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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du dimanche 17 juillet 2016

 

 

ATTENTAT DE NICE - LE TUEUR SE SERAIT "RADICALISÉ TRÈS RAPIDEMENT"

 

 

 À nouveau, la sombre signature de Daech

 

 

L'organisation terroriste a revendiqué le massacre de 84 personnes le 14 juillet sur la Promenade des Anglais. Des zones d'ombre restent à éclaircir autour de la personnalité psychotique du tueur.

 

 

 

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ne revendication, et de nombreuses questions. Hier, Daech a revendiqué l'attentat qui a coûté la vie à 84 personnes à Nice. Sans lever tous les mystères autour de la personnalité trouble et du parcours du meurtrier. Le tueur "est un soldat de l'État islamique" qui a agi "en réponse aux appels lancés pour prendre pour cible les ressortissants des pays de la coalition qui combat l'EI", a affirmé hier l'agence Amaq, liée à Daech.

 

 

 

Attentat d'un type nouveau

 

Selon plusieurs experts, l'organisation terroriste n'a jamais revendiqué d'attentat sans y être liée. Par ailleurs, dès vendredi, François Molins, le procureur de la République de Paris, faisait le lien entre le mode opératoire du meurtrier et le groupe terroriste. Selon lui, l'attaque correspond "très exactement aux appels permanents au meurtre" des groupes djihadistes. Au premier rang desquels Daech, qui incite à commettre des attaques avec les moyens du bord, comme, par exemple, des voitures.

 

 

"Il semble" que Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, le chauffeur-livreur tunisien de 31 ans qui a foncé au volant d'un poids lourd sur la foule, se soit "radicalisé très rapidement", a indiqué Bernard Cazneuve. Le ministre de l'Intérieur a évoqué "un attentat d'un type nouveau", sans armes lourdes ni explosifs, qui "montre l'extrême difficulté de la lutte antiterroriste".

 

 

 

Des questions en suspens

 

Malgré cette revendication, de nombreuses questions demeurent. Le conducteur a-t-il agi sur commande ou de sa propre initiative ? Quel est son lien avec la mouvance djihadiste ?  Son profil détonne avec des tueurs comme ceux des attentats du 13 novembre.

 

 

Atteint de troubles psychiatriques, il n'était pas connu des services de renseignements, et n'a pas fait de passage dans les camps d'entraînements terroriste à l'étranger. Ses démêlés avec la justice se résument à des faits de menaces, violences, vols et dégradations commis entre 2010 et 2016.  Mohamed Lahouaiej-Bouhlel n'avait pas non plus une pratique rigoureuse de l'islam.

 

 

Aucun document de propagande djihadiste n'a été retrouvé à l'intérieur du camion, dans lequel les enquêteurs ont saisi un pistolet, avec lequel il a tiré sur les policiers, ainsi que des armes factices. L'enquête devra établir plus précisément quel a été son parcours, et ses liens avec l'organisation terroriste.

 

 

121 blessés toujours à l'hôpital

 

Au lendemain du drame qui a coûté la vie à 84 personnes, 121 blessés étaient encore hospitalisés, parmi lesquels 26 personnes, dont cinq enfants, étaient en réanimation.

 

 

Depuis l'attentat, le soir du jeudi 14 juillet, 303 patients ont été pris en charge dans les établissements de santé de Nice et des villes proches (Antibes, Cagnes-sur-Mer, Cannes, Grasse, Saint-Laurent-du-Var).

 

 

Sur la promenade des Anglais, rouverte hier, des passants venaient encore déposer des bouquets de fleurs et des messages, dans lesquels percent la peine et la colère. Parmi les bougies et les condoléances, on peut lire : "Assez de discours !", "Marre des carnages dans nos rues !", "Arrêtons le massacre !".

 

 

Wassim Nasr, journaliste à France 24, auteur du livre État islamique, le fait accompli (Plon)

 

 

"L'organisation État islamique veut exporter la guerre"

 

 

La revendication déclare que le tueur a "répondu favorablement à l'appel". Qu'est-ce que cela signifie ?

 

En mai dernier, Abou Mohammed Al-Adnani, le porte-parole de l'État islamique, indiquait avoir reçu des messages de djihadistes présents en Occident se plaignant de ne pouvoir atteindre des cibles militaires ou régaliennes. Ce qui les empêchait de faire des opérations. Il a donc fait un discours disant qu'en Occident, il n'y avait pas d'innocents, et qu'attaquer des civils était même mieux pour Daech car cela faisait encore plus mal à "l'ennemi".

 

 

Cela choque plus l'opinion et électrifie davantage l'atmosphère. C'est à cela qu'à répondu favorablement le tueur de Nice, selon l'État islamique. Il a atteint des cibles civiles, en faisant un maximum de victimes innocentes. Leur message est clair : on exporte chez vous la guerre que vous nous menez. Recueilli par Élodie Bécu

 

 

 

 

Le recul de l'EI accélère les attentats

 

C'est un cruel mouvement de balancier. À mesure que l'organisation terroriste État islamique perd du terrain en Syrie et en Irak, elle réplique par des attentats ultra-violents en dehors de son territoire. "Daech va passer au stade supérieur avec des attentats à la voiture piégée notamment", redoutait Patrick Calvar, patron du renseignement français, mardi dernier devant les députés.

 

 

Que ce soit à Bagdad, au Bangladesh il y a 15 jours, aux États-Unis (San Bernardino en 2015, Orlando en juin dernier) ou en Europe, le rythme des attentats s'accélère. Que ce soit par des attaques commanditées ou des appels à frapper les pays de la coalition intensifiés auprès d'individus radicalisés ou fragiles.

 

 

Au cours des six derniers mois, Daech a perdu 12 % du territoire qu'il contrôle dans la région, selon une analyse du cabinet britannique spécialisé IHS Jane's. En Irak, les troupes gouvernementales ont repris son fief de Fallouja le 26 juin. Daech a par ailleurs perdu l'un des ses commandants le plus en vue, Omar al-Shishani dit "Omar le Tchétchène", tué en Irak, a annoncé mercredi 13 juillet l'agence Amaq, liée au groupe terroriste.

 

 

Dans sa revendication de l'attentat du 14 juillet, cette même agence indique que le tueur de Nice "est un soldat de l'État islamique qui a agi en réponse aux appels lancés pour prendre pour cible les ressortissants des pays de la coalition qui combat Daech".

 

 

Depuis septembre 2014, la France a rejoint la coalition internationale contre Daech, commandée par les États-Unis, en Irak et en Syrie. Elle a participé à des premières frappes en Syrie en septembre 2015, avant de les intensifier après les attentats du 13 novembre.

 

 

 

"Nous allons renforcer la présence des forces de sécurité sur l'ensemble du territoire. Je voudrais lancer un appel à rejoindre cette réserve opérationnelle pour tous les Français patriotes qui le souhaitent". Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur

 



17/07/2016
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