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L'AIR DU TEMPS

La tribune du dimanche 18 janvier 2015

 

 

 

ECONOMIE – « Il faut rétablir l’Etat providence ». Entretien avec l’économiste américain James Galbraith. Le monde entre dans une phase de croissance lente, qui nous oblige à revoir nos schémas, affirme l’économiste américain James K. Galbraith, auteur de « La Grande crise » publié au Seuil

 

 

 

Pourquoi écrire que le peuple grec a raison de se révolter ?

 

Parce qu'il est victime d'une politique punitive de la part des pays créditeurs de l'eurozone. Les mesures demandées à la Grèce, surtout les privations et la libéralisation de l'économie, ne sont pas motivées par la science économique, mais par des considérations de politique intérieure de l'Allemagne, surtout, et aussi de la France, et par l'idéologie de la classe bancaire.

 

 

 

L'Europe craint une révolte prenant le nom de Syriza...

 

L'Europe a plutôt de la chance qu'il y ait Syriza en Grèce, un mouvement de gauche, mais européen. L'Europe doit donc écouter ce que va dire l'électorat grec.

 

 

 

François Hollande peut-il affirmer, comme il le fait, avoir "réorienté l'Europe" vers plus de croissance ?

 

On entend des changements rhétoriques, et c'est un progrès, mais à bon marché, car derrière, il y a peu de réalité. Le plan Juncker, c'est juste susciter des investissements privés avec un tout petit peu de fonds publics, ce qui n'est pas réaliste.

 

 

 

Ces derniers mois sont marqués par la chute brutale des prix du pétrole. Avec quelles conséquences, selon vous ?

 

La faiblesse de la demande mondiale pour toutes les ressources a déclenché un fort mouvement spéculatif jouant sur la baisse des prix. Mais il y aussi les conditions de l'offre, avec le boum du schiste. Il représente un avantage très important pour l'économie américaine. Mais je ne suis pas sûr qu'il en aille pareillement pour l'économie européenne : cela favorise une relance du côté des consommateurs, mais moins importante qu'aux Etats-Unis à cause des taxes sur les produits pétroliers, et la volatilité des prix va peser sur les investissements, et sur les secteurs liés au pétrole.

 

 

 

Selon Jean-François Six (Standard & Poor's), l'effet de l'euro faible est plus important, et plus positif, pour l'économie européenne...

 

Je suis d'accord avec lui.

 

 

 

Nous entrons dans un monde de croissance lente, dites-vous, et cela va nous obliger à revoir nos principes...

 

 

L'après-guerre a vu la construction d'institutions fortes, comme la sécurité sociale, pour protéger les plus vulnérables. Et c'est avec cet Etat providence que nous avons pu compter sur une croissance forte, pour résoudre nos problèmes de chômage, de niveau de vie... Puis on a cru, dans les années 80, que pour conserver la croissance forte, il fallait démanteler les institutions sociales, et c'est ainsi qu'elles ont été affaiblies.

 

 

 

Mais je crois que, dans notre situation qui est à nouveau très difficile, il faut absolument rétablir ces institutions : pour protéger les vulnérables, mais aussi pour soutenir l'économie, par exemple encourager les patrons de PME à prendre des risques. L'Etat providence est bon aussi pour les entreprises privées, car on n'investit pas sur l'avenir quand on craint pour son présent. Recueilli par Francis Brochet

 

 



19/01/2015
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