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L'AIR DU TEMPS

la Tribune - le Progrès du samedi 9 août 2014

 

 

 

 

PROCHE-ORIENT - Face aux djihadistes, les Etats-Unis à l'offensive en Irak. Alors que des dizaines de milliers de civils fuient le nord du pays, aux prises avec les combattants de l'Etat islamique. Hier en fin de matinée, les Etats-Unis ont bombardé des positions djihadistes dans le Kurdistan irakien. Pour Barack Obama, l'hypothèse d'une nouvelle guerre du Golfe reste cependant exclue.

 

 

 

Barack Obama est le quatrième président américain consécutif à lancer une attaque militaire contre l'Irak. Deux ans et demi après le départ du dernier soldat US du pays, le président des Etats-Unis a donné son feu vert à l'offensive.

 

 

 

Hier vendredi, vers 14 h 00 (heure GMT), une frappe, menée par un drone, a "éliminé des terroristes" qui servaient un mortier. Puis, à 15 h 20, quatre chasseurs ont largué huit bombes qui ont neutralisé un convoi et un mortier près d'Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, a expliqué le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby.

 

 

 

Quelques heures auparavant, deux chasseurs avaient largué des bombes de 250 kg sur une pièce d'artillerie mobile de l'Etat islamique qui avait visé des forces kurdes à Erbil et menaçait les personnels américains qui y sont postés ainsi que des milliers de chrétiens et yézidis en fuite.

 

 

 

 

Une situation proche du "génocide"

 

 

Le porte-parole du Pentagone, l'amiral John Kirby, a également expliqué que les djihadistes menaçaient les personnels américains basés à Erbil. Pour les contrer, il a aussi évoqué des frappes américaines dans la région de Sinjar, à l'ouest de Mossoul et des opérations prévues dans "des villes irakiennes contrôlées par l'EI".

 

 

 

Jeudi soir, estimant que la situation était proche du "génocide" à l'égard des yézidis, Barack Obama avait autorisé des frappes militaires ciblées. Le président, instigateur du retrait américain d'Irak, assurait cependant qu'il n'allait pas "entraîner (le pays) dans une autre guerre". Ce jour-là, les combattants de l'EI avaient pris Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne d'Irak, puis le barrage de Mossoul, le plus grand du pays.

 

 

 

 

Un corridor humanitaire établi

 

 

Dimanche, les combattants de l'EI avaient déjà pris le contrôle de Sinjar, bastion de la minorité yézidie, une communauté kurdophone considérée par les djihadistes comme "adoratrice du diable", poussant à la fuite jusqu'à 200000 civils selon l'ONU. Le Conseil de sécurité s'était d'ailleurs dit "scandalisé" par le sort des yézidis et des chrétiens. Hier, l'organisation a expliqué chercher à établir un "corridor humanitaire" dans le nord du pays pour permettre d'évacuer les civils menacés.

 

 

 

Le président François Hollande, qui en appelle à une mobilisation de l'Union européenne a affirmé son soutien aux Etats-Unis, ajoutant que la France était "prête à prendre toute sa part" pour aider les civils.

 

 

 

 

Scepticisme à Bagdad

 

 

Le Pape François, qui a lancé un appel urgent à la communauté internationale pour "protéger" les populations en fuite, a décidé d'envoyer auprès d'elles le cardinal Fernando Filoni, ancien nonce en Irak. L'offensive a été saluée par le chef de l'armée irakienne, Babaker Zebari. Le responsable militaire a estimé que cet appui aérien allait permettre "d'énormes changements sur le terrain dans les prochaines heures".

 

 

 

A Bagdad en revanche, l'intervention américaine a suscité le scepticisme. Le Premier ministre Nouri al-Maliki réclamait en effet ces frappes depuis juin, lors du début de l'offensive de l'EI, qui était déjà bien implanté en Syrie et contrôle désormais de vastes pans du territoire irakien.

 

 

 

100 000 c'est le nombre de chrétiens "jetés sur les routes" par l'avancée djihadistes en Irak, d'après le patriarche chaldéen Louis Sako. La plupart sont partis vers le Kurdistan. La prise de Sinjar, bastion des yézidis a déjà contraint 200 000 civils à la fuite selon l'ONU.

 

 

 

"Nous sommes confrontés à une situation où des innocents pourraient être victimes de violences terribles. Les Etats-Unis ne peuvent détourner le regard". Barack Obama, président des Etats-Unis, lors d'une allocution solennelle depuis la Maison Blanche, le 7 août

 

 

 

 

-------------------------- Questions à Mathieu Guidère -------------------------

 

 

Islamologue et professeur des Universités

 

 

 

"Iran et Etats-Unis, une drôle d'alliance"

 

 

 

 

L'intervention des Etats-Unis était-elle nécessaire ?

 

C'est une solution d'urgence. Il fallait limiter les capacités militaires de l'Etat islamique en Irak. Il n'y avait pas beaucoup d'autres choix. Mais ce n'est certainement pas la solution au problème.

 

 

 

Comment envisagez-vous la suite ?

 

La progression des forces de l'Etat islamique va être ralentie. Les bombardements vont accentuer l'exode des populations, la haine entre les différentes communautés... Là, les Etats-Unis prennent fait et cause pour les chrétiens. Cela va renforcer la guerre civile.

 

 

 

L'Etat islamique peut-il utiliser politiquement cette intervention des Etats-Unis ?

 

Il va très facilement revêtir les habits de la résistance aux Etats-Unis. Les bombardements américains lors des deux guerres en Irak n'ont pas laissé que des bons souvenirs dans le pays. Les Irakiens ont toujours en mémoire la présence américaine sur leur sol.

 

 

 

Quel rôle joue l'Iran dans cette guerre ?

 

La situation est inédite. Nous avons les Etats-Unis qui bombardent avec l'aval de l'Iran. L'Iran est cette fois-ci presque allié des Etats-Unis.L'Iran soutien les chiites irakiens qui se battent contre les sunnites de l'Etat islamique. C'est une drôle d'alliance de circonstance. Car l'Iran n'a pas changé et soutient le régime syrien, le Hezbollah et garde son hostilité viscérale envers Israël.

 

 

 

La France semble peser au niveau diplomatique

 

Elle ne peut faire que cela. L'Irak ce n'est pas le Mali ou la Centrafrique. Jusqu'à présent, l'Etat islamique et les groupes syriens djihadistes ne considéraient pas la France comme un ennemi. On a que des coups à prendre dans cette affaire. J'espère que l'on n'est pas en train de créer la prochaine menace terroriste sur notre territoire avec ces gesticulations diplomatiques. Recueilli par Patrice Barrère

 

 

 

 

L'avancée des djihadistes

 

 

Les djihadistes de l'Etat islamique (EI) ne sont que quelques milliers. Ce n'est donc pas le nombre qui fait leur force, mais d'autres raisons :

 

 

 

 

Des armes récemment acquises

 

 

L'EI dispose de chars, humvees, missiles et autres armements lourds pris à ses ennemis pendant son offensive. Ce matériel, souvent de fabrication américaine, a notamment été abandonné par l'armée irakienne lors de son retrait face aux insurgés aux premiers jours de leur offensive.

 

 

 

 

L'expérience syrienne

 

Si le groupe est né en Irak, c'est son implication dans le conflit syrien qui lui a permis de devenir ce qu'il est aujourd'hui, en lui offrant un "entraînement" et des occasions d'apprentissage.

 

 

 

 

Des batailles bien choisies

 

Pour ses combats, l'EI privilégie les zones sunnites où il peut trouver des soutiens, des infrastructures stratégiques ou des endroits faiblement défendus, évitant ainsi des pertes superflues pour maintenir son élan et son unité interne.

 

 

 

 

Une propagande efficace

 

Partout, l'EI est précédé de sa réputation d'extrême brutalité. Et cela lui a permis de s'emparer de villes entières sans rencontrer de résistance. Maîtrisant Internet et les réseaux sociaux, le groupe diffuse notamment des photos d'ennemis décapités.

 

 

 

 

Des opposants faibles

 

Ce qui fait la force de l'EI est avant tout la faiblesse de ses opposants. Les peshmergas, plus puissants que les forces irakiennes, ne sont pas assez nombreux, et ceux qui ont combattu Saddam Hussein ne font plus partie des combattants.

 

 

 

 

 

 

Le Vatican dépêche un cardinal sur place

 

 

 

Le pape François a décidé vendredi d'envoyer le cardinal Fernando Filoni auprès des populations du nord de ce pays, en grande partie chrétiennes, qui fuient l'avancée des jihadistes de l'Etat islamique. Son porte-parole a indiqué qu'"à la lumière de la grave situation, le Saint-Père a nommé le cardinal Filoni, préfet de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples, comme son émissaire, dans le but d'exprimer sa proximité spirituelle aux populations qui souffrent et leur apporter la solidarité de l'Eglise".

 

 

 

 

Il a été nonce en Irak et en Jordanie de 2001 à 2006, et est le seul représentant étranger à être resté à Bagdad pendant toute l'époque de l'intervention américaine lancée en 2003 contre la dictature de Saddam Hussein, intervention désapprouvée par le Saint-Siège. Le porte-parole du Vatican a indiqué que le cardinal émissaire devait partir "rapidement", mais que la date et l'itinéraire étaient en cours d'examen. Il devrait se rendre notamment au Kurdistan irakien. Msr Filoni, qui devait accompagner le pape en Corée du Sud du 13 au 19 août, y a renoncé.

 

 



10/08/2014
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