www.l-air-du-temps-de-chantal.com

L'AIR DU TEMPS

le Progrès du dimanche 11 octobre 2015

 

 

 

PROCHE-ORIENT - Ankara : la Turquie ensanglantée par le terrorisme. Le pays est soumis depuis trois mois à des tensions qui s'aggravent de jour en jour. Un attentat a fait des dizaine de morts, hier, à Ankara, en marge d'une manifestation pour la paix. Un épisode sanglant de plus dans un pays qui s'enfonce dans la violence.

 

 

 

 

1 millier environ de personnes, en très large majorité kurdes, ont manifesté samedi à Paris à l'appel du Conseil démocratique kurde en France pour dénoncer le double attentat d'Ankara. Des rassemblements spontanés ont également eu lieu à Marseille et à Strasbourg. D'autres sont prévus aujourd'hui à Lyon et à Toulouse.

 

 

 

 

Cette attaque n'a pas seulement visé un groupe de gens qui venaient participer à un rassemblement ou une communauté politique, elle a visé notre peuple tout entier, alors que nous allions vers les élections [...] une telle attaque a directement visé notre démocratie, nos droits et nos libertés. Ahmet Davutoglu, Premier ministre islamo-conservateur turc

 

 

 

 

 

Ankara : soudain, deux déflagrations

 

Des dizaines de cadavres sur l'asphalte, du sang sur des centaines de mètres, des cris... A 10 h 04, hier, la capitale turque Ankara a plongé dans l'horreur, touchée par un double attentat qui a fait au moins 95 morts et des dizaines de blessés. Selon le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, les bombes ont probablement été actionnées par deux kamikazes. Devant la gare centrale, des centaines de militants venus de tout le pays commençaient à se déverser pour participer, à l'appel de mouvements de gauche proches de la cause kurde, à une grande manifestation pour la paix.

 

 

 

Soudain, deux déflagrations secouent l'esplanade qui fait face à la gare. C'est un carnage. Des dizaines de corps mutilés gisent sur la chaussée. Au milieu des décombres une multitude de billes d'acier, généralement utilisées pour aggraver l'impact des engins explosifs, jonchent le sol. Dans les rangs des rescapés, choqués, la colère gronde. Beaucoup accusent les forces de l'ordre de n'avoir pas correctement assuré la sécurité de leur rassemblement. Plusieurs voitures de police sont saccagées par les manifestants...

 

 

 

7085157.jpg

 

 

 

L'attentat n'avait pas été revendiqué en fin d'après-midi, mais le Premier ministre a pointé du doigt trois mouvements susceptibles, selon lui, d'en être l'auteur : le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le groupe Etat islamique (Daech) et le Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple (extrême gauche). Sans en faire mention, le PKK a annoncé, quelques heures après l'attentat d'Ankara la suspension de ses activités avant les élections prévues le 1er novembre.

 

 

 

 

La dérive autoritaire de Recep Tayyip Erdogan

 

Bousculé par la crise syrienne et des revirements d'alliances en politique intérieure, le président turc Recep Erdogan mène une politique de plus en plus dure. "Depuis deux ou trois ans, on observe une lente mais progressive montée de l'autoritarisme du régime", note Bayram Balci, chercheur au CERI-Science Po.

 

 

 

 

"Il ne supporte plus les critiques"

 

"En guerre contre les médias, Recep Erdogan ne supporte plus les critiques", observe-t-il. Des journalistes ont été arrêtés et des perquisitions ont eu lieu dans des journaux. Politiquement, Erdogan cherche à faire pencher la Turquie vers un régime présidentiel alors que traditionnellement, c'est le Parlement qui est plus fort dans le pays. Socialement, il tente de renforcer "l'ingérence dans la vie privée des Turcs, en leur conseillant de faire des enfants, en leur disant de refuser l'avortement ou en affirmant qu'il faut donner davantage d'importance à la religion à l'école", poursuit Bayram Balci.

 

 

 

 

"Ce virage commence en 2011, date du début du conflit en Syrie. La crise syrienne a eu un double impact sur la Turquie. Elle a ravivé la question kurde en renforçant les Kurdes, qui sont des acteurs incontournables de la lutte contre l'Etat islamique. Et elle a ravivé les tendions confessionnelles, entre sunnites et alaouites", explique-t-il. A ce contexte international, s'ajoutent des tensions propres à la politique turque. Recep Erdogan a perdu nombre de ses alliés (notamment les libéraux démocrates). Devenu "paranoïaque", selon Bayram Balci, il se recentre sur ses bases initiales : l'islam politique le plus conservateur. E.B.

 

 

 

 



11/10/2015
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 59 autres membres