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L'AIR DU TEMPS

la Tribune du vendredi 12 septembre 2014

 

 

 

TERRORISME - Une guerre difficile  contre l'Etat islamique. Les Etats-Unis ont lancé l'offensive diplomatique. Obama est prêt à intervenir en Syrie pour détruire l'Etat islamique. Mais les pays de la coalition autour des USA ne s'entendent pas sur les moyens pour parvenir à l'objectif.

 

 

 

10 millions de dollars. C'est le montant de la mise à prix de la tête du leader de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi. Depuis 2011, il fait partie du trio des terroristes les plus recherchés au monde aux côtés d'Ayman al-Zawahiri, le chef d'Al Quaïda, et du mollah Omar, ancien commandant des talibans.

 

 

 

 

"Cela signifie que je n'hésiterai pas à agir contre l'Etat islamique en Irak et au levant en Syrie, ainsi qu'en Irak. C'est un principe central de ma présidence : si vous menacez l'Amérique, vous ne trouverez aucun sanctuaire". Barack Obama, Président des Etats-Unis lors de son discours solennel mercredi soir

 

 

 

 

Une guerre "implacable". Lors de son discours solennel à la veille du 11 septembre, Barack Obama a clairement affiché sa stratégie : "affaiblir, et, à terme, détruire" les djihadistes de l'Etat islamique (EI). Les avions américains devraient donc effectuer des raids en Syrie en plus de ceux qu'ils mènent depuis le 8 août en Irak. L'envoi des troupes de combat au sol reste en revanche exclu.

 

 

 

 

Le président américain s'est aussi engagé à renforcer l'armée irakienne et accroître l'assistance militaire aux rebelles syriens considérés comme des modérés face à l'EI. "Les Etats-Unis essayent de réparer leurs erreurs après l'intervention en Irak en 2003. N'oublions pas que le développement de l'EI n'a été possible qu'avec le soutien du Qatar, l'allié des Etats-Unis", explique Eric Denécé, directeur du Centre de recherche sur le renseignement.

 

 

 

 

Coalition artificielle ?

 

Washington va mettre les moyens. Barack Obama a annoncé l'envoi de 475 conseillers militaires supplémentaires pour soutenir les forces kurdes et irakiennes en termes d'équipements, de formation, de renseignement, portant à 1 600 le nombre de GI dans le pays. Pas de guerre façon Bush mais des frappes ciblées notamment sur les leaders comme en Somalie.

 

 

 

 

Suffisant pour rayer de la carte l'Etat islamique ? "Dans six mois, l'armée de l'EI va être étrillée. EI va revenir au point de départ et retrouver la forme d'un groupe terroriste que l'on mettra des années à détruire totalement", analyse Eric Denécé.

 

 

 

 

Pour réussir son opération d'éradication de l'Etat terroriste, Barack Obama a annoncé compter sur une large coalition. Pas si simple. "Cette coalition est artificielle. Un simple affichage politique, réagit Eric Denécé. Le Qatar et l'Arabie Saoudite n'ont pas les mêmes intérêts. La Turquie joue un double-jeu. Et il y a l'Iran que l'on peut difficilement faire entrer dans la coalition mais qui se bat contre EI en Irak...". Du côté des forces occidentales, Londres et Berlin ont exclu de participer à des frappes aériennes en Syrie. Aujourd'hui, à Bagdad, François Hollande pourrait confirmer l'implication française aux côtés des Américains mobilisant ses six avions Rafale basés aux Emirats près d'Abou Dhabi.

 

 

 

 

L'envoi du porte-avions Charles-de-Gaulle dans l'est de la Méditerranée est également une option. "C'est un des outils disponibles", admet sans plus de précision le porte-parole de l'état-major, le colonel Gilles Jaron. Pour tenter de souder sa coalition, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a rassemblé hier dans la ville saoudienne de Jeddah des représentants des monarchies du Golf (Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Koweït, Oman et Qatar) ainsi que l'Egypte, la Jordanie, l'Irak, le Liban et la Turquie. D'ores et déjà, le gouvernement turc a fait savoir que son armée ne prendrait pas part aux opérations au sein de la coalition internationale menées par les Etats-Unis.

 

 

 

 

 

L'imbroglio syrien

 

La situation est bien plus compliquée en Syrie. Le régime de Bachar al-Assad cherche depuis plusieurs semaines à se présenter comme un partenaire contre l'EI et a mis en garde la coalition contre une opération sur son territoire sans son autorisation. Le président américain, dès mercredi soir, a écarté clairement une coopération avec le régime "illégitime" d'Assad. Patrice Barrère

 

 

 

 

 

----------------------- Questions à Jean-Claude ALLARD -------------------------

 

 

 

 

Directeur de recherches à l'IRIS

 

 

 

 

"La nouveauté, c'est la prise de conscience"

 

 

 

 

Barack Obama a exclu de déployer massivement des troupes au sol. A quelle opération peut-on s'attendre de la part de la coalition ?

 

 

Militairement parlant, je pense que l'intervention gardera la même forme. Elle consistera en un triangle.

 

 

 

1 - Les occidentaux fournissent une assistance en termes de techno-logies, d'aviation et de renseignement

 

 

 

2 - des troupes au sol, irakiennes et kurdes, tiennent le front

 

 

 

3 - des forces spéciales américaines conseillent ces dernières

 

 

 

 

La vraie nouveauté, c'est la prise de conscience de la communauté internationale.

 

 

 

 

 

A-t-on les moyens d'une action foudroyante contre l'EI ?

 

En préambule, il y aura la préparation des forces. Les Américains ont des bases dans la zone, les Français en ont une à Abu Dhabi. Ils peuvent la mobiliser pour acheminer un porte-avions au plus près du théâtre des opérations. Quand il y une telle coalition, ça ne veut pas dire que tous les partenaires vont fournir des avions, mais au moins une aide logistique (des bases, des ressources). Cette préparation prendra un peu de temps mais après ça, l'intervention pourra être rapide.

 

 

 

 

Quel pourrait être le rôle des pays voisins ?

 

Les pays de la régions devraient justement fournir des bases pour assurer le déploiement des forces. Ils apportent déjà un soutien politique mais il n'est pas sûr qu'ils veuillent s'exposer.

 

 

 

 

La communauté internationale refuse pour l'instant la coopération de la Syrie et de l'Iran. Peut-elle s'en passer ?

 

Pour l'instant, une décision politique a été prise. Mais il est certain qu'en termes d'efficacité sur le terrain ils pourraient apporter quelque chose. Au nord irako-syrien, l'armée syrienne pourrait sécuriser le fond de la nasse par exemple. Aujourd'hui, la nouveauté est politique car on a rassemblé de nombreux pays mais c'en serait une autre de coopérer avec la Syrie et l'Iran. Recueilli par R.B.

 

 

 

 

 

François Hollande aujourd'hui à Bagdad

 

Selon Laurent Fabius, la France est prête à participer aux frappes aériennes en Irak et en Syrie aux côtés des Etats-Unis. François Hollande devrait préciser l'engagement aujourd'hui ou lundi. Le président français se rend ce vendredi en Irak pour apporter son soutien au gouvernement fraîchement formé à Bagdad.

 

 

 

 

Dès lundi, François Hollande retrouvera son homologue irakien Fouad Massoum à Paris pour une conférence sur "la paix et la sécurité" en Irak qu'ils coprésideront autour de trois objectifs : affirmer le soutien de la communauté internationale au nouveau gouvernement irakien, coordonner la lutte contre l'EI et engager les efforts humanitaires et de reconstruction de l'Irak.

 

 

 

 

Le président français pourrait également faire escale aujourd'hui à Erbil, dans les pas de son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui s'était rendu dès le 10 août dans la capitale de la région autonome du Kurdistan irakien pour y superviser une livraison d'aide humanitaire française aux réfugiés.

 

 

 

 

 

Al-Baghdadi, chef d'"Etat" inconnu

 

En juillet dernier, le monde découvrait le visage d'Abou Bakr Al-Baghdadi, dit "Calife Ibrahim", chef de l'Etat islamique. En effet, celui qui s'était jusqu'ici tenu à distance des objectifs (à l'exception de quelques clichés pris en détention il y a plusieurs année), s'était laissé filmer à l'occasion d'un prêche. Al-Baghdadi apparaissait sous les traits d'un homme dans la force de l'âge, à la barbe légèrement grisonnante, en tenue traditionnelle noire.

 

 

 

 

 

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Soucieux d'assurer sa sécurité, et donc peu amateur de publicité Abou Bakr Al-Baghdadi, Ibrahim Awad Al-Badri pour l'état-civil, laisse filtrer peu d'informations. Selon tous les experts, il est né en Irak, à Samarra, au nord de Bagdad, probablement en 1971. Les ombres portées sur son parcours sont nombreuses. Dans les années 90, il aurait étudié la théologie à Bagdad.

 

 

 

 

 

Déjà salafiste sous Saddam Hussein, il fait partie de insurgés face à la présence américaine. Il intègre la filière irakienne d'Al Qaïda. Arrêté en 2005, il est enfermé jusqu'en 2009 puis libéré peut-être à la faveur d'une amnistie alors que les Américains amorcent leur retrait d'Irak. Il se rapproche alors des hautes sphères de l'univers islamique, au point de prendre la tête d'Al Qaïda en Irak en 2010. Secret, ambitieux, brutal, il mène bientôt ses troupes à une scission avec le commandement d'Al-Qaïda, sans doute à cause de ses vues sur la Syrie.

 

 

 

 

 

Les succès rencontrés par l'offensive de l'EI en juin assoient son pouvoir et le 29 juin, premier jour de Ramadan, il s'autoproclame Calife, c'est-à-dire souverain du monde musulman. Il y a quelques jours, un bruit évoquait sa mort au cours d'un raid de l'aviation américaine... Robin Verner

 

 

 

 

 

 

 

REPERES

 

 

 

Les date clés de la riposte contre l'Etat islamique :

 

 

 

3 janvier : en Syrie, début d'une offensive contre l'EIL de plusieurs coalitions de rebelles islamistes et modérés.

 

 

 

 

8 août : Les Etats-Unis s'impliquent directement en Irak en bombardant les positions des djihadistes.

 

 

 

 

12 août : Le Royaume-Uni décide de livrer des armes aux Kurdes

 

 

 

 

13 août : après avoir livré de l'aide humanitaire, la France commence à livrer des armes aux Kurdes en Irak.

 

 

 

 

15 août : l'Union européenne prend position en faveur de la livraison d'armes aux combattants kurdes.

 

 

 

 

20 août : d'après le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel, 8 pays se sont engagés à livrer des armes aux Kurdes en Irak : les Etats-Unis, l'Albanie, le Canada, la Croatie, le Danemark, l'Italie, la France et le Royaume-Uni.

 

 

 

 

26 août : les Kurdes disent recevoir des armes de la part de l'Iran. La République Tchèque donne son feu vert à l'envoi d'armes.

 

 

 

 

1er septembre : l'Allemagne et l'Albanie livrent des armes aux Kurdes en Irak.

 

 

 

 

2 septembre : Washington annonce l'envoi de 350 soldats supplé-mentaires, et porte à 820 le nombre de soldats américains déployés en Irak.

 

 

 

 

3 septembre : les Etats-Unis ne se laisseront pas "intimider" par l'EI, affirme le président Obama. L'Italie déclare prévoir de livrer des armes aux Kurdes à partir de la mi-septembre.

 

 

 

 

5 septembre : l'Otan réunit en sommet condamne "les actes barbares" de l'Etat islamique. Les Etats-Unis appellent à une coalition pour le "détruire". En feraient partie les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne, l'Italie ainsi que la Turquie, la Pologne, le Canada, le Danemark et l'Australie.

 

 

 

 

7 septembre : la Ligue Arabe se dit prête à "affronter" les djihadistes de l'EI.

 

 

 

 

10 septembre : Barack Obama présente son plan d'action contre l'Etat islamique.

 

 

 



12/09/2014
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