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L'AIR DU TEMPS

la tribune du dimanche 5 avril 2015

 

 

MOYEN-ORIENT - Alors que la coalition des pays du Golfe intervient au Yémen. Bahreï: pris dans le conflit des deux islams. Dans ce petit royaume pétrolier de 1,3 million d'habitants, engagé dans la guerre au Yémen, la minorité sunnite tient le pouvoir. Depuis février 2011 et une révolution avortée, la répression est féroce contre la majorité chiite.

 

 

Le printemps est de retour au Bahreïn. Celui de la culture, pas le Printemps arabe, qui, en février 2011, a fait vaciller le pouvoir de la famille royale Al-Khalifa à sa tête depuis 1783. Entre le gris des chantiers pharaoniques de Manama, capitale de ce micro-état pétrolier de 1,3 million d'habitants, et les portraits rougeoyant des régents, les affiches de concerts interpellent.

 

 

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Le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa Al-Khalifa  Photo :  Reporters sans frontières

 

 

 

Même notre Jack Lang national, venu donner une conférence mi-mars en tant que président de l'Institut du monde arabe, bénéficie d'une visibilité inattendue. "La culture a droit de cité ici, mais on ne peut pas faire n'importe quoi", confie un producteur de spectacles habitué des lieux et du "cadre" imposé par les autorités locales.

 

 

 

Ce soir-là, la danse indienne de "Bharati" tient la vedette au fort Arad, près de l'aéroport. Ce n'est pas un hasard : on compte près de 200 000 Indiens présents essentiellement dans le bâtiment et la restauration. Les vrais Bahreïniens, eux, seraient 630 000, soit la moitié de la population globale, avec une minorité sunnite (30 %) aux commandes du pays.

 

 

Emprisonnements, torture

 

Le long du vieux fort, deux joggeuses occidentales en short côtoient trois femmes en niqab qui se baignent. Ecartelé entre tradition, religion et modernité, le Bahreïn trace une voie "plus tolérante, plus ouverte" que son imposant voisin. C'est la raison pour laquelle, estime ce patron chinois de restaurant, les jeunes Saoudiens affluent en masse. Dans son établissement cet après-midi là, ils sont six, deux filles et quatre garçons. Les bouteilles de rouge défilent, les cigarettes s'échangent entre deux embrassades. Ces respirations culturelles et sociétales en feraient presque oublier que le Bahreïn est en guerre au Yémen, au sein de la coalition du GCC (Conseil de Coopération du Golfe) pour combattre les rebelles chiites houthis.

 

 

Aucun signe apparent en ville de cet engagement militaire auprès du grand frère saoudien, venu ici mâter la rébellion chiite en février 2011. Seul un hélicoptère fend le silence. "Un hélico ? C'est qu'il y a une manifestation pas loin..." Dans sa maison cosy du "quartier des diplomates", Sayid Hadi Al-Mosawi se trompe rarement sur le sujet. Depuis le printemps arabe, les manifestations se succèdent pour dénoncer les emprisonnements arbitraires, les procès expéditifs du régime autoritaire sunnite. Cet ancien ingénieurs télécoms, opposant au régime, a été arrêté à trois reprises durant les années 80, torturé, dit-il, par Adel Flaifel, colonel de sinistre réputation : "La tête en bas, les pieds en l'air", mime-t-il.

 

 



06/04/2015
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