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L'AIR DU TEMPS

la tribune du mercredi 17 décembre 2014

 

 

 

PAKISTAN - Carnage à l'école : le sanglant retour des talibans. Des dizaines d'enfants exécutés par un commando terroriste. Pour se venger d'une offensive de l'armée, des talibans ont ouvert le feu hier dans une école Peshawar réservée aux enfants de militaires. Le bilan est effroyable : 141 morts, pour la plupart des élèves. C'est l'action terroriste la plus sanglante, la plus ignoble de l'histoire du Pakistan avec un bilan de 141 morts dont 132 enfants. Les fondamentalistes islamistes Taliban ont attaqué une école de Peshawar, tuant mécaniquement les élèves.

 

 

 

141 personnes dont 132 enfants ont trouvé la mort hier dans l'école de Peshawar. Le nombre de blessés s'élève à 124 dont 121 enfants. Il s'agit de l'attaque terroriste la plus meurtrière jamais perpétrée au Pakistan. La précédente avait fait 139 morts à Karachi en octobre 2007.

 

 

 

"Aucune cause ne peut justifier une telle brutalité. Aucune doléance ne peut justifier ces horreurs (...). Les écoles doivent être des lieux où l'on peut apprendre en toute sécurité. Chaque enfant à droit à une éducation, et aller à l'école ne devrait pas être un acte de bravoure". Ban Ki-Moon général de l'ONU

 

 

 

 

 

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L'attaque

 

Il était 10 H 30 hier lorsque six talibans déguisés en militaires ont pris d'assaut cette école des faubourgs réservée aux enfants de soldats. Près de 500 élèves, la plupart âgés de dix à vingt ans, étaient présents. Les assaillants sont passés de classe en classe pour abattre les élèves. Sur son lit d'hôpital, l'un des survivants, Shahrukh Khan, 16 ans, en a livré un récit glaçant, racontant comment les talibans traquaient les enfants cachés sous les bancs.

 

 

 

Il gardera longtemps en mémoire l'image d'un homme "aux grosses bottes noires qui criblait de balles les élèves". Il s'est retenu de crier lorsqu'il en a reçu deux aux jambes, faisant le mort. "Les terroristes ont tiré de manière aléatoire dès qu'ils sont entrés et n'avaient donc aucune intention de faire des otages" a confirmé le général Asim Bajwa, porte-parole de l'armée. Ils portaient des vestes bardées d'explosifs, ainsi que des munitions et des vivres pour plusieurs jours. C'est Après sept heures de combat que les forces de sécurité ont repris le contrôle de l'école. Les six attaquants ont été abattus.

 

 

 

 

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Une réponse à l'offensive militaire

 

Le carnage a été revendiqué par le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), principal groupe rebelle islamiste du pays. "Nous avons mené cette attaque parce que les enfants de plusieurs hauts responsables de l'armée "étudient dans cette école", a expliqué un de ses porte-parole, Muhammad Khurasani. Dès le début de l'assaut, le TTP avait indiqué qu'il s'agissait d'une réponse à l'offensive Zarb-e-Asb menée depuis  juin dernier par l'armée pakistanaise dans les zones tribales du nord-ouest contre les talibans et leurs alliés.

 

 

 

Crée en 2007, le TTP a déclaré la "guerre sainte" au gouvernement pakistanais, coupable à ses yeux de collaborer avec les Etats-Unis depuis les attentats du 11 septembre 2001. Ses combattants sont aussi la cible depuis une dizaine d'années des drones américains, dont les raids ont aussi fait des centaines de victimes parmi la population.

 

 

 

Un symbole visé

 

Mais une fois de plus, les terroristes fondamentalistes tenants d'un obscurantisme total ont attaqué une école, symbole pour eux d'émancipation des jeunes filles et de savoir universel. Signe que l'attaque a choqué l'Etat pakistanais au plus haut point, le Premier ministre Nawaz Shari a dénoncé hier une "tragédie nationale" provquée par des "sauvages" et s'est rendu sur les lieux. Il a décrété trois jours de deuil national.

 

 

 

Unanime, la communauté internationale a condamné une attaque "odieuse" pour Barack Obama, "ignoble" selon le président François Hollande, "inhumaine" d'après le Premier ministre indien Narendra Modi. Jean-Michel Lahire (avec AFP)

 

 

 

 

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Les mêmes agresseurs que ceux de Malala

 

L'adolescente pakistanaise Malala Yousafzai, icône mondiale du combat pour l'éducation des filles et qui a reçu le prix Nobel de la paix le 10 décembre dernier à Oslo conjointement avec l'Indien Kailash Satyarthi, a dénoncé hier les "actes atroces et lâches" des talibans qui ont attaqué l'école pour enfants de militaires de Peshawar, faisant plus de 130 morts. "Je reste unie avec le gouvernement et les forces armées du Pakistan dans leurs efforts louables pour gérer la situation", a réagi la jeune fille de 17 ans, elle-même victime d'un attentat taliban en octobre 2012. Alors âgée de 15 ans, la jeune pakistanaise avait été visée par les islamistes "pour son rôle de pionnière dans la défense de la laïcité" et sa "campagne contre la charia". Le mouvement des talibans du Pakistan (Tehreek-e-taliban Pakistan, TTP) qui a revendiqué l'attaque de l'école, principal groupe rebelle islamiste du pays, est également responsable de la tentative d'assassinat contre la Prix Nobel.

 

 

 

 

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Peshawar, la ville stratégique

 

 

A mi-chemin de deux capitales Islamabad (Pakistan) et Kaboul (Afghanistan), à 50 kilomètres de la frontière de l'Afghanistan, la ville commerçante de Peshawar, est stratégique pour le gouvernement pakistanais comme pour les talibans. Peshawar est un souk géant, une succession de boutiques où l'on peut acheter (en dollars) tapis, épices et étoffes comme au temps où Marco Polo découvrait ici l'Asie, mais aussi caisses de kalachnikovs, lance-roquettes en stocks de pavot.

 

 

 

Des camps de nomades en toile et de réfugiés en terre battue encerclent la ville d'apparence plutôt moderne (immeuble de verre, téléphones portables partout), aussi il est impossible de distinguer parmi les trois millions d'habitants qui est de passage et qui réside ici en permanence. Qui est Afghan, qui est Pakistanais ? Qui commerce ? Qui trafique ? Certains commerçants de la ville et les réfugiés afghans constituent la base financière et militante des talibans qui vont et viennent de part et d'autre de la frontière contrôlée par les clans de la zone tribale, où Ben Laden se serait réfugié en 2003. L'armée pakistanaise ne contrôle pas ces montagnes où les chefs de tribus tirent leurs revenus d'un "péage" en nature sur tous les convois qui passent. Islamistes radicaux, ils manient avec la même aisance la kalachnikov et le Coran, couvrent leurs femmes de burqa et détestent l'armée pakistanaise.

 

 

 

 

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Questions à Olivier Louis

 

 

Auteur de "l'Histoire du Pakistan un lent chemin vers l'abîme"

 

 

 

"Une revanche contre les actions de l'armée"

 

 

Qui sont ces talibans qui ont attaqué une école à Peshawar ?

 

Les talibans pakistanais ont été créés dans les années 2010-2011. Ces islamistes se sont mis sous l'autorité du mollah Omar, le responsable des talibans afghans. Ils sont installés dans le nord-ouest du pays. Ils habitent dans les zones tribales où le gouvernement pakistanais n'exerce pas directement le pouvoir politique. Ils sont sunnites et fondamentalistes.

 

 

 

Comment interpréter cet attentat ?

 

Les talibans n'avaient pas sévi de la sorte depuis plusieurs mois. L'armée a changé de politique. Les militaires se sont décidés à les attaquer depuis juin. Leurs opérations ont mis beaucoup de désordre au sein des talibans. Ces derniers se sont divisés Un groupe essaye de négocier avec le gouvernement. Un autre s'est rattaché à l'Etat islamique. Un troisième, le plus important, reste fidèle aux talibans afghans.

 

 

 

Daech peut-il être derrière cet attentat

 

A priori, non. Cette attaque de l'école est présentée comme une revanche contre les actions de l'armée. Ici, ce sont les talibans majoritaires dans le pays et liés au mollah Omar qui ont agit.

 

 

 

Les terroristes ont-ils voulu répondre au prix Nobel décerné à la jeune Malala?

 

Le prix Nobel de la paix est évidemment mal vu par les talibans. Mais l'attentat n'est pas forcément lié à cet événement. Il s'agit vraiment d'une réaction aux attaques militaires.

 

 

 

Le Pakistan possède la bombe atomique. Ce pays est-il contrôlable ?

 

Il ne faut pas exagérer. Cette région frontière du nord-ouest du Pakistan où a eu lieu l'attentat n'est pas le coeur du pays. On ne peut pas en tirer des conséquences sur l'ensemble du pays. La sécurité est assurée dans les grandes villes. Recueilli par Patrice Barrère

 

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18/12/2014
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