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L'AIR DU TEMPS

Franceinfo - le vendredi 15 mars 2019

 

 

Grève pour le climat : pourquoi les lycéens français se mobilisent plus tardivement que leurs voisins européens

 

 

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Guillemette JeannotFrance Télévisions

 

 

Partout dans le monde, ce vendredi, collégiens, lycéens et étudiants se mettent en grève pour le climat. La jeunesse internationale s'est ralliée à la lycéenne suédoise Greta Thunberg dans sa lutte contre le réchauffement climatique. Mais en France, le mouvement a mis un peu plus de temps à prendre. On a tenté de comprendre pourquoi

 

 

 

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Des étudiants français défilent à Paris, le 22 février 2019, lors de la Marche pour le climat. (EDOUARD RICHARD / HANS LUCAS)

 

 

 

"Ce n'est pas à nous, les enfants, de faire ça", martèle Greta Thunberg."J'aimerais que ce soit les adultes qui prennent leurs responsabilités, mais comme personne ne fait rien, on n'a pas le choix", explique la jeune lycéenne de 16 ans, au pied de la Statue de la République, dans le 11e arrondissement de Paris. Devenue une icône de la lutte contre le réchauffement climatique depuis son discours à la COP24, en décembre, la Suédoise est venue, vendredi 22 février, soutenir un millier de camarades français mobilisés pour la planète.

 

 

Les jeunes de l'Hexagone n'ont vraiment rallié le mouvement international "Fridays For Future" que la semaine précédente, le 15 février : ils étaient alors quelques centaines, devant le ministère de la Transition écologique, à appeler leurs camarades à rejoindre les grèves scolaires organisées dans de nombreux pays. Greta Thunberg, elle, a commencé dès la rentrée scolaire, au mois d'août, à manifester devant le Parlement suédois. En Australie, le mouvement a pris dès le 30 novembre, avec des milliers de jeunes, selon le Guardian (article en anglais)En Allemagne dès le 14 décembre ; en Suisse, le 21 décembre. Ou encore le 10 janvier en Belgique, avec près de 3 000 jeunes dans la rue.

 

 

 

Le déclic du 22 février

Vendredi 15 mars, dans 105 pays et 1 659 villes, selon le décompte de Greta Thunberg sur Twitter, collégiens, lycéens et étudiants ont prévu de marcher pour dénoncer l'inaction des politiques face au réchauffement climatique. En France aussi donc, même si, de l'aveu même de plusieurs représentants du mouvement français, contactés par franceinfo, le réveil a été effectivement plus tardif dans l'Hexagone. D'après eux, le véritable déclic a eu lieu le 22 février, avec le passage de Greta Thunberg à Paris. "Après son discours, la jeunesse s'est vraiment mobilisée", assure Paul-Emile, 22 ans, de Youth for Climate Lyon, mobilisé depuis trois semaines.

 

 

Pourquoi un tel décalage ? "Les 'gilets jaunes' ont fortement occupé l'espace médiatique ces derniers temps", avance Hugo, de Youth for Climate France. Mais cet étudiant de 20 ans met en avant d'autres raisons. Il raconte par exemple avoir échangé, ce fameux vendredi 22 février, avec des jeunes venus de Belgique. "Les profs, là-bas, sont beaucoup plus impliqués", affirme-t-il, regrettant une trop faible mobilisation des enseignants en France. "Pas mal de jeunes me demandent comment s'organiser car ils n'ont aucun adulte autour d'eux pour les aider. Les profs dans les lycées ici sont bien moins impliqués."

 

 

 

Des lycéens "partis de loin"

"Les jeunes Français sont partis de loin, abonde le sociologue Michel Fize. Ils ont du mérite dans leur prise de conscience car l'école ne leur apporte pas les moyens de cette réflexion." Ce spécialiste de la jeunesse pointe du doigt les différences du modèle éducatif français par rapport à celui de nos voisins. A commencer par la Belgique, pays moins enfermé dans un système d'examens et où le baccalauréat n'existe pas, laissant "les professeurs plus libres dans leur façon d'enseigner". Quant au modèle allemand, où l'enseignement est scindé entre cours le matin et sport et culture l'après-midi, il amène selon lui à une plus grande ouverture sur le monde.

 

 

En France, on est dans un savoir académique, on échappe aux grandes questions de société. Les élèves ne sont pas assez sensibilisés à ce type de problématiques sociétales. Contrairement à des jeunes comme Greta Thunberg, qui ont développé une conscience plus aiguë, voire politique, de ces questions environnementales.Michel Fize, sociologue à franceinfo

 

 

Pourtant dès 1977, une circulaire a permis à l'éducation au développement durable de faire son entrée dans les écoles, rappelle le ministère de l'Education nationale sur son site. Aujourd'hui, du CM1 jusqu'à la terminale, les questions du changement climatique sont évoquées en cours de géographie, de sciences et technologie et de sciences de la vie et de la Terre. A la rentrée 2019, ce sera également le cas dans le nouvel enseignement "sciences numériques et technologie" et dans le programme d'enseignement scientifique. Et depuis 2014, une "semaine du climat à l'école" est organisée chaque deuxième semaine d'octobre.

 

 

Trop peu face à l'ampleur du problème ? En amont de la "grève mondiale" du vendredi 15, Jean-Michel Blanquer a annoncé la tenue, ce jour-là, de débats sur l'environnement "dans tous les lycées de France", de 16 à 18 heures. "Il s'agit de manifester l'importance de ce sujet" et de "travailler à des choses concrètes que l'on peut proposer pour que les lycéens eux-mêmes s'engagent", a expliqué le ministère de l'Education nationale. La question climatique est "une urgence qui nécessite plus qu'un petit débat sur l'écologie", a réagi le syndicat enseignant SNES-FSU dans un communiqué de presse"Deux heures c'est limite, abonde Hugo. C'est un sujet extrêmement important et l'organiser en cinq jours, ce n'est pas sérieux. Il devrait même être instauré de façon régulière et devenir un socle."

 

 

 

"On sent l'effervescence qui monte"

La jeunesse, mobilisée, est déterminée à se faire entendre. "Nous les jeunes, sommes les premiers concernés par le réchauffement climatique, la disparition des espèces, explique Paul-Emile. C'est notre avenir qui est en jeu." Comme ses camarades, il attend du gouvernement que des décisions soient prises pour ralentir au maximum les dérèglements climatiques, dénonçant le non-respect des accords de Paris.

 

 

C'est fou, à chaque réunion il y a des nouvelles personnes. Tout le monde a entendu parler du dérèglement climatique. On se pose tous la question de comment on va gérer les réfugiés climatiques, les guerres économiques liées au climat.Paul-Emile, 22 ans, de Youth for Climate Lyon à franceinfo

 

 

La branche française du mouvement mondial "Youth For Climate" a recensé 197 grèves scolaires prévues partout dans le pays pour le 15 mars. "On sent l'effervescence qui monte quant à la préparation de cette journée. Sur les réseaux sociaux, tout le monde s'active. C'est très excitant de voir toutes ces bonnes intentions", affirme Hugo. Pour ces représentants du mouvement français, ce 15 mars n'est qu'un point de départ. "La jeunesse a conscience que son avenir se joue là, maintenant, déclare Paul-Emile, confiant. Après ce sera tous les vendredis."

 



16/03/2019
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