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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du dimanche 7 juin 2015

 

 

 

SOCIETE - Pourquoi l'hypnose en met plein les yeux. Spectacle, médecine, psychologie : le phénomène est très tendance dans de multiples domaines. De plus en plus utilisée dans le monde médical, mais aussi dans celui du travail, l'hypnose fascine plus que jamais. Un succès lié aussi au phénomène Messmer, actuellement en tournée.

 

 

422 C'est le nombre de personnes hypnotisées en même temps le 20 janvier 2012, au centre Bell à Montréal (Canada) par le "Fascinateur" Messmer. Soit, en cinq minutes, le plus grand numéro d'hypnose collectif jamais vu à travers le monde.

 

 

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"Ces gens-là dorment, alors même qu'ils semblent parfaitement éveillés ; ils procèdent, en tous cas, dans la vie commune ainsi que dans un songe, plaçant sur le même plan la réalité objective et le rêve qu'on leur impose". Jean-Martin Charcot, Professeur à l'Ecole de la Salpêtrière, dans un constat des expériences d'hypnose (1893)

 

 

Le show et la science. L'humour et le sérieux. Entre deux spectacles cette semaine à Paris, l'hypnotiseur québécois Messmer s'est transporté - pour de vrai - au... CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique). Loin des lumières des projecteurs et des planches, le "fascinateur" est devenu à son tour cobaye, portant des électrodes sur le crâne pendant de longues heures.

 

 

 

"Je participe à une étude pour étudier le fonctionnement du cerveau de personnes sous hypnose", révèle Messmer, un brin énigmatique. "Nous sommes sur de bonnes pistes pour affirmer des choses, mais nous continuons l'échantillonnage". Réussira-t-il à faire avancer la cause de l'hypnose face à la communauté scientifique qui, voilà 250 ans, rejetait les travaux de Franz-Anton Mesmer, le pionnier qui a inspiré son nom ? Le questionnement est "Intemporel" - du nom de son spectacle - sur cette pratique nimbée de mystères.

 

 

 

Le regard bleu acier de cet ancien hypnothérapeute, originaire de Montréal, a déjà fasciné plusieurs dizaines de milliers de spectateurs. "les gens veulent comprendre comment leur cerveau fonctionne, ils voient cette puissance qui nous habite, je leur montre comment s'en servir de la bonne façon", décrit celui qui, dès l'âge de 7 ans, est tombé dans l'art de la fascinations.

 

 

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Mesmer n'est sans doute pas étranger au succès tous azimuts de l'hypnose : au niveau médical dans la prise en charge des phobies", de l'anxiété, des troubles du sommeil ou alimentaires ; au niveau du travail et de la confiance en soi. "Je n'aime pas dire ça, mais je pense que ça a créé cette mode", souffle-t-il. "L'offre est là, la demande est là. Le nombre d'étudiants dans les écoles d'hypnose explose...".

 

 

 

Plus artiste moins guérisseur

 

Progressivement, lui, a lâché le rôle de "guérisseur" pour endosser celui d'humoriste, d'un amuseur public qui fait "voyager dans le temps". Plus lucratif ? "Je m'éloigne de ce côté magnétiseur, je ne touche  pas à ça sur scène..." La peur de passer pour un gourou aux arrière-pensées mercantiles ? Régulièrement, sur son compte Facebook, "des désespérés qui le cancer" lui lancent des SOS. Une dame qui l'a croisé en discothèque lui a proposé 3 000 euros en liquide pour être soignée.

 

 

 

S'il est devenu artiste, Messmer reste bien considéré par la profession. Le Canadien le rend bien : "Il y a bien sûr des charlatans dans l'hypnose qui risquent d'en profiter, mais pour consulter, il faut aller vers des professionnels diplômés, reconnus en hypnothérapie". L'hypnose n'est plus un mythe, mais une réalité malgré ses zones d'ombre. "On sait que cela marche, mais on ne sait pas comment", jugeait il y a quelques mois le psychiatre Serge Hefez.

 

 

 

En attendant les conclusions, à l'automne prochain, de sa collaboration avec le CNRS, Messmer enchaîne les shows au rythme d'un athlète de haut niveau. "Comme je suis dans un état second, mon corps se régénère plus rapidement, je peux récupérer trois heures de sommeil en quinze minutes". Pas questions de faiblir, ni de... s'endormir sur ses lauriers. Xavier Frère

 

 

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Avant Messmer, il y au Mesmer

 

Ce n'est pas un secret, Messmer, l'artiste québécois, s'est inspiré de Franz-Anton Mesmer, médecin autrichien du XVIIIe siècle, pour son patronyme de scène. Fondateur de la théorie du magnétisme animal et considéré comme le pionnier de l'hypnotisme, il a exercé longtemps à Paris, où il publia en 1779 son mémoire, agrégé de 27 propositions pour décrire sa théorie : "Un fluide physique subtil emplit l'univers, servant d'intermédiaire entre l'homme, la terre et les corps célestes, et entre les hommes eux-mêmes". Mesmer le guérisseur devint rapidement la coqueluche de la bonne société parisienne, après avoir été celui de Vienne, côtoyant Mozart et Haydn.

 

 

 

A cette époque de médecine rudimentaire, sa méthode douce envoûte, et contraste avec les saignées encore très répandues. Il côtoie la cour du roi et Marie-Antoinette, mais Louis XVI nomme une commission pour étudier la validité des travaux de Mesmer. Le verdict est sans appel : Mesmer est un charlatan, et son "traitement magnétique ne peut être que dangereux pour les mœurs".

 

 

 

Trahi par ses disciples, Mesmer développe toutefois "La Société de l'harmonie universelle" (dont les antennes à Strasbourg et Lyon) basée sur ses travaux et qui le rendra riche. Franz-Anton Mesmer, décédé le 5 mars 1815, bénéficie d'une incroyable renommée dans le monde anglo-saxon, au point que le verbe "hypnotiser" se dit non seulement en anglais "hypnotize", mais aussi "mesmerize". X.F.

 

 

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 Franz-Anton Mesmer - 1734-1815

 

 

REPERES

 

 

Plusieurs courants

 

Si le principe de l'hypnose est connu depuis la nuit des temps, plusieurs courants ont contribué à sa popularité, comme le marquis de Puységur, dont les théories furent reprises en psychotérapie. Inspiré par le magnétiseur franco-suisse Charles Lafontaine, le médecin écossais James Braid aurait été le premier à employer le terme "hypnose".

 

 

- L'école de la Salpétrière (fin XIXe siècle), avec Jean-Martin Charcot, réhabilita l'hypnose. Son travail inspira le Belge Joseph Delboeuf (qui travailla notamment avec l'école hypnologique de Nancy de Liébault, Bernheim...), et Sigmund Freud.

 

 

- Les travaux de Milton Erickson, psychiatre américain (XXe siècle) ont donné leur forme "moderne" à l'hypnose

 

 

 

Le spectacle

 

On peut retenir Donato (1840-1900), le Français Dominique Webb très populaire à la télévision en France dans les années 1970, et désormais Messmer en tournée actuellement (Lyon le 18 juin, Chambéry le 19 juin, Montbéliard 23 juin, Strasbourg le 24 juin) et de retour début 2016. www.messmer.ca

 

 

 

De plus en plus utilisée en chirurgie

 

L'hypnose gagne du terrain dans les blocs opératoires. Cette pratique est de plus en plus utilisée en chirurgie. L'hypnose présente de nombreux avantages : "Elle permet de réduire les doses médicamenteuses nécessaires à l'anesthésie, et de diminuer lees analgésiques (anti-douleurs) post-opératoires.

 

 

Elle diminue également les effets secondaires, comme les nausées ou les vomissements. Et permet de mieux récupérer après une opération", explique le Dr Isabelle Nègre, anesthésie et hypnothérapeute à l'hôpital Bicêtre, en région parisienne.

 

 

Cette modification de l'état de conscience gagne du terrain depuis les années 2010. "Grâce à l'imagerie médicale, des études ont montré que l'hypnose avait des effets spécifiques au niveau du cerveau, sur les zones impliquées dans la douleur", résume la praticienne. Le phénomène des chirurgies sous hypnose est encore balbutiant. Il n'existe pas de statistiques.

 

 

"Il ne faut pas penser au côté spectaculaire. Ce n'est pas de la magie, c'est une pratique, plutôt appliquée dans les interventions légères. On ne fait d'opération du ventre totalement sous hypnose. En revanche, l'hypnose accompagne le patient dans le processus et permet d'avoir recours à moins de médicaments. C'est une médecine alternative et complémentaire", précise Isabelle Nègre. Cette pratique considère le patient comme une personne, et non juste un corps dont il faut soigner une partie. L'hypnose permet ainsi de désamorcer toutes les angoisses liées à l'opération et à la douleur.

 

 

 

Q

 

 

 



08/06/2015
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