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L'AIR DU TEMPS

la tribune du mardi 31 mars 2015

 

 

RENCONTRE avec Agnès VERDIER-MOLINIE

 

 

"Sans réformes structurelles, on va dans le mur"

 

 

ECONOMIE - Spécialiste de l'organisation du service public, Agnès Verdier-Molinié détaille dans un ouvrage, "On va dans le mur" chez Albin Michel, les maux du système et donne des pistes de réformes.

 

 

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Pourquoi la France est-elle si difficile à réformer ?

 

Il n'y a pas de consensus entre droite et gauche sur les objectifs à atteindre et tous les sujets sont abordés avec une vision électoraliste. Les choix procèdent surtout du calcul politicien et rarement de clivages idéologiques. Exemple : en 2010, Nicolas Sarkozy supprime la clause de compétence générale des collectivités locales qui entraîne des doublons de dépenses.

 

 

Le gouvernement Ayrault la rétablit, celui de Valls l'annule. Sur les grandes régions, s'il n'y a pas des suppressions massives de postes en doublon, ça va coûter plus cher car les régions devront augmenter les salariés et les prestations pour aligner par le haut.

 

 

 

Vous dénoncez l'empilement de normes et de taxes comme un frein aux réformes? 

 

Autre exemple : on nous dit la retraite à 60 ans possible pour ceux qui ont exercé des métiers pénibles. Résultat, on crée un compte pénibilité ingérable pour les entreprises et incompréhensible pour les salariés.

 

 

Les politiques sont dans l'impréparation permanente, du coup la technostructure prend le dessus. Cela donne :

 

  • 400 000 normes

 

  • 3 500 pages de code du Travail

 

  • 360 taxes et cotisations sociales

 

  • 103 aides sociales, trois fois plus par rapport au pays comparables

 

  • 37 régimes de retraites au lieu d'un régime égalitaire et identique pour tous

 

 

La droite et la gauche n'ont réformé que de petits bouts.

 

 

 

Les réformes braquent des catégories ?

 

Il faut choisir : soit on préserve les petites spécificités, les avantages sociaux et fiscaux de catégories bien installées, soit on a pour dessein général de faire baisser le chômage. Grâce à la BCE on a des taux d'intérêt bas, un euro compétitif. Au lieu d'en profiter, on va tester dans tout ce qu'on a toujours fait : semblant vis-à-vis de Bruxelles. On va bouger à la marge au lieu de réformer structurellement et on va dans le mur.

 

 

 

Comment éviter le mur ?

 

D'abord revoir les missions de l'Etat en le recentrant sur le régalien (défense, sécurité, diplomatie...). Ensuite, réduire le nombre de communes à 5 000, autrement dit les remplacer par les intercommunalités.

 

 

  • La France compte 618 384 élus : un pour 104 habitants contre un pour 2 600 chez les Britanniques. 

 

  • Pourquoi les structures culturelles seraient forcément publiques ?

 

  • Pourquoi l'Education ne serait-elle pas régionalisée 

 

  • Pourquoi l'aide sociale est-elle morcelée entre CAF, département, CCAS et non regroupée ?

 

 

Les Français sont d'accord avec cela. Il ne s'agit pas de diminuer le service public, mais de la rendre moins cher, plus moderne pour rendre la France plus souple, plus compétitive. Recueilli par Pascal Jalabert

 



01/04/2015
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