe Sirugue.

 

 

Pas besoin "d'explications"

 

François Hollande, sans doute prévenu par les mobilisations de la matinée, a donc choisi le ton de la conciliation. Il a souligné devant le conseil des ministres les aspects les plus favorables du projet ("renforcer le dialogue social", lutter "contre la précarité", assurer la "sécurité" des salariés avec le compte personnel d'activité). Il a surtout prononcé le mot "négociation", que le gouvernement avait jusqu'alors évité, son Premier ministre admettant juste la nécessité de quelques "explications".

 

 

Le terme a choqué. "Le gouvernement dit qu'il va nous expliquer, comme si nous étions incapables de comprendre", s'énerve en tête de manifestation Samya Mokhtar, président de l'Union nationale lycéenne. A ses côtés William Martinet, président de l'Unef (étudiants) qui ironise sur la "peur des jeunes" exprimée par le pouvoir : "C'est insupportable... Dans ce pays, on ne parle des jeunes et de leurs problèmes que dans l'urgence politicienne".

 

 

 

Les étudiants remobilisent

 

Ces problèmes domines slogans et banderoles. Et tous pourraient se résumer à un seul : "Assez de cette société qui n'offre que le chômage et la précarité". Le succès de la mobilisation conforte les organisateurs dans leur objectif : "Nous voulons le retrait du texte, et l'ouverture d'une concertation", résume Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU. Une nouvelle manifestation était déjà programmée le 31 mars par les syndicats, mais étudiants et lycéens ont annoncé hier qu'ils mobiliseront à nouveau dès le 17 mars.

 

 

Le mot "retrait" sera en revanche absent des rassemblements organisés samedi par les syndicats "réformistes" (CFDT, CFTC, Unsa...). Quelle sera la réponse du pouvoir ? Le Premier ministre s'est gardé hier soir de tout commentaire. Il doit dévoiler ses intentions lundi, lors d'une réunion avec l'ensemble des syndicats. Mais comme le remarquait hier l'expérimenté Jean-Claude Mailly (FO) : "On rentre dans un bras de fer dont personne ne connaît l'issue". Francis Brochet

 

 

 

Pour la CGPME, "l'entreprise, ce n'est pas la loi de la jungle"

 

 

François Asselin, président de la confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) est charpentier dans les Deux-Sèvres. Il emploie 140 salariés et est le constructeur de la frégate Hermione. Il prend une position plutôt sociale dans le débat sur la loi Travail. "On avait besoin de réformer le marché du travail", dit-il. "Le projet de loi avait été bien amené en amont. Le sujet s'est ensuite embrasé. Nous appelons au calme. Ceci dit, 95 % des PME ne sont pas concernées par les accords d'entreprises qui s'adressent plutôt aux grands groupes. Sauf qu'ils pourraient déroger à un accord de branche et s'imposer à des PME... Nous ne sommes pas d'accord. Pour nous, l'entreprise, ce n'est pas la loir de la jungle, et ce n'est pas le moins-disant social qui s'impose".

 

 

Quand on lui fait remarquer que la CGPME adopte une position plus sociale que libérale, il opine : "C'est parce que le dialogue est plutôt serein dans les PME. Elles sont dirigées par des patrons patrimoniaux. Ils sont souvent propriétaires de leur outil de travail. Ils connaissent tous les salariés qu'ils ont recrutés directement. S'en séparer est une charge émotionnelle". Et d'insister : "L'entreprise est un bien commun auquel tout le monde fait attention. L'angoisse de l'un est l'angoisse de l'autre". Marc Dazu

 



11/03/2016
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