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SOCIAL - Alain Marcu : "Les chômeurs sont invisibles". AC ! Vingt ans contre le chômage. "Avec le temps, le chômage s'est banalisé. C'est devenu comme une norme", constate Alain Marcu, responsable de l'association de chômeurs AC ! Preuve en est de la discrétion qui entoure l'anniversaire, aujourd'hui des vingt ans d'Agir contre le chômage, devenu simplement AC !".

Les mouvements de chômeurs avaient fait irruption dans le débat public au début des années 80. Le syndicat de Maurice Pagat avait marqué un mémorable Droit de réponse à la télévision, et plusieurs associations étaient nées au fils des ans et la progression du chômage : CGT-chômeurs, l'Apeis, le MNCP, AC !...

"Consultés, pas entendus"

Elles existent toujours, mais ne passent plus à la télé, et peinent à mobiliser. "C'est difficile, de mobiliser les chômeurs, la tentation est plutôt de se replier sur soi", explique Alain Marcu. Lui-même est à nouveau chômeur, à moins de 1 000 € par mois, après plusieurs années d'un "emploi-tremplin" auprès d'AC !. Avant, il était cadre commercial dans l'électronique de sécurité.

C'est aussi que les associations de chômeurs ont peu de succès à leur actif. Il y eut la bataille gagnée des "recalculés", contre la décision de l'Unedic de baisser des allocations au nom d'un nouvel accord. Et depuis ? Les intermittents, qui ont réussi à faire bouger le gouvernement. "L'immolation d'un chômeur devant une agence de Pôle emploi a moins d'efficacité que la menace d'annuler des festivals de théâtre", commente Alain Marcu, volontairement cynique. Il ajoute cependant : "Nous sommes consultés. Mais nous ne sommes pas vraiment entendus, c'est surtout de la com'".

Côté ministres, pars mieux. L'ex-ministre du Travail Michel Sapin avait fait une apparition surprise à l'un de ces comités de liaison. Et l'actuel, François Rebsamen ? "Jamais vu". Ce sera donc fête aujourd'hui, pour les vingt ans, à Paris et dans les antennes régionales. N'empêche, remarque Alain Marcu : "Dans notre société, les chômeurs sont invisibles". Francis Brochet