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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du dimanche 1er novembre 2015

 

 

 

 

SOCIETE - Le casse-tête de la mort sur internet. En ce jour de Toussaint, largement consacré au souvenir des défunts. Que deviennent les adresses mail, comptes Facebook et photos en lignes d'un défunt ? Souvent, les héritiers s'arrachent les cheveux pour mettre de l'ordre dans ce patrimoine immatériel. Oui, il y a bien une vie après la mort ! Du moins... sur le Web. Comptes sur les réseaux sociaux, forums, contenus multimédias (photos, vidéos), mais aussi données bancaires ou d'assurances: trop souvent, faute de précautions, toute une part du patrimoine immatériel d'un défunt demeure figé sur la toile.

 

 

 

 

Un testament numérique

 

Pour les héritiers, commence alors une pénible chasse aux mots de passe - sorte de resucée web de celle aux clés et autres antiques cassettes. "J'avais un proche qui avait un site web, raconte l'avocate Murielle Cahen. Il a fallu écrire à l'hébergeur et fournir une attestation de décès pour pouvoir récupérer les données et fermer le site. Un vrai parcours du combattant". Et une galère devenue courante. Depuis, l'avocate s'est notamment spécialisée dans cette question de la mort numérique.

 

 

 

 

Pour garantir la transmission de ce patrimoine, deux solutions : donner de son vivant une liste de ses mots de passe à une personne de confiance (ou la déposer chez un notaire) ; ou s'en remettre à une entreprise - comme la Vie d'Après ou Edeneo - qui propose de stocker vos "actifs numériques" et de gérer votre mort 2.0. Mais Me Murielle Cahen se méfie : "Il y a des risques de piratage, autant que de possibles usages frauduleux de ces données". Et, elle le souligne : ces entreprises aussi sont... mortelles.

 

 

 

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Heureusement, le droit s'empare peu à peu de ce sujet. La loi Lemaire - qui sera devant le Parlement en 2016 - prévoit la mise en place d'un "testament numérique". Chaque internaute pourra organiser de son vivant les conditions de conservation et de transmission à ses proches de ses données. Ou tout simplement demander qu'elles soient effacées.

 

 

 

 

Le "droit à l'oubli" des vivants vaudra enfin pour les morts. Les fournisseurs de service web devront interroger leurs utilisateurs sur cette délicate question. En revanche, ce "testament numérique" ne vaut pas pour la transmission de la musique, des films et autres e-books achetés en ligne. Cela continuera de se trancher au cas par cas. Murielle Cahen explique : "Tout dépend des conditions générales d'utilisation. Soit vous avez acheté le droit de copier le fichier, soit vous n'avez qu'un droit d'usage". Les bibliothèques numériques demeurent plus fuyantes que celles de bois et de papier.

 

 

 

 

L'immortalité selon Facebook

 

Quoi qu'il en soit, les géants du net commencent à intégrer la mort numérique à leurs usages. Le plus inventif est sans conteste Facebook. Selon la Cnil, un profil Facebook sur cent appartient à une personne décédée. Soit tout de même 13 millions ! Devenu de fait un cimetière 2.0, le réseau social propose à ses utilisateurs d'effacer leur compte à leur mort ou de la transformer en une page de mémorial. Un tour dans les paramètres permet de nommer un "contact légataire", qui pourra mettre à jour votre photo de profil, épingler de nouvelles publications - sans pouvoir accéder à vos messages privés. Une sorte d'e-éternité à portée de clics ! Aussi longtemps, du moins, que le réseau social ne fermera pas ses portes. Ryad Benaidji

 

 

 

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Des cimetières de plus en plus connectés

 

Les allées des cimetières sont mélancoliques. Les tombes, jonchées de feuilles mortes, sont recouvertes de croix et parfois d'une photographie du défunt. Mais quelques-unes sont aussi affublées d'un... code-barres ! Ou plus précisément d'un flashcode (QR code) que l'on peut scanner avec son smartphone ou sa tablette pour accéder à des photos ou à une biographie du défunt. Plus élaborés, certains renvoient même à des sites web, où l'on retrouve des vidéos ou des sons. Parfois, un livre d'or permet au visiteur d'ajouter un mot.

 

 

 

Aux Etats-Unis, en Angleterre ou au Japon, cela fait plusieurs années que ces dispositifs font un tabac. En France, l'arrivée de ces QR code inquiète. L'an dernier, Jean-Pierre Sueur, sénateur PS du Loiret, s'est fendu d'une question au gouvernement réclament d'encadrer ces tombes connectées. Selon lui, ces dispositifs troublent "l'ordre public et la dignité" des lieux. Sans compter, là encore, les risques de piratage.

 

 

 

Autant de prudence n'a pas empêché nombre de start-up de proposer leurs services en France. Epitag, Memory History, Scanepitaphe ou Chester Pearce... Le site spécialisé "Funéraire Info" estime qu'elles sont une vingtaine positionnées sur ce segment. Mais le coût - 200 euros environ - la concurrence et la réticence à mêler technologie profane et lieux sacrés fait que ce marché n'a pour l'instant pas réalisé toutes ses promesses. R.B.

 

 

 



02/11/2015
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